Ordre régional des pharmaciens en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Stéphane Pichon : « Où et quand les grandes enseignes des grandes surfaces ont-elles acheté les masques ? »

Publié le 30 avril 2020 à  20h46 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  11h16

Stéphane Pichon, le président de l’Ordre régional des pharmaciens en Provence-Alpes-Côte d’Azur, épuisé et sous tension dans sa pharmacie du 12e arrondissement à Marseille, a lancé ce jeudi 30 avril un coup de gueule sur un sujet déjà polémique qui pourrait devenir un scandale d’État si les faits s’avéraient être de jour en jour vérifiés: les masques.

Stéphane Pichon, le président de l’Ordre régional des pharmaciens en Provence-Alpes-Côte d’Azur  (Photo D.R.)
Stéphane Pichon, le président de l’Ordre régional des pharmaciens en Provence-Alpes-Côte d’Azur (Photo D.R.)

«Mais qui parlera du scandale des masques chirurgicaux ! », commence Stéphane Pichon sur sa page Facebook, qu’il nous a permis ce jeudi 30 avril de retranscrire, avant de parler à Destimed plus longuement dans les prochains jours. «Aujourd’hui le voile se lève sur une honte ! (…) La grande distribution se pavane sur les chaînes de télévision en annonçant des centaines de millions de masques disponibles dès le 4 mai. Mais, d’où viennent t-il ? De France semble-t-il…» «Nous soignants, poursuit-il, étions obligés de compter à l’unité près les masques : 6 FFP2 et 12 chirurgicaux pour les pharmaciens au contact quotidien avec les patients potentiellement atteints, 6 FFP2 par semaine pour les médecins, infirmières, 2 pour les kinés. Nous attendions notre dotation tous les jours pour aller travailler. Obligés de rendre compte à l’ARS au masque près. Combien d’entre nous ont été contaminés, fatigués ou empêchés de travailler par manque de masques ! Combien de fois avons-nous été contraints de refuser des masques aux patients en chimio, aux malades chroniques alors que le stock était là en France, des centaines de millions pillés au détriment de la santé publique. Dans les starting-blocks, les grandes enseignes des grandes surfaces du pays avaient fait leur marché entraînant une pénurie car nous professionnels de santé n’arrivions pas à obtenir ces sésames pour travailler en toute sécurité. Combien de médecins tombés malades, d’infirmières, de pharmaciens, de préparateurs en pharmacie (que l’État avait oublié du reste), de kinésithérapeutes obligés de fermer, de chirurgiens-dentistes à l’agonie, nos masques étaient contingentés, réutilisés, nos patients en étaient privés, et pendant ce temps et avec quel concours ces vendeurs pouvaient stocker, se procurer ce dont nous rêvions tous. Des centaines de millions de masques ? Où étaient les services des Douanes sensés réquisitionnés ? C’est hallucinant… Il a fallu organiser des cagnottes, des réquisitions, acheter au prix fort à des importateurs des masques (…) avec des avions protégés comme des coffres-forts, et la grande distribution annonce des prix inférieurs ! Quand les ont-ils achetés? Pendant que l’État faisait des réquisitions. Où les ont-ils achetés ? Pendant que les Hôpitaux n’en avaient pas. Et que nous pharmaciens étions obligés de refuser à nos patients, ceux que nous côtoyons chaque jour, que nous aimons, que nous voyons souffrir, étions obligés de leur refuser des masques . Il y a un énorme problème éthique sur ce dossier, j’espère que les journalistes vont s’en saisir car des millions de masques bloqués alors que la santé en avait besoin cela doit interpeller.
B.A.

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