Publié le 28 octobre 2016 à  20h15 - DerniÚre mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h45
SpontanĂ©itĂ©, dĂ©contraction, sincĂ©ritĂ© : ce sont les cartes que Nathalie Kosciusko-Morizet a abattues, ce jeudi 27 octobre, Ă Marseille, transformĂ©e pour lâoccasion en Capitale de la primaire. Face aux deux favoris, Alain JuppĂ© et Nicolas Sarkozy, la seule femme Ă briguer lâinvestiture Ă droite a, entre autres, parlĂ© nouvelle Ă©conomie, rĂ©formes et Europe.
«Une droite de progrĂšs» : câest ce quâentend largement incarner Nathalie Kosciusko-Morizet. PrĂ©sente Ă Marseille toute la journĂ©e du 27 octobre, elle a notamment rĂ©pondu Ă lâinvitation de lâassociation Clepsydre, sise Ă Kedge Business School, afin de sâexprimer sur son programme et sa vision de la sociĂ©tĂ© française. Un regard qui se veut donc sous le prisme de la modernitĂ©. De sa perception positive de la primaire, «renonciation du privilĂšge du parti Ă choisir son candidat pour le partager avec les Français», selon ses termes, Ă sa volontĂ© rĂ©formatrice, en passant par son dĂ©sir dâaccompagner les mutations que connaĂźt aujourdâhui lâĂ©conomie française. «Nous sommes en train de vivre une nouvelle transformation sĂ©culaire. Ce nâest pas tant le numĂ©rique tout seul qui change le monde mais, la rencontre entre ce numĂ©rique et tout un mouvement dâĂ©mancipation, portĂ© par des individus en quĂȘte dâautonomie. Aujourdâhui, les Français sont de plus en plus nombreux Ă vouloir crĂ©er leur entreprise, ou tout au moins travailler en tant quâindĂ©pendants. Nous sommes dans une sociĂ©tĂ© qui bouillonne.» Mais le systĂšme, bloquĂ© selon elle, ne permet pas de faire la meilleure place Ă cette nouvelle Ă©conomie. Elle prĂ©conise donc pour inverser la vapeur, la crĂ©ation dâun statut gĂ©nĂ©ral du travailleur indĂ©pendant, ainsi que la refonte du systĂšme de protection sociale.
«LâEurope nâest pas la solution, mais la meilleure façon de la trouver»
Toujours dans cette mĂȘme veine de modernitĂ©, NKM se positionne Ă©galement pour une rĂ©forme constitutionnelle quâelle estime nĂ©cessaire «pour ĂȘtre plus en rĂ©sonance avec le rythme et les aspirations de notre sociĂ©té». Mais aussi pour des rĂ©formes structurelles, notamment dans le domaine du travail. «Je ne pense pas que les Français soient forcĂ©ment retors Ă cela car ils ont Ă©voluĂ© dans leur relation par rapport aux entreprises. La façon dont ils se sont positionnĂ©s dans lâaffaire des pigeons, aux cĂŽtĂ©s des patrons, le prouve. Ce qui ouvre la voieâŠÂ» A condition que ces rĂ©formes fassent sens, appuie-t-elle par ailleurs en Ă©voquant lâexemple de la retraite Ă points, «plus transparente, plus juste. Sâils en comprennent le sens, les Français seront plus favorables Ă la grande rĂ©forme refondatrice quâaux petites.»
Revenant sur le diffĂ©rentiel de charges qui existe entre la France et lâAllemagne, de lâordre de 100 Mds dâeuros, NKM propose de rĂ©injecter cette somme en direction des entreprises via une baisse dâimpĂŽts et de charges. En un mot, «se rĂ©former tout en mettant du fioul dans lâĂ©conomie. Ce quâavait fait Schroeder en 2003, puisquâil avait engagĂ© une rĂ©forme du travail tout en baissant les impĂŽts et les charges». Tout ceci enfin, en gardant une optique pro-europĂ©enne : «La reconstruction de lâEurope passera par de grands projets. Notamment dans le domaine du numĂ©rique, de la politique migratoire et de la lutte contre le terrorisme. On ne rĂ©soudra aucune de ces questions sans elle. Lorsque l’on a mis en place, il y a quelques annĂ©es, la politique agricole commune, câĂ©tait Ă lâĂ©poque quelque chose de trĂšs ambitieux. On a su le faire⊠Et aujourdâhui, câest comme si nous manquions dâambition. Or, je pense que si lâEurope nâest pas la solution en elle-mĂȘme, elle demeure la meilleure façon de la trouver.»
Carole SIGNES