Provence-Alpes-Côte d’Azur : la Région entend soutenir son secteur touristique

Publié le 8 septembre 2016 à  9h35 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h45

Christian Estrosi, le Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur vient de dresser le bilan de la saison estivale 2016 en partant du prisme : les attentats, quel impact ? Aujourd’hui, quelles actions de soutien ? Car, si les résultats de la saison estivale écoulée laisse apparaître une très légère baisse estivale, le Président ne cache pas son inquiétude pour la suite, notamment à propos de la clientèle étrangère. Un plan communication va donc être lancé, en proximité mais aussi à l’international. Par ailleurs, le président de Région vient d’écrire à Jean-Marc Ayrault afin de demander au gouvernement de bien vouloir aider «notre Région» comme «elle a aidé Paris lors des attentats du 13 novembre, soit une aide exceptionnelle de 1M€». «Une demande que je formule avec d’autant plus de force que Jean-Marc Ayrault vient d’annoncer la deuxième réunion du comité d’urgence économique lors duquel les deux principaux dossiers seront l’Ile de France et notre région», avance le président de Région qui était notamment entouré de Renaud Muselier, Président Délégué de la Région et Président du Comité Régional du Tourisme (CRT) et de David Lisnard, maire de Cannes et Président du Comité Régional du Tourisme (CRT) Côte d’Azur.

Christian Estrosi, accompagné de Renaud Muselier, vient de dresser le bilan de la saison estivale 2016 (Photo Robert Poulain)
Christian Estrosi, accompagné de Renaud Muselier, vient de dresser le bilan de la saison estivale 2016 (Photo Robert Poulain)

Christian Estrosi rappelle : «A la suite des attentats de Paris en novembre 2015, les performances du tourisme français ont été nettement affectées. Nous avions enregistré une baisse de clientèle de – 4.8% dans l’hôtellerie régionale sur les seuls mois de novembre et décembre 2015. Les tensions sociales (loi El Komri, CGT…), les attentats de Bruxelles, les inondations, le prolongement de l’État d’urgence ont également contribué à une dégradation de l’image de la destination France à l’international».
Indiquant cependant que «grâce à l’Euro de football , nous avons toutefois bénéficié d’un effet médiatique positif, notamment sur les réseaux sociaux avec le relais des supporters et une couverture médiatique d’importance, ce qui a contrebalancé certaines baisses en juin et sur la première quinzaine du mois de juillet, en particulier à Marseille et à Nice».
Ainsi, Marseille enregistre en juin une augmentation de +18% des nuitées étrangères et une augmentation de + 60% de la fréquentation de la ville essentiellement attribuable à la présence des clientèles de l’Euro. De la même façon, Nice a bénéficié d’importantes retombées économiques dues à la manifestation sportive: 177 millions d’Euros de retombées économiques et plus de 175 000 spectateurs se sont rendus sur la Fan zone. In fine, la Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, a réalisé un premier semestre satisfaisant «dans le contexte actuel» puisque le premier semestre 2016 accuse une légère baisse de -0,5% des nuitées internationales (soit -18 000 nuitées sur un total de 3,6 millions) quand la France accuse une baisse de 10%.
L’attentat du 14 Juillet à Nice «s’est donc inscrit dans un contexte déjà incertain pour la destination France», note Christian Estrosi, avant de préciser que la répétition des événements tragiques ces derniers mois dans le monde «a eu pour conséquence, malheureusement, une certaine lassitude du grand public au vu de la récurrence des actualités liées au terrorisme».

La baisse de fréquentation est surtout constatée au niveau des clientèles internationales

Malgré l’impact de l’attentat de Nice, le bilan régional de cette saison estivale «demeure encore satisfaisant, même s’il affiche une tendance à la baisse comparativement à l’été 2015. Il faut, d’ailleurs, noter, que la saison touristique 2015, avait connu des taux de fréquentation particulièrement élevés». Au total, il y a une perte de confiance des touristes internationaux dans la destination Provence-Alpes- Côte d’Azur, soit une perte de 3,2 millions de nuitées. La fréquentation de l’été 2016 devrait atteindre les 105 millions de nuitées pour les 2 mois de juillet et août contre 108 millions en 2015. Les recettes touristiques pour cet été sont estimées à 6,3 milliards d’euros (6,6 milliards en 2015). Pour les mois de Juillet et Août, sur l’ensemble de la région, l’appréciation des professionnels sur la fréquentation touristique demeure positive (juillet 72% et Août 78%), même si elle affiche une baisse par rapport à 2015 (respectivement 78% et 83% d’appréciations positives pour les mois de juillet et août en 2015). La baisse de fréquentation est surtout constatée au niveau des clientèles internationales, dans l’hôtellerie moyen et haut de gamme et dans les territoires urbains, plus particulièrement sur la Côte d’Azur. Sur le segment luxe, c’est une baisse de 18 % de la fréquentation et une chute du revenu par chambre de 22 % qui apparaît. «En termes de chiffres d’affaires ou de recettes, les baisses enregistrées peuvent aller jusqu’à -20% selon les secteurs et les territoires. La Côte d’Azur ayant été particulièrement touchées et notamment les villes de Cannes ou d’Antibes (-16,2% pour le revenu par chambre moyen de la Côte d’Azur)», est-il souligné. En revanche, la fréquentation des lieux patrimoniaux, musées et festivals (hors Côte d’Azur) a été bonne. Le Mucem à Marseille enregistre ainsi une augmentation de fréquentation de +15% sur les mois de Juin, Juillet Août avec près de 500 000 entrées sur la période. Dans le domaine culturel, les grands festivals s’en sortent aussi très bien : on voit le festival d’Avignon enregistrer une hausse de 6.5% (+8 000 visiteurs : 112 000 en 2015 pour 120 000 en 2016). Chrisitan Estrosi voit là «l’esprit de résistance». Les Rencontres internationales de la Photographie d’Arles enregistre une hausse de 7.5% (+7 000 visiteurs : 93 000 en 2015 pour 100 000 en 2016) alors que c’est la stabilité qui s’impose pour le FID de Marseille, le festival de Piano de la Roque d’Anthéron ou encore le festival d’Art Lyrique d’Aix-en-Provence.
Le tourisme régional a bénéficié cet été de la forte présence de la clientèle française compensant ainsi, en partie, la baisse des clientèles internationales. «En juillet, la baisse des clientèles internationales s’élève à – 3,5% au niveau régional (- 50 000 nuitées sur un total de 1,4 millions). Les plus fortes baisses enregistrées sur ce mois concernent l’Allemagne, la Chine, la Russie et le Royaume Uni. De plus, avec la prolongation de l’État d’urgence, certaines compagnies d’assurance à l’international ne couvrent plus leurs ressortissants. D’où des baisses très significatives de fréquentations de la clientèle américaine et japonaise». Christian Estrosi regrette, dans ce cadre, la position de la France sur le boycott de la Russie : «Il y avait sans doute mieux à faire sur le plan diplomatique».

