Paca: Renaud Muselier, un président « européen, français et irrémédiablement provençal, alpin et azuréen »

Publié le 30 mai 2017 à  9h55 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  16h07

Christian Estrosi remet l'écharpe de président de Provence-Alpes-Côte d'Azur à Renaud Muselier qui vient d'être élu à l'unanimité des votants (Photo Robert Poulain)
Christian Estrosi remet l’écharpe de président de Provence-Alpes-Côte d’Azur à Renaud Muselier qui vient d’être élu à l’unanimité des votants (Photo Robert Poulain)
Applaudissements nourris dans l'Hémicycle pour l'élection du nouveau président de Paca (Photo Robert Poulain)
Applaudissements nourris dans l’Hémicycle pour l’élection du nouveau président de Paca (Photo Robert Poulain)

«Je serai un Président résolument européen car pacifiste, fondamentalement français car patriote et irrémédiablement provençal, alpin et azuréen car ce sont nos racines, notre vie et notre avenir», déclare Renaud Muselier LR au terme d’une élection qui n’a pas laissé la moindre place au suspens. Il succède ainsi à Christian Estrosi LR qui devient son président délégué… poste qu’il a occupé précédemment. Il n’y a donc pas eu de couac dans ce jeu de chaise musicale. Si ce n’est lors de l’intervention d’Olivier Bettati, pour le FN, qui, en agressant Christian Estrosi et en préservant le nouveau président a tenté de semer la zizanie. Peine perdue, Renaud Muselier lui demandera de cesser cette stratégie pour « tenter de nous diviser». «Essayons, poursuit-il, de ne plus avoir d’attaques de personne avec derrière des gloussements de plaisir». Un message qu’il avait déjà fait passer dans son discours: «Demain, comme depuis 18 mois, toutes les sensibilités de notre majorité seront écoutées, respectées et entendues. Et je dis à mon opposition (le FN ndlr), dans cet hémicycle, je souhaite des débats apaisés, respectueux du mandat confié par nos électeurs, à la hauteur des enjeux immenses qui sont devant nous et de l’attente de nos concitoyens». Et, s’il souhaite bonne chance à tous les candidats aux législatives présents dans l’hémicycle il ne manque pas de préciser: «Cela ne surprendra personne, en homme de droite, je ferai campagne aux côtés des candidats de ma famille politique. Et j’en profite pour dire à l’insoumis en chef, Jean-Luc Mélenchon qu’ici à Marseille, ce qui nous intéresse ce sont les Marseillais. Représenter les Marseillais à Paris c’est surprenant quand on est de nulle part. Cette technique est hors d’âge issu d’un système qu’il prétend combattre». De s’adresser à Christian Estrosi afin de bien signaler qu’il n’est point question d’une rupture dans l’action entreprise: «Dans le mandat que vous venez de me confier et au cours duquel tu seras à mes côtés en tant que Président délégué comme j’étais aux tiens, nous finirons de tenir les engagements pris et nous les pérenniserons dans le temps».

«Cette charge m’honore et elle m’oblige»

Et de lancer, concernant sa nouvelle fonction: «Cette charge m’honore et elle m’oblige car je suis désormais, le seul garant du pacte républicain. Il y a de cela 18 mois, nous avons passé un pacte moral avec les 5 millions d’habitants de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Ce pacte, je ne l’oublierai jamais. Il est et restera toujours ma boussole.». Dans ce cadre il avance: «De nos territoires ruraux à nos métropoles qui font face à la concurrence européenne et mondiale, en passant par les territoires périurbains qui ont trop souvent été sacrifiés, personne ne sera oublié. Nous répondrons aux attentes de tous en étant attentifs aux spécificités de chacun. C’est la raison pour laquelle, je ferai aussi de notre Région la collectivité de la proximité et du rayonnement». Puis de présenter sa feuille de route en trois points: obtenir des résultats concrets sur 3 ans «avec une vision sur 20 ans, nous devons avoir la culture du résultat, c’est mon ADN politique, nous devons imaginer comment et où nous vivrons dans un quart de siècle». «Aujourd’hui, ajoute-t-il, qui peut comprendre le rôle de la Région alors que la loi qui devait clarifier les missions, l’a rendue parfaitement illisible ? SRDEII, SRDT, SRADETT, CPR-DEFOP, SRESRI, PRMSE… Eh bien je vous le dis, nous allons passer du règne des acronymes à celui de la clarté».

