Parvis du protestantisme à Marseille : Monseigneur Aveline insiste sur l’importance d’être à contre-courant des pensées dominantes

Publié le 25 mars 2014 à  17h44 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  17h46

Monseigneur Jean-Marc Aveline accueilli au parvis du protestantisme (Photo Philippe Maillé)
Monseigneur Jean-Marc Aveline accueilli au parvis du protestantisme (Photo Philippe Maillé)
C’est l’évêque auxiliaire de Marseille, Monseigneur Jean-Marc Aveline, que le Parvis du protestantisme vient d’accueillir. Occasion pour celui qui, ordonné en janvier se dit en stage jusqu’à cet été, d’effectuer sa première sortie publique. Une rencontre lors de laquelle il évoquera son parcours, sa vision de l’Église à Marseille, le dialogue interreligieux… devant un public curieux de découvrir cette fonction qui n’existe pas dans le protestantisme. Il évoquera également le Pape François, son action, après la minute théologique de la Pasteure Silvia Ill-Kempkes entièrement tournée vers l’Évêque de Rome. Elle avoue : «Moi aussi je suis tombée sous le charme du successeur de Pierre ».
Monseigneur Aveline est un marseillais de longue date. Il relate à grands traits son histoire, ces tranches de vie qui l’ont construit, ont fait de lui un intellectuel, un homme de la Méditerranée, du dialogue intercultuel et interculturel.

« Une époque où, pour trouver du travail, on migrait du Nord vers le Sud »

Il est né en Algérie, «dans une famille qui n’avait rien de colons mais qui était venue s’installer voilà plusieurs générations, à une époque où, pour trouver du travail, on migrait du Nord vers le Sud ».
C’est en 1966 qu’enfant, il arrive à Marseille. Il effectue ses études notamment à Victor Hugo puis à Thiers. C’est là qu’il décide d’entrer au séminaire «j’ai passé deux magnifiques années en Avignon puis c’est le service militaire et le retour à Marseille. Le cardinal Etchegaray décide de m’envoyer à Paris poursuivre mes études. Dans le même temps, je suis envoyé en stage à Villejuif où je serais notamment aumônier de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC). Je suis ordonné prêtre en 1984 mais je reste jusqu’en 1986 pour finir mes études». Des études, au cours desquelles, il fera, entre autres, un DEA de philosophie.
Retour à Marseille : «J’avais émis le souhait d’être en poste dans les quartiers Nord. Monseigneur Coffy, est alors archevêque. Il me dit que mon choix est très bon mais qu’il a besoin d’un enseignant au séminaire. Je vais enseigner pendant cinq ans. Puis je vais créer, à la demande de Monseigneur Coffy, un centre de formation théologique à Marseille où l’on travaille sur les questions que posent au christianisme la pluralité des religions à Marseille». A ses yeux : «C’est une nouvelle étape dans mon ministère car, jusque-là, je ne connaissais rien aux religions, ce n’était pas mon objet mais cela me semblait correspondre aux défis de l’Église à Marseille».

« Je me considère dans une phase intermédiaire »

En 2002, Monseigneur Panafieu étant archevêque de Marseille, il crée l’Institut Catholique de la Méditerranée. En 2007, à la demande de Monseigneur Pontier, il devient vicaire général.
Puis il devient Evêque : «Je me considère dans une phase intermédiaire, comme un stagiaire. Je découvre et je me suis donné jusqu’à cet été pour cela. Actuellement, je privilégie les rencontres avec les Marseillais afin de mesurer ce qu’est le christianisme dans cette ville. Les communautés sont ici, pour la plupart, généreuses, accueillantes, mais fragiles». Il explique ainsi avoir rencontré des jeunes à la Timone, qui avaient demandé l’autorisation de placarder des affiches pour annoncer sa venue : «Ils se sont vus opposer un refus aussi bien du doyen que du bureau des associations». Il a rencontré également des jeunes qui veulent créer une structure d’accueil des SDF à la Porte d’Aix, d’autres qui mènent une action en direction des prostituées.

« J’avoue avoir un faible pour François »

Vient alors le moment pour la Pasteure Silvia Ill-Kempkes de prendre la parole pour la minute théologique, un moment fort, avec un éloge fort du Pape François : «Il descend dans la rue, il cherche le dialogue, veille à ce que nul ne soit privé de la grâce de Dieu. Avec son franc-parler, il critique l’économie, source d’injustice». Elle conclut : «J’avoue avoir un faible pour François. En même temps, on ne se refait pas, je pense au sacerdoce, celui de tous les chrétiens selon Luther».
Tandis que Monseigneur Aveline, dans ce dialogue intercultuel, avance : «Ce qui me marque dans le protestantisme c’est la dimension prophétique de l’être chrétien. Et cela impose d’être à contre-courant des pensées dominantes de la société, mais aussi de l’Église».
Puis Monseigneur Aveline d’en venir à l’interreligieux : «Ce défi est très important. Quand on voyage en France et que l’on dit être de Marseille on est écouté attentivement car nous sommes perçu comme un laboratoire. Alors il faut que les liens s’entretiennent entre les diverses religions sur Marseille. Et, dans le dialogue, il y a la chose doctrinale, mais le plus fécond n’est pas là, il est dans l’amitié qui s’est créé entre nous. Et l’amitié, cela s’entretient».

« Si on n’aime pas on n’arrive à rien »

Christian Apothéloz qui anime le débat revient sur le Pape : «Les protestants semblent être plus fans du Pape que les catholiques, qu’en pensez-vous ?». Jean-Marc Aveline répond : « L’Église a besoin d’être secouée de cette façon. Le Pape François ne fait rien d’extraordinaire mais le fait de recentrer son action sur l’agir pastoral a un retentissement considérable. Car, qui dit pastoral dit amour des personnes. Si on n’aime pas on n’arrive à rien. L’attitude papale retient l’attention car, il tient des propos du pasteur qui aime». Et de se souvenir d’avoir rencontré le Pape, à Rome, le 28 novembre 2013, à l’occasion d’une réunion sur l’interreligieux. «Il avait expliqué à cette occasion que le pasteur devait être parfois devant, parfois au milieu et parfois derrière le troupeau car il peut arriver que ce soit ce dernier qui est le meilleur instinct pour trouver le chemin».
Michel CAIRE

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