On a vu à la Roque d’Anthéron : Andrei Korobeinikov dans un programme Beethoven

Publié le 29 juillet 2015 à  16h12 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  19h30

Andrei Korobeinikov ce 28 juillet à la Roque d'Anthéron (Photo C. Gremiot)
Andrei Korobeinikov ce 28 juillet à la Roque d’Anthéron (Photo C. Gremiot)

Né en 1986 à Moscou le pianiste Andrei Korobeinikov est un phénomène. Bachelier à 12 ans et demi, avocat à 17 ans, choisissant non pas le droit mais la musique -pour faire plaisir à sa maman qui l’a élevé avec courage à l’intérieur d’un petit studio-, diplômé du Conservatoire de Moscou à 19 ans, obtenant en l’occurrence la distinction de «Meilleur musicien de la décennie», ce surdoué en tout -il parle un nombre incalculable de langues, connaît tout d’un compositeur avant d’aborder son œuvre, lisant pour cela des dizaines d’ouvrages- est un spécialiste de Scriabine et Chostakovitch. Il a enregistré d’ailleurs enregistré plusieurs albums pour le label Mirare fondé par René Martin, le directeur artistique du Festival international de piano de La Roque d’Anthéron. Pourtant c’est un programme Beethoven que Korobeinikov a choisi d’interpréter ce mardi soir dans le Parc Florans de La Roque. Un compositeur que le pianiste aborde avec beaucoup d’intelligence. Trop peut-être ! D’une manière très cérébrale en tout cas, insistant sur une vision analytique au détriment de l’émotion. Il faut dire que les œuvres choisies sont assez rudes. L’Hammerklavier tout d’abord, cette 29e sonate aux quatre mouvements, sommet Beethovénien, dont les ruptures demeurent des pièges tendus au pianiste. La dextérité, la virtuosité, l’élégance sont là. Korobeinikov enchaîne sans difficultés. Il péche cependant dans l’intention poétique, domaine où il réussit si bien chez Scribiane. Tout en étant magnifique d’autorité. Après l’entracte, Korobeinikov se lance dans les « 33 variations Diabelli » de ce même Beethoven. Une autre montagne de la musique jouée sans faillir, sans partition là-encore, et avec force, (la performance est à la fois intellectuelle et physique), mais sans grande émotion non plus. Il manque alors au concert cette magie indicible qui apporterait un supplément d’âme. Un beau voyage musical cependant exigeant et loin de toutes facilités, conclu en dernier rappel par le troisième mouvement (splendide Allegretto) de la Sonate «Tempête» la numéro 17 que Korobeinikov a gravé sur CD donnée ici avec des accents à la Richter. Applaudissements nourris et ce n’est que justice !
Jean-Rémi BARLAND
Plus d’info et réservation: festival-piano.com

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