On a vu à l’Opéra de Marseille – « La reine de Saba », pompe et romantisme de Charles Gounod

Publié le 23 octobre 2019 à  21h18 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h23

Les artisans de cette production au moment des saluts mardi soir. (Photo Christian Dresse)
Les artisans de cette production au moment des saluts mardi soir. (Photo Christian Dresse)
Il a composé «Faust» et «Mireille», mais il a aussi écrit la partition de «La reine de Saba» d’après un roman de Gérard de Nerval. Dans les années 1850, l’orientalisme est au goût du jour, de même que les voyages en terre inconnue. Alors, pour redorer son blason un peu terni de compositeur, Charles Gounod s’empare de l’histoire de la reine de Saba, promise à Salomon, mais qui tombe amoureuse de l’architecte qui construit le palais du roi d’Israël. L’amour ne durera pas longtemps puisque Adoniram, l’architecte, sera poignardé par trois ouvriers qui veulent devenir «maîtres». Au grand dam de Balkis, la reine de Saba. Sur un livret témoignant du style de l’époque, désuet aujourd’hui, Gounod installe une musique qui alterne grands élans «pompiers» emplis de cuivres avec de délicieux moments romantiques. Une partition parfaitement servie par l’orchestre de l’Opéra, placé sous la baguette de Victorien Vanoosten, et dont les couleurs conviennent parfaitement à ce style d’œuvres. On aurait aimé, cependant, que le directeur musical nuance parfois la puissance de son ensemble qui, situé sur scène entre le chœur et les solistes, jouait parfois un peu fort. Quelques grands chœurs parsèment la partition et les troupes d’Emmanuel Trenque en ont profité pour se faire plaisir. Donné en version concertante, l’opéra de Gounod était servi par une solide distribution concoctée par Maurice Xiberras, le directeur de la maison lyrique. A commencer par Karine Deshayes, dans le rôle-titre, qui s’est parfaitement sortie des difficultés de la partition. Voix puissante et chaude, directe et sensible, la mezzo a donné toute sa noblesse à la reine de Saba. L’architecte transit, Adoniram, avait la voix de Jean-Pierre Furlan. Ténor rigoureux, il a dû puiser parfois dans ses réserves pour tenir la partition. Salomon, baptisé Soliman dans cette œuvre, était chanté par Nicolas Courjal. On sait combien il excelle dans ces rôles où sa voix de basse, à la large tessiture, lui permet de faire valoir ses graves et ses aigus tout en donnant de la chair à son chant. Une qui a aussi donné de la chair à son personnage, Bénoni, c’est Marie-Ange Todorovitch. Totalement impliquée, elle a certes chanté avec son mezzo profond, mais elle a aussi «joué» avec le regard et les attitudes. Les trois ouvriers, Amrou, Phanor et Méthousaël, avaient les voix d’Eric Huchet, Régis Mengus et Jérôme Boutillier. Un trio sur une même longueur d’onde, avec une belle présence vocale, sans failles, et des regards qui ont fait regretter que la pièce ne soit pas mise en scène. Cécile Galois, Sarahil et Eric Martin-Bonnet, Sadoc, ont parfaitement complété la distribution. Pour la première représentation, donnée mardi soir, l’opéra n’avait pas fait le plein. Mais les applaudissements étaient chaleureux et nombreux aux saluts. Quoi qu’il en soit, une chose est certaine, la découverte vaut le déplacement…
Michel EGEA
Autres représentations les 25 et 30 octobre à 20 heures et le 27 octobre à 14h30. Réservations au 04 91 55 11 10 ou sur opera.marseille.fr

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