Publié le 14 octobre 2013 à 3h28 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 16h24
Bien peu auraient parié sur une affiche Ghali- Mennucci pour le second tour des primaires socialistes à Marseille. C’est pourtant celle-ci que plus de 19 000 électeurs ont retenu, un vrai succès.
La soirée électorale marseillaise avait commencé par un coup d’éclat, Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée chargée des Personnes handicapées, dès 20h30 s’en prenait vivement, sans la nommer, à la sénatrice Samia Ghali, maire des 15/16 : « Nous avons assisté au cours de cette journée à un fonctionnement à plein régime du clientélisme », lance-t-elle, dénonçant le covoiturage et le transport en minibus mis en place par cette candidate, allant même jusqu’à parler « d’organisation paramilitaire ». Puis, les minutes, les heures passent à la fédération du PS. Chaque équipe a le téléphone collé à l’oreille, les sourires changent de camp au fil des résultats. La tension est palpable. Et puis, le nom de Samia Ghali est annoncé avec de plus en plus d’insistance parmi les deux premiers, puis première tandis que Carlotti et Mennucci sont au coude à coude. C’est ce dernier qui obtient le droit de concourir au second tour. Les deux maires de secteur en lice se retrouvent ainsi face à face. Le maire des 1/7 obtient très rapidement le soutien de Marie-Arlette Carlotti et d’Henri Jibrayel. Marie-Arlette Carlotti qui, lors d’une deuxième intervention annonce son soutien à Patrick Mennucci, maintient sa volonté de déposer un recours auprès de la Haute-Autorité des Primaires.
Jean-Pierre Mignard, le Président de la Haute-Autorité, sans donner de résultats chiffrés indique :« Nous poursuivons notre travail fastidieux d’analyse des remarques des présidents de bureau. Mais, en l’état, nous pouvons dire que plus de 19 000 électeurs ont participé à ces primaires, une ampleur qui légitime le résultat, Samia Ghali arrivant en tête devant Patrick Mennucci ». Le président juge que les primaires se sont déroulées « dans des conditions très correctes, encourageantes pour la vie civique ». Concernant les critiques de Marie-Arlette Carlotti sur le covoiturage et l’utilisation de minibus, il précise : « pour le moment nous n’avons pas été saisi par écrit, et, concernant les transports, les décisions de justice vont toutes dans le même sens, cela ne conduit pas à remettre en cause le résultat ». Puis de concevoir que « tous les candidats ne soient pas là. Quand le résultat vous déçoit, je conçois que l’on ne vienne pas ». Il ne s’inquiète pas pour autant du rassemblement des socialistes à Marseille, il viendra : « mais le rassemblement chez les socialistes, c’est comme un mystère du Moyen-Age, c’est très long ».
Soudain, une clameur s’élève d’un établissement du Vieux-Port. Samia Ghali arrive en tête du premier tour. On crie, on pleure, on chante. « Je remercie tous ceux qui ont voté pour moi, c’est ensemble que nous gagnerons dimanche prochain, avant de gagner aux municipales afin de sortir la ville de sa torpeur et, ensemble, de tirer la ville vers le haut ».
« Personne n’est propriétaire de ses voix, ce sont les électeurs qui décideront dimanche prochain »
Et, pour cela, elle invite donc les Marseillais « à se mobiliser pour le second tour des primaires ». Elle replace cet appel dans le contexte des municipales, dans un combat contre Jean-Claude Gaudin. Elle lance : « Je veux être la maire de Marseille, je veux tuer le désespoir de cette ville ». Elle ajoute : « Je veux être le maire de Marseille qui fera que le Nord et le Sud de cette ville se réunissent, en mettant fin aux inégalités et aux problèmes de transport ».
Et d’ajouter : « Je suis présente dans tous les bureaux et, concernant le second tour, personne n’est propriétaire de ses voix. Ce sont les électeurs qui décideront dimanche prochain ». Un constat qui ne l’empêche pas de saluer Christophe Masse et Eugène Caselli. Elle salue également Marie-Arlette Carlotti et Patrick Mennucci qu’elle « va affronter au second tour».
