Provence-Alpes-Côte d’Azur : une conférence régionale du Sport qui appelle des prolongations

Publié le 2 décembre 2014 à  23h20 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h30

De nombreux acteurs du sport sont intervenus à la Villa méditerranée pour rendre compte du travail réalisé tout au long de l'année dans le cadre de la la Conférence régionale du Sport (Photo Philippe Maillé)
De nombreux acteurs du sport sont intervenus à la Villa méditerranée pour rendre compte du travail réalisé tout au long de l’année dans le cadre de la la Conférence régionale du Sport (Photo Philippe Maillé)
Les rapporteurs des 3 commissions de la Conférence (Photo Philippe Maillé)
Les rapporteurs des 3 commissions de la Conférence (Photo Philippe Maillé)

La Villa Méditerranée, à Marseille, vient d’accueillir la deuxième conférence régionale du Sport. Une réunion qui s’inscrit dans la démarche de concertation du milieu sportif initiée en octobre 2011 qui a donné lieu à une première conférence du Sport en septembre 2013. L’objectif étant de créer un espace d’échanges et de débats, de partages d’expériences et d’évaluation sur les diverses fonctions du sport en région. Elle est composée de l’ensemble des parties prenantes du mouvement sportif régional -Comités Olympiques, instances fédérales, ligues, représentants des employeurs, des salariés et des usagers-. Une opération qui traduit le travail de fond que la région Provence-Alpes-Côte d’Azur a entamé dans ce domaine. Car, avec 1,2 million de licenciés, l’activité sportive est un enjeu majeur du développement du territoire tant sur un plan économique que social, sans ignorer sa dimension éducative.
C’est Avi Assouly qui, pour la région, rappelle: «Composée de l’ensemble des parties prenantes du secteur sportif, des collectivités territoriales, de l’État et du secteur économique, la Conférence régionale du Sport représente un lieu d’expression, de concertation, d’écoute et d’échanges d’informations mais aussi de mutualisation de bonnes pratiques, de questionnements communs, de partages d’expériences et d’évaluation». Une conférence qui a travaillé autour de trois thématiques, pour autant de commissions : fonctions sociales et économiques du sport dans la région; sport, territoires, aménagement et développement durable; et enfin spécificités du sport de haut niveau non professionnel dans la région.
Lucette Coste, vice présidente du Comité régional olympique et sportif (Cros) Provence-Alpes, présidente de la Ligue Paca de pétanque et jeu provençal se réjouit d’avoir participé à cette expérience enrichissante «où toutes les parties prenantes se sont parlées, se sont écoutées. Nous sommes partis d’une idée commune : le sport est bien plus que du sport. Il faut maintenant mesurer son impact sur le territoire. Nous allons poursuivre notre travail». Michel Benigni, directeur des sports du Conseil général du Var d’acquiescer: « Nous avons eu des débats animés, passionnés, avec de nombreuses idées. Il nous faut voir maintenant comment les mettre en cohérence, comment les financer».

«Il a fallu apprendre à nous connaître»

Et le travail ne manque pas lorsque l’on sait que cette commission travaille sur des questions telles : la corrélation entre économie et social, les externalités positives du sport (impacts touristiques, retombées économiques, attractivité du territoire, développement, emploi, création de lieux de vie et de rencontres, effet signal… )
Le bénévolat, pilier du modèle sportif français est aussi étudié. Il s’agit de savoir comment comprendre ses logiques pour le renouveler, le favoriser, le valoriser. La commission de se demander si la professionnalisation des bénévoles est une antinomie. Et d’aborder la question du financement dans un contexte de diminution des fonds publics, en s’interrogeant même sur le fait de savoir si le financement privé est une solution d’avenir ou un leurre?
La deuxième commission a elle aussi eu une lourde tâche, abordant la question de sport, territoires, aménagement et développement durable. Franck Borel, directeur des sports du Vaucluse explique: «Il a fallu apprendre à nous connaître, nous poser la question de savoir à quel titre, pour quel projet, nous étions là». Puis des pistes ont été avancées: «Un outil est à créer mais le travail est immense. Des éléments existent actuellement, mais ils ne permettent pas d’avoir une lecture facile de ce qui se passe sur le terrain, de plus, s’ils permettent une lecture quantitative, ils n’offrent pas d’information qualitative».