«Il y a une perte de confiance des touristes internationaux dans la destination Provence-Alpes-Côte d’Azur»

Le président indique également que les professionnels sont inquiets car le flux de nouvelles réservations pour la fin d’année 2016 et pour 2017 est très faible malgré leurs nombreuses relances. «De nombreuses demandes de devis ne se concrétisent pas par des réservations.» A Marseille notamment, l’activité de séminaire «ne démarre pas correctement». Les perspectives pour la fin de la saison estivale du tourisme de loisir sont dans la même mouvance que le bilan de saison : satisfaisantes au niveau régional, surtout pour l’espace balnéaire (72%) mais, plus incertaines pour l’espace urbain (58%). 64% des professionnels envisagent un bon niveau de fréquentation pour le mois de septembre (ils étaient 67% en 2015).
Mais, les professionnels sont inquiets pour la fin d’année, malgré un volume de travail important (relances clients en nombre), le booking est faible. «Plus largement, il y a une perte de confiance des touristes internationaux dans la destination Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui, si elle ne s’est pas traduite par des annulations en nombre dès l’été 2016 pourrait,en revanche, avoir un gros impact sur les futures réservations de vacances 2017».
Christian Estrosi entend, par ailleurs, défendre les professionnels du tourisme face à l’uberisation. «Nous allons mettre en place sur la métropole niçoise « un plan » contre le Airbnb et toutes les formes d’uberisation. Nous travaillons pour étendre ce plan au niveau régional. Puisque l’État ne prend pas ses responsabilités, ne fixe pas de règles, nous allons fixer les nôtres. Nous envisageons notamment la création d’un label régional». Renaud Muselier déplore pour sa part les déclarations du Premier ministre sur « La France en état de guerre » jugeant : «Il y a mieux pour développer les réservations». Il rappelle les plans mis en place par la région dans lesquels le tourisme a toute sa place «car c’est de l’économie, c’est de l’emploi et c’est de l’aménagement du territoire. Nous soutenons donc les événements ainsi que les filières et nous œuvrons à Bruxelles en faveur de la création du label « Capitale européenne du tourisme » ».
Michel CAIRE

Mesures économiques en faveur des entreprises touchées par l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice

Christian Estrosi a également annoncé, à l’occasion de la conférence de presse relative au bilan touristique, «les mesures prises en faveur des entreprises touchées par l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice».
Le Fonds Régional de Garantie bénéficiera à l’ensemble des PME de la région qui seraient affectées par les suites de l’attentat du 14 Juillet à Nice.

Modalités: Garantir à 70% (35% la Région, 35% BPI France) tout prêt bancaire de 2 à 7 ans, pour renforcer la trésorerie et la structure des entreprises dont le montant serait de l’ordre de 250 000 euros. Une baisse d’activité est à justifier par une attestation expert-comptable ou commissaire aux comptes.
Montant: Fonds doté de 9,4M€ – les crédits distribués par les banques aux entreprises régionales pourraient s’élever à 113M€.

Prêt à taux zéro: il s’adresse à l’ensemble des PME de la région qui seraient affectées par les suites de l’attentat du 14 Juillet à Nice.
Modalités : La Région financera les intérêts des prêts accordés par les banques aux entreprises, afin qu’elles puissent obtenir des prêts à taux zéro.
La décision de l’organisme bancaire sera prise sur la base de critères sur la perte d’exploitation, avec supervision de la Région. La baisse d’activité est là encore à justifier par une attestation expert-comptable ou commissaire aux comptes.
Montant: Si les entreprises sollicitent globalement 50M€ de prêt à taux zéro, le coût pour la collectivité sera de 665 000 €.
Contact : « Mon financement, le Guichet Unique de la Région pour les entreprises« ,mis en place en juin, au 0 805 805 145.

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