Concernant les critiques de Marie-Arlette Carlotti, elle considère : « Je comprends ses douleurs mais elle doit accepter le résultat. Si elle n’est pas au second tour elle ne peut que s’en prendre qu’à elle-même. Concernant le covoiturage, je dois dire que, dès le départ, j’avais informé la Haute-Autorité, que compte tenu des distances, plusieurs bureaux de vote par secteur s’imposaient. Je n’ai pas été entendue, je me suis donc adaptée à cette situation ».
« J’ai une position équilibrée sur toute la ville »
C’est dans cette ambiance électrique que Patrick Mennucci arrive à la fédération du PS sur les coups de 22h55. « J’aime cette ville, j’aime les Marseillais » sont les premiers mots de celui qui vient de se qualifier aux forceps pour le second tour. Un second tour que le député-maire des 1/7 a déjà en ligne de mire. « Je pense que ceux qui veulent tourner la page de Jean-Claude Gaudin et d’un système peuvent se rassembler sur mon nom », lance-t-il à l’attention des quatre candidats éliminés au premier tour.
Des adversaires d’un soir pour qui il tient à avoir « un mot ». « Tous les candidats sont des personnes avec qui je travaille et pour qui j’ai de grandes considérations. On a bien sûr eu des divergences, mais ce n’était pas des divergences graves », relativise-t-il avant d’appeler à nouveau à « un rassemblement pour Marseille ».
Le député-maire du 1er secteur ne fait pas mystère qu’il a déjà enregistré des ralliements pour le second tour : Marie-Arlette Carlotti et Henri Jibrayel. Et le député-maire du premier secteur ne désespère pas non plus d’enregistrer d’ici dimanche le ralliement d’Eugène Caselli avec qui le ton est pourtant monté à plusieurs reprises lors des deux débats du premier tour. « Les choses vont se faire entre gens qui se connaissent », lâche-t-il confiant.
Se sentant désormais dotée d’« une responsabilité plus grande que celle que j’avais il y a quelques heures », il se félicite des scores qu’il a réalisés sur l’ensemble de la ville. « Que ce soit au Nord, au Sud et au centre, il n’y a pas un endroit où je ne sois pas présent. C’est ce qui me permet d’être au second tour. Il n’y a pas une foule extrême comme on a pu voir sur les quartiers Nord. J’ai une position équilibrée sur toute la ville ».
« Il faut accepter la défaite pour mieux rebondir demain »
Les dernières estimations ne le plaçant pas dans le trio de tête, c’est dans un établissement du Vieux-Port, à quelques encablures de la mairie, qu’Eugène Caselli s’est adressé à ses militants. « On a mené un combat exemplaire ensemble. On n’est pas très loin de Marie-Arlette Carlotti. » Malgré les résultats, Il se réjouit « de la mobilisation ». « Ce qui veut dire que ces primaires ont été un succès. Je suis très heureux de l’engouement qu’elles ont suscité puisque près de 20 000 électeurs se sont déplacés pour venir voter, pour faire un acte citoyen. ». Il poursuit : « J’ai rencontré des personnes formidables tout au long de cette campagne, des militants exemplaires qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes. J’ai donné le meilleur de moi-même. Nous n’avons pas gagné, il faut l’accepter. Ce soir je ne donnerai pas de consignes de vote. Je vais prendre le temps de la réflexion avant de dire dans la semaine ce que je ferai. Je félicite les candidats et les candidates qui ont participé. Je félicite ceux qui m’ont devancé. » A propos du scrutin, il souligne : « Nous avons été les meilleurs sur le 10e arrondissement et il y a des arrondissements où on a été en tête. Il y a des différences qui se sont faites dans les 2e, 3e, 13e, 14e, 15e et 16e. Elles ne m’ont pas permis de franchir la barre, je le regrette. C’est la démocratie, Il faut accepter la défaite pour mieux rebondir demain. Parce que, ne vous inquiétez pas, il y a aura encore un avenir pour nous ».
Ce dimanche 20 octobre, le second tour des Primaires donnera le nom du candidat qui sera tête de liste, difficile, aujourd’hui, de dire qui va gagner.
Patricia MAILLE-CAIRE. Serge PAYRAU. Michel CAIRE.