On a vu au GTP d’Aix le « Junge Deutsche Philharmonie » transcendé par son chef Jonathan Nott

Publié le 19 septembre 2016 à  9h52 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  15h36

Le Junge Deutsche Philharmonie s'est produit au GTP d'Aix-en-Provence ( ©Achim Reissner)
Le Junge Deutsche Philharmonie s’est produit au GTP d’Aix-en-Provence ( ©Achim Reissner)

Saluons d’abord l’excellence de cet orchestre réunissant les meilleurs étudiants issus de conservatoires germaniques. En effet, malgré la jeunesse de ses musiciens le «Junge Deutsche Philharmonie» n’a rien à envier à ses brillants aînés. Précision, intelligence du jeu, audace d’exécution, volonté de sortir des sentiers battus, nous voilà en présence d’une formation au style flamboyant tenue en permanence au faîte de son art par une fréquentation assidue de grands chefs comme Goodwin, Norrington, Christophe Rousset ou de grands solistes tels que Renaud Capuçon, Sol Gabetta, Christian Tetzlaff, Sergueï Khachatrian. En cette soirée du Grand Théâtre de Provence (GTP) c’est le Britannique Jonathan Nott qui était au pupitre. Là encore magie des sons, profondeur des intentions, travail précis, pour un concert au niveau artistique exceptionnel. Applaudissons en second lieu l’originalité du programme, ce qui demeure une constante dans cette formation privilégiant le mélange des genres, et aussi à l’aise dans la musique contemporaine que baroque. Au départ une Symphonie n° 44 de Haydn dégraissée de décorum et autres fioritures. Enlevée l’interprétation rend la profondeur parfois grave de l’œuvre. Mais le meilleur est à venir ensuite avec le Concerto pour violon de Ligeti qui fait partie de ces œuvres dont on se surprend à penser qu’elles sont plus faites pour être vues qu’écoutées chez soi. Et en l’occurrence la gestuelle et le jeu du violoniste finlandais Pekka Kuusisto valait le déplacement. En espadrilles, bougeant, vibrant aux nuances de la partition, le soliste fait le show. Mais pas que ! Porté par un Jonathan Nott en état de grâce il donne à entendre un concerto complexe rendu lumineux, et inquiétant par la manière dont le violon et l’orchestre font sonner les notes. C’est beau, ça paraît abordable et ça rend Ligeti accessible de manière presque inattendue. Après l’entracte une Symphonie n°3 vraiment «héroïque» conclut ce programme ô combien varié et intelligent, donné avec enthousiasme et une évidente volonté d’unifier ces trois œuvres très éloignées l’une de l’autre qui témoignent de la curiosité de ce magnifique orchestre de jeunes au son répétons-le absolument magique.
Jean-Rémi BARLAND

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