Présidentielle: Un premier tour qui marque la fin d’un système politique

Publié le 24 avril 2017 à  9h01 - Dernière mise à  jour le 29 novembre 2022 à  12h30

(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)

Le premier tour de la présidentielle vient d’avoir lieu, au delà du résultat: un second tour -qui opposera Emmanuel Macron à la candidate du FN, Marine Le Pen-, il traduit une véritable explosion de la scène politique française et une condamnation du système des primaires. Un système que tant LR que le PS ont souhaité implanter en France, sur le mode anglo-saxon, pensant ainsi occuper tout l’espace et qui, au contraire ont conduit dans le mur les deux (ex) grands partis français. Une élection qui ne manque pas de traduire une société tiraillée entre peur et espoir. Une peur de l’Autre qui voit le FN, une nouvelle fois, être présent au second tour de la présidentielle, ce n’est que la deuxième fois que le FN y parvient, la première c’était en 2002 avec Jean-Marie Le Pen, qui avait obtenu 16,86 % des voix lors du premier tour, sa fille vient d’en obtenir 21,53% et c’est déjà une habitude, mauvaise. François Fillon, empêtré dans ses affaires, lui qui avait gagné les primaires sur la morale, échoue et s’effondre même sur Marseille où on assiste à une percée particulièrement notable de Jean-Luc Mélenchon. Alors que, Emmanuel Macron s’installe. En terre de Marion Maréchal-Le Pen, Marine Le Pen ne tire pas particulièrement son épingle du jeu sur la cité phocéenne. Un FN qui n’est pas à l’abri d’une explosion après le second tour.
Une Marine Le Pen qui s’avoue populiste en s’affichant comme «la candidate du peuple» et, avant tout «du peuple français» qu’il faudrait «libérer». Elle va même jusqu’à tenter de récupérer l’ennemi historique, le général de Gaulle, une fois passé les bornes il n’y a plus de limite. Puis de présenter Emmanuel Macron comme le candidat «de l’argent roi» et de la «dérégulation».
Face à une politique d’exclusion Emmanuel Macron se révèle comme un candidat qui, incontestablement, traduit une nouvelle façon de faire de la politique et une ambition de rassembler après avoir remercié ses militants: «Vous avez montré que l’espoir de notre pays n’était pas un rêve mais une volonté acharnée et bienveillante». Soulignant: «J’ai entendu les doutes, la colère, les peurs du peuple de France. Sa volonté de changement aussi». «Je souhaite, avance-t-il, devenir votre président. Le président de tout le peuple de France. Le président des patriotes face à la menace des nationalistes. Je veux être un président qui protège, qui aide ceux qui ont moins. Un président qui permette de créer, d’innover, d’entreprendre». Pour lui: «Le défi n’est pas d’aller voter contre. Le défi est d’ouvrir une nouvelle page de notre pays pour que chacun puisse y trouver sa place. Prenez la part du risque qui vous revient pour construire la majorité parlementaire». Autre émergence sur la scène politique, celle de Jean-Luc Mélenchon qui, s’il se montre capable de faire perdurer cette dynamique, peut ressortir renforcé, avec ses alliés communistes, lors des législatives.
En revanche, que va-t-il advenir de LR? François Fillon atteint péniblement les 20% des voix et la troisième place du premier tour. Rien ne fait lien entre ses positions droitières, la présence de « Sens commun » à ses côtés, Sens commun qui aurait eu des places au gouvernement en cas de victoire de François Fillon et qui, au soir du premier tour refuse de prendre position entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Un LR qui devait l’emporter avec Nicolas Sarkozy si ce dernier, au lieu de chercher à gagner la primaire s’est évertué à justifier qu’il avait eu raison lors de la précédente présidentielle. Il a ainsi échoué mais aussi droitisé la campagne au point de faire perdre l’autre candidat qui devait gagner la présidentielle: Alain Juppé. Aujourd’hui la fracture est immense entre une tendance droitière et une aile gaullienne représentée notamment en Paca par Christian Estrosi qui, immédiatement, a appelé à voter Macron avant de considérer, sur les plateaux télé: «Je fais partie de ceux qui, plusieurs fois ont indiqué à François Fillon qu’il devait expliquer à nos électeurs tentés par le FN pourquoi ils devaient y renoncer tant pour des raisons morales qu’économiques. Mais François Fillon s’est trompé de campagne et, en tant que Gaulliste, je suis scandalisé par la position de Sens Commun?». Que dire dans ce champ de ruine de l’UDI qui a vendu son âme au profit d’hypothétiques sièges qui ne sont rien d’autres que des mirages? L’épopée du PS, commencé en 1971, au Congrès d’Epinay et qui avait conduit à la victoire de François Mitterrand puis à l’affaiblissement du PCF, prend fin avec le mandat de François Hollande et les 6,3% de Benoît Hamon. Un effondrement qui donne naissance à « En Marche! » et relance une gauche radicale avec Mélenchon et le PCF en France. Enfin comment ne pas répondre à ceux qui voient en François Hollande le grand stratège de cette élection, voire même le grand manipulateur. Mais s’il était aussi fort que cela pourquoi l’avoir caché pendant cinq ans, pourquoi l’avoir exercé à son détriment? Dans tous les cas, il importe maintenant que le plus grand nombre se mobilise pour faire barrage au FN.
Michel CAIRE

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