Provence-Alpes-Côte d’Azur: Le projet de Méditerranée du futur voit le FN s’afficher « climatosceptique »

Publié le 19 mars 2018 à  15h23 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h46

La Méditerranée du futur était à l’ordre du jour de la plénière de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur qui vient de se tenir à Marseille . Un dossier qui s’inscrit dans une logique de développement durable -présenté par Caroline Pozmentier-Sportich, vice-présidente de la Région en charge de l’international et Agnès Rampal, Présidente de la Commission Euro-Méditerranée de la Région- et qui n’a pas manqué de soulever l’opposition du Front National.

(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)
Le 21 novembre dernier, la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur lançait l’Acte I de Méditerranée du Futur. «Un véritable mouvement de fond visant à relancer cette dynamique entre toutes les rives de la Méditerranée», avance Caroline Pozmentier-Sportich qui rappelle que la manifestation, placée sous l’égide du Secrétaire général des Nations Unies, du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et du Prince de Monaco, avait accueilli plus de 1 000 congressistes présents au cours de la journée. Agnès Rampal note à ce propos: «La Méditerranée du Futur a confirmé notre Région comme moteur du partenariat méditerranéen, reconnu comme tel par le Gouvernement français. En assurant ce rôle notre Région est une base stratégique pour lutter contre le changement climatique mais aussi contre la radicalisation»
Pour Caroline Pozmentier-Sportich: «Il est essentiel de dynamiser les échanges économiques, d’appuyer la création d’entreprises innovantes, de soutenir la créativité partout, pour qu’elle soit facteur de cohésion, d’entente et de dialogue et, de mener une politique de coopération décentralisée dynamique, « gagnante-gagnante » ». «Combattre les ignorances, vaincre les préjugés , poursuit-elle, passera par notre politique volontariste en matière de culture, d’échanges universitaires, de mobilité internationale de nos étudiants, de formation professionnelle». Explique combien il est urgent d’anticiper et de préparer les territoires -d’une rive à l’autre de la Méditerranée- «à la gestion des crises, de prévenir les radicalismes et de lutter contre l’obscurantisme.» Considère que c’est par une coopération intelligente, «que nous démultiplierons notre capacité à agir (…). Faisons en sorte que d’une rive à l’autre de la Méditerranée, les peuples se tutoient».

«La Méditerranée est l’un des espaces de la planète les plus affectés par le dérèglement du climat»

Agnès Rampal présente les quatre axes de cette nouvelle stratégie de coopération méditerranéenne. «Il s’agit de mobiliser l’ensemble des gouvernements locaux de la Méditerranée aux côtés de la France et de l’Europe pour relever le défi du changement climatique. C’est d’autant plus important que la Méditerranée est l’un des espaces de la planète les plus affectés par le dérèglement du climat». Dans ce cadre la Région se prononce pour la reprise du dispositif de MedCop qui a été interrompu après les éditions de Marseille et Tanger. Avant d’afficher la volonté de mobiliser des fonds européens en faveur de l’atténuation et de l’adaptation aux changements climatiques. «Le deuxième axe concerne la dynamisation des échanges économiques, culturels et universitaires avec le bassin méditerranéen». Et cela d’autant plus que le Maroc et le bassin Méditerranéen sont, comme le montre diverses études, des zones à fort potentiel d’exportation. Une étude met particulièrement en avant le fait, comme le précise le rapport: «que l’essentiel des emplois et de la richesse à créer au Sud comme au Nord proviennent de PME et de startups». Sur le plan culturel l’enjeu, pour la Région est de favoriser la coopération méditerranéenne «afin de préserver, restaurer et valoriser sa richesse culturelle et patrimoniale, de développer la mobilité artistique mais également d’enrichir l’offre de formations professionnelles dédiées aux métiers du spectacle et de la musique». En matière de stratégie formation la Région se fixe comme objectif de développer de nouveaux modes de coopération dans ce domaine et de renforcer les échanges universitaires et d’étudiants afin de promouvoir la coopération scientifique et technologique; d’intégrer la dimension « Enseignement supérieur et recherche » dans la diplomatie économique; renforcer la mobilité internationale des étudiants.

«Intégrer l’espace méditerranéen dans une dimension européenne»

«Le troisième axe a pour objet d’intégrer l’espace méditerranéen dans une dimension européenne». La Région apportera notamment son soutien aux initiatives qui renforcent la gouvernance transnationale qui visent à trouver des positions communes entre les Régions et États voisins membres de l’Union Européenne dans les domaines de de la sécurité maritime, du développement durable et de la croissance bleue.
Enfin, avance Agnès Rampal: «Il importe de renforcer l’esprit de solidarité en Méditerranée et c’est là l’objet du quatrième axe. Nous ne pourrons pas régler les problèmes auxquels nous sommes confrontés si nous les affrontons seuls. Nous avons les mêmes attentes, les mêmes craintes et les mêmes espérances».
C’en est trop pour les frontistes, E. Bez, dans la lignée d’une Marion Maréchal Le Pen, qui se rapproche de Donald Trump, se positionne en climatosceptique en parlant de: «cette tarte à la crème du réchauffement climatique» Un réchauffement climatique qui, à ses yeux, conduit «à l’effacement des frontières, à toujours plus de clandestins quand le vrai courage est de rester chez soi». Ce qui ne manque pas de faire réagir Agnès Rampal: «Arrêtons d’ergoter sur le réchauffement climatique, ce n’est pas sérieux. Et si vous croyez que des gens ont envie de voir leurs enfants tenter de traverser, dans des conditions précaires, la Méditerranée, vous vous trompez. Tout le monde à envie de voir ses enfants grandir dans leur pays, dans des conditions de paix et de prospérité». Alors que Renaud Muselier lance au FN: «Avec de tels propos vous pourrez changer de nom tant que vous voulez, vous n’irez pas très loin».
Michel CAIRE

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