«Nous avons besoin d’une France forte dans une Europe forte»

Il en vient à l’Europe: «Les Français ont élu un Président de la République ouvertement européen. Nous devons nous rassembler pour qu’il réussisse à réformer la France et à relancer l’Europe. Nous avons besoin d’une France forte dans une Europe forte. Vous le savez, j’aime l’Europe non pas par idéologie ou par dogmatisme. Mais parce que l’Europe est une chance pour la France. Elle nous a apporté la paix et elle doit retrouver son idéal pour être de nouveau comprise par les peuples». Rappelle que : «sur l’ensemble de la mandature, l’Europe aura investi plus de 2 milliards d’euros, soit une année de budget supplémentaire, dont plus de 500 millions pour la seule année 2016. Malgré cela, je ne suis pas un Eurobéat car oui, il faut réformer l’Europe en profondeur. Mais je ne rejoindrai jamais ceux qui, par lâcheté, se cachent derrière l’Europe pour masquer leur propre incohérence, leur propre inconséquence».
Mais sa vision ne s’arrête pas à l’Europe «Je veux que notre institution se tourne vers ce que le général de Gaulle appelait l’ »Orient compliqué » en développant nos relations internationales auprès des pays du Golfe et de la Méditerranée. Nous parlerons avec tout le monde et nous redeviendrons le trait d’union entre les six rives de la Méditerranée. Nous avons tous les atouts, géographiques, culturels, économiques pour être aux avant poste d’une politique internationale ambitieuse et stabilisatrice. Nous serons le timonier d’une nouvelle diplomatie économique mais également politique, culturelle et environnementale pour encourager et sécuriser l’implantation de nos entreprises et la conquête de nouveaux marchés mais aussi pour favoriser leurs exportations».

«Nous sommes dépositaires d’un héritage riche de plusieurs millénaires»

A ses yeux: «Nous sommes dépositaires d’un héritage riche de plusieurs millénaires où le concept fût grec, le droit fût romain, la magnificence fût byzantine, la puissance ottomane, l’harmonie italienne, la rébellion catalane, la liberté française et l’éternité égyptienne».
Renaud Muselier a également profité de l’occasion pour rappeler son action à Marseille: «Toute ma vie politique, j’ai essayé de construire pour préparer l’avenir. Je pense notamment à l’arrivée du tramway et le développement du métro à Marseille pour lesquels je me suis tant battu. A l’implantation des zones franches que j’ai voulues pour dynamiser notre tissu économique faisant reculer le chômage de 6 points sur la ville de Marseille ou encore à la construction d’Euromed que j’ai fondé et présidé pendant 10 ans. Aujourd’hui, c’est incontestablement l’une des plus belles facettes du joyau Marseille. Mais le choix le plus important que j’ai eu à faire en tant que Président du jury du concours architectural du Mucem, fût celui de Rudy Riciotti».
Puis d’afficher son ambition de poursuivre le travail engagé depuis 18 mois, «pour faire de notre région la référence européenne de la préservation de la biodiversité et de l’énergie durable». Il cite à ce propos Iter: «L’énergie du 3e millénaire sera produite ici, dans notre région, et a déjà créé plus de 4 000 emplois». S’il est question de points forts le nouveau président de région n’élude pas les points faibles: «Mais tous doivent aussi être attirés par la qualité de nos logements, de nos infrastructures de
transports durables
».