Supprimer les freins existants aux pratiques sportives

Georges Deli, vice-président du Comité départemental olympique et sportif du Var précise : «Lorsque une commune X me demande un équipement je n’ai aucun document me permettant de savoir si la commune voisine ne dispose pas du même, à quelques centaines de mètres. De plus chaque département dispose d’un système d’information différent».
Là encore, les dossiers abordés méritent d’être poursuivis pour avoir les réponses les plus précises possibles pour contribuer au développement de la pratique sportive en région. Le débat a mis en avant la nécessité de voir si les équipements sont en adéquation avec les besoins des pratiquants; s’il est possible de mutualiser, de définir s’il y a équité d’accès en fonction des territoires et des publics. La commission a également lancé une réflexion sur l’articulation entre sport scolaire, fédéral et champ marchand. L’objet étant de supprimer les freins existants aux pratiques sportives, notamment en matière de sport de pleine nature tout en s’inscrivant dans une démarche écoresponsable. Joël Canapa, vice-président de la Région en charge du Sport, de préciser qu’une expérimentation est lancée, dans 4 lycées marseillais, d’ouverture des équipements sportifs en dehors des heures scolaires.
Victor Nataf, vice-président du Cros Provence-Alpes et Patrice Behague, directeur adjoint du Creps Paca rendent compte des réflexions de la commission « Les spécificités du sport de haut niveau non professionnel en région Paca ».

«Il faut aider ces sportifs régionaux de haut niveau afin de leur permettre d’atteindre le niveau national »

Il a été question de définir «ce qu’était un sportif de haut niveau», de distinguer les situations «totalement différentes des sports collectifs et individuels». Il est précisé qu’il existe des sportifs inscrits sur les listes du ministère des Sports et donc aidés et d’autres non. «Il faut aider ces sportifs régionaux de haut niveau afin de leur permettre d’atteindre le niveau national, ce qui implique des équipements, l’entraînement et un projet de vie. Il s’impose de favoriser la meilleure réalisation possible du double parcours de l’excellence : sportive et scolaire/universitaire. D’encadrer au quotidien les jeunes aux portes du haut niveau, favoriser leur insertion professionnelle et leur reconversion en fin de carrière. Il existe déjà des compétences, des dispositifs qu’il faut utiliser, mettre en réseau. Peut-être faudrait-il avoir un ou eux lycées pilotes où l’on pourrait garantir le meilleur suivi des jeunes, en prenant en compte leur temps d’entraînement, de compétition, de récupération, en proposant un suivi qui pourrait être effectué par des sportifs en reconversion».

«Nous avons pensé autrement»

Pierre Dantin, vice-doyen de la Faculté des sciences du Sport de Marseille, directeur de la Chaire Sport, Société et Management apprécie l’année qui vient de s’écouler : «Nous avons pensé autrement, nous nous sommes tout autorisé, nous avons braconné avec la pratique séculaire du sport pour mieux le comprendre. Nous avons convenu qu’un club n’est pas qu’un esprit compétitif, que la pratique libre auto instituée du sport avait autant de valeur que la pratique instituée. Qu’il nous fallait construire des outils afin d’être encore mieux acteurs, considérant que le principe même du sport était la transgression. Et que l’enjeu était de continuer à être ce que nous sommes mais dans une communauté de destin».

«Un rempart contre l’isolement et le replis sur soi»

Joël Canapa ne cache pas le fait qu’il est très sensible à la présence des départements, «ils donnent tout leur sens à cette concertation». Pour lui : «Le sport mérite d’être théorisé car ce n’est pas un quémandeur de subventions mais quelque chose d’essentiel à l’activité humaine. Le sport est un phénomène social capable d’améliorer les liens sociaux, les performances individuelles et collectives, le bien-être et la santé. Il peut rendre le monde meilleur par ses valeurs de justice, de solidarité, les sentiments de communion, de convivialité qu’il produit. C’est un rempart contre l’isolement et le replis sur soi ». Il précise notamment qu’avec cette démarche c’est un travail sur le long terme que la Région a entrepris avec tous les partenaires de cette élaboration collective. Estimant: «Dans le contexte que nous connaissons de restriction budgétaire, il faut éviter que le sport devienne une variable d’ajustement car c’est un investissement avant d’être une dépense».
Michel CAIRE

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