Présidentielle 2017, les Français et le sablier par Pierre Distinguin

Publié le 7 janvier 2017 à  22h15 - Dernière mise à  jour le 29 novembre 2022 à  12h31

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A moins de 4 mois du premier tour de la présidentielle, chacun va de son pronostic sur les deux prétendants finaux au trône de France. Le sujet bien que majeur et engageant, ne manque pas cette fois ci, de bonnes raisons de ne pas être pris au sérieux :
1/ Les expériences droite/ gauche qui se sont succédé depuis un demi-siècle en France n’ont cessé de trahir les promesses et idéaux lancés dans les campagnes, tandis que les résultats de part et d’autre n’ont jamais été franchement probants.
2/ Les expériences grecques, belges, espagnoles ou même anglaises (post-brexit) confortent l’idée que, quel que soit le type de gouvernement ou de non gouvernement (pour le cas Belge), rien ne change vraiment.
3/ Les pays les plus développés ne peuvent indéfiniment courir après les points de croissance du fait du changement de paradigme écologique, et des effets de la mondialisation, rendant la chaîne argumentaire politique classique, inaudible.
4/ L’élection de Donald Trump à la tête de la première puissance mondiale est bien la preuve que l’on peut aujourd’hui confier le pilotage à un non professionnel de la politique, dés lors que les marges réelles de manœuvre du Président, sont beaucoup plus étroites qu’on le dit.
5/ Le Japon entame sa 3e décennie de déflation /Stagflation mais se maintient 3e puissance économique mondiale, que demander de plus au nouveau gouvernement ?
Ces expériences mises bout à bout procèdent du même processus de décomposition des marqueurs historiques constitutifs de la confiance envers le politique et de la dégradation de son influence. Elles signent certainement la prise de conscience collective de ce que Régis Debray nomme : «L’axiome d’incomplétude, selon lequel, l’homme fait le plein par le vide et n’est comblé que par l’absence».
Lorsque les contenants ne sont pas élastiques quand les contenus abondent, de nouvelles voies d’eaux se créent, ouvrant de nouveaux espaces à défaut de faire exploser le contenant. En politique aujourd’hui comme en mécanique des fluides, lorsque les centres deviennent trop imposants, ils n’impriment plus l’espace, déforment le moule et sollicitent la résistance des extrémités au bénéfice des plus agiles et des plus rapides.
La présidentielle en France en 2017 suinte abondamment sur ses extrémités, d’un excès de trop plein, de trop tard et, de trop étroit. La France fonctionne politiquement comme un SABLIER géant, au milieu duquel s’écoule inlassablement les mêmes idées, les mêmes gabarits, les mêmes ressorts, produisant au contact de la vraie vie un choc anaphylactique, floquant sur ses parois, les particules élémentaires les moins soumises. Las de cette sclérose médiane, les Français pourraient casser leur sablier, et privilégier les espaces latéraux bien plus rapide d’accès, à l’image d’un flux de skieurs progressant devant les télésièges ou de passants se précipitant dans les bouches de métro bondées. Le réflexe de survie prenant le dessus sur l’élément rationnel, l’espoir passe désormais par l’extrémité, l’action prime sur l’arrêt.
Le sablier vous abandonne dans la finitude du contenant quand le télésiège ou le métro vous emporte vers d’autres cieux, terrestres ou célestes.
La présidentielle en France ne se jouera pas sur le milieu de droite ou de gauche mais sur les extrémités à droite et à gauche avec d’un côté Jean Luc Mélenchon et de l’autre Marine Le Pen quoi qu’en disent les médias et les bien-pensants du juste milieu. Soit vous empruntez les autoroutes et suivez scrupuleusement les consignes données sur les grands écrans lumineux, soit vous prenez les routes secondaires, au risque de vous perdre, mais aussi de vous surprendre.
La conquête des extrêmes sur les milieux, n’a à vrai dire rien d’exceptionnel, Jean Luc Mélenchon et Marine Le Pen n’auraient finalement d’extrême, que les rapports qu’ils entretiennent envers le Milieu avec un grand M, celui de Valls, Fillon, ou Macron. Après tout, l’Autriche a bien tracé cette voie en propulsant en finale aux dernières élections, un écologiste et un chef de file du parti nationaliste !
Si les Français retiennent en mai leurs deux leaders extrêmes en finale, crier au loup ne fera qu’accroître l’envie de s’échapper par……les extrémités !

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