«La Région soutiendra toutes ses TPE et PME»

Il enchaîne, sur le volet économique: «La Région soutiendra toutes ses TPE et PME en mettant ses moyens et ses services à leur disposition.» Met en exergue qu’elles représentent 95 % du tissu économique et 75 % des créations d’emplois.
«Cette année, indique-t-il, nous faisons un effort considérable pour renforcer notre couverture numérique et devenir la 1ère Smart région d’Europe. Ce sont ainsi plus de 171M€ que nous consacrons au déploiement du haut débit dans nos territoires ruraux». Il se prononce également pour une simplification des outils mis en place «pour les rendre toujours plus opérants». Il évoque notamment le fonds d’investissement régional «qui nous permettra désormais d’accompagner directement les artisans et commerçants dans l’acquisition de machines nécessaires à leur activité.» Il parle également d’un Région aux côtés de «nos agriculteurs». «Et nous mobiliserons des fonds européens pour compléter les aides de la Région si besoin. C’est cela être un Président européen et à l’écoute des entrepreneurs», assure-t-il. Il évoque également la culture et son ambition de créer, dès l’année prochaine, «le label de capitale régionale de la culture».
Puis de s’adresser aux fonctionnaires de la Région: «Je veux dire aux 6 000 agents de notre collectivité qu’ils doivent être fiers de servir une grande institution comme la nôtre. Institution dont je veux faire un lieu de bien-être au travail». Puis d’affirmer: «aujourd’hui je veux aussi m’adresser aux insoumis, aux patriotes, aux marcheurs, aux révoltés, aux résignés, aux oubliés et à ceux qui ont renoncé, j’entends vos angoisses, je peux les comprendre et je m’efforcerai d’apporter des solutions adaptées.» Le nouveau président de la Région conclura son intervention en délivrant «ces quelques mots de Paul Bourget qui ont préfacé ma thèse de médecine : « il faut vivre comme on pense, sinon tôt ou tard, on finit par penser comme on vit »»…
Michel CAIRE

Ils ont dit

Christian Estrosi, Président LR délégué de Paca
Christian Estrosi, qui a démissionné de la présidence de la Région le 8 mai afin de remettre son écharpe de maire de Nice annonce que «jusqu’à la fin de ce mandat je resterai parmi vous. Et à ta demande Renaud , je serai à tes côtés comme Président délégué». Il assène en direction de «ceux qui parlent de trahison, ceux qui parlent de désertion», «ils feraient bien de mieux peser leurs mots. Un mot, c’est léger comme un boomerang, et comme un boomerang, cela peut vous revenir en pleine figure.» Rappelle qu’il a combattu le FN. «J’ai combattu le grand-père et la petite-fille dans cet hémicycle, la fille pendant cette élection présidentielle. Ce combat, je le poursuivrai toute ma vie parce que c’est le combat pour les valeurs que j’ai choisies.» Il souhaite également remercier la région Paca «pour sa présence aux côtés de Nice depuis le 14 juillet. Ce qui a été d’un grand réconfort pour les Niçois.» Mais, poursuit-il avec émotion : «La blessure saigne toujours, et j’ignore pour combien de temps encore. Alors, je crois être utile en étant auprès des Niçois… »
Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement
Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement, candidat aux législatives dans les Alpes-de-Haute-Provence est présent dans l’hémicycle pour l’élection de Renaud Muselier. «Ma présence, explique-t-il est amicale et symbolique. Amicale car j’ai des liens personnels que j’assume avec le nouveau président de Région et symbolique car, voilà 15 mois, je me retirais avec ma liste pour empêcher l’élection du FN et je ne le regrette pas». Puis de rappeler la volonté du Président de la République d’élargir sa majorité à Droite et à Gauche: «Il y a des personnes, au sein de LR qui ne se retrouvent pas dans la dérive droitière de ce parti et je pense qu’ils seront nombreux à nous rejoindre après les législatives mais là n’est pas l’objet de ma présence aujourd’hui…
Jean-Luc Chauvin, président de la CCI Marseille-Provence
Je retiens de cette plénière que même si les rôles ont changé, le tandem Estrosi-Muselier va poursuivre son action. Renaud Muselier a eu des propos importants sur l’économie notamment lorsqu’il a signifié vouloir rapprocher les entrepreneurs, les artisans, les agriculteurs. J’ai retenu ses ambitions européenne et méditerranéenne. Et je dois dire que j’ai particulièrement apprécié sa volonté de passer du règne des acronymes à celui de la clarté. Il est dans la vraie vie et je n’ignore pas, en plus, que c’est un vrai entrepreneur.
M.C.

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