On a vu au Grand Théâtre de Provence un accord parfait entre le piano de Bertrand Chamayou et l’orchestre de Philippe Herreweghe

Publié le 21 novembre 2016 à  19h41 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  15h42

Le chef Philippe Herreweghe à la tête de l’Orchestre des Champs-Élysées (Photo D.R.)
Le chef Philippe Herreweghe à la tête de l’Orchestre des Champs-Élysées (Photo D.R.)

Un concert classique réussi entre un instrumentiste et un orchestre tient bien sûr de l’alchimie provoquée par les uns et les autres. Ce fut le cas, ce samedi soir, au Grand Théâtre de Provence (GTP) où le pianiste Bertrand Chamayou et le chef Philippe Herreweghe à la tête de l’Orchestre des Champs-Élysées se sont répondus dans une harmonie complète. Ces deux artistes exigeants et élégants ont d’ailleurs tout pour s’entendre, à commencer par une défense rigoureuse non de leur statut mais de la partition dont ils servent les intérêts avec une certaine forme d’humilité n’excluant pas faste et panache. De Philippe Herreweghe on a aimé son enregistrement des Requiem de Dvorak et Mozart, ainsi que celui des symphonies de Beethoven. Bertrand Chamayou demeure à nos yeux l’excellent interprète de Schubert, Ravel, et de nombre de musiciens contemporains. Leur entente ne pouvait qu’être totale. Elle le fut…dans une salle archicomble, enthousiaste, saluant cette prise de risque que constitua le fait de jouer le concerto pour piano et orchestre n° 5 de Beethoven (œuvre créée en 1811) sur un instrument d’époque datant de 1815. Le souci venant de ne pas voir l’orchestre couvrir le son du piano. Aucun danger le chef demeurant attentif à souligner toutes les nuances du Concerto. Chamayou au sommet de son art, plus beethovénien que jamais tirant l’œuvre vers une version universelle, moins germanique qu’humaniste, et toujours solaire. Au pupitre le chef soigne les attaques n’alourdit jamais le discours, le rend fluide. Et l’aspect piano forte se trouvant gommé par la force du jeu. Après l’entracte une symphonie n°7 de Beethoven comme on en entend rarement, pénétrée des tourments intérieurs du compositeur, plus sombre que les versions de Furtwängler, Karajan ou Rattle, plus épique aussi, plus épurée également, provoquant chez le spectateur le sentiment de l’entendre pour la première fois. Une soirée magique conclue par un rappel construit sur le 1er mouvement de la Pastorale. Beethoven, encore et toujours. Le bonheur sonne toujours deux fois.
Jean-Rémi BARLAND

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