Région Provence-Alpes-Côte d’Azur : Michel Vauzelle lors de ses derniers vœux à la presse appelle à la démocratie et à la résistance participative

Publié le 12 janvier 2015 à  23h00 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h44

(Photo Philippe Maillé)
(Photo Philippe Maillé)

Ce sont des vœux à la presse particulièrement chargés d’émotion que Michel Vauzelle, le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur a présenté dans une Villa Méditerranée qui signifiait, en divers lieux : «Je suis Charlie ». Un président qui pour ses derniers vœux dans le cadre de cette fonction a annoncé sa décision de ne pas se représenter; a insisté sur les thèmes qui lui sont chers : la Méditerranée, la démocratie participative auxquels il ajoute une nouvel élément, la résistance participative. Et de prévenir : «Je pense que la France et sa culture sont en péril. Si elle ne reste pas une et indivisible nous allons vers de graves problèmes. Et, si nous n’avons de leçon à donner à personne, un de nos défauts, nous n’avons pas à en recevoir. C’est pour cela que je suis pour des régions fortes mais contre le fédéralisme et pour la protection de la langue française, une langue que nous sommes aujourd’hui heureux de voir défendu en Afrique noire et au Maghreb francophones». Avant d’affirmer : «Nous sommes dans une grande région juive, musulmane, catholique, laïque, car nous sommes dans une grande région républicaine».
C’est par une minute de silence que débute la cérémonie. Puis, Michel Vauzelle de rappeler: «Les journalistes sont le témoignage de la force avancée de la liberté d’expression ». Il considère : « Il ne suffit pas de dire son affection envers cette profession, il faut des actes. Nous avons apporté notre soutien à Nice-Matin. Et, lorsque j’étais ministre de la justice, je me suis opposé à des députés de Gauche comme de Droite qui voulaient remettre en question le secret des sources des journalistes, ce qui aurait mis fin au journalisme d’investigation».
De déplorer : « La tragédie qui vient de se produire permet de mieux comprendre que, lorsque la démocratie est menacée d’une part par l’intégrisme et d’autre part par la tentation fascisante, l’espace qui reste entre les deux est celui de la République».
Mettant en exergue: «Dans mon secteur, à Arles, il y a Tarascon, d’où Jean-Marie Le Pen a lancé dimanche sa candidature à la présidence de la Région; il y a Beaucaire où défilait Marine Le Pen et Les Saintes-Marie de la Mer où le maire Roland Chassain a passé un accord tacite avec le FN».

«Une France qui doute d’elle est incapable d’intégrer ses minorités»

«Je n’ai pas découvert ces jours-ci, poursuit-il, qu’il y avait des problèmes. Je constate qu’il a fallu des morts parmi les journalistes, les policiers, les juifs, pour qu’il y ait ce magnifique rassemblement. Mais quelle ville au monde, sinon la capitale du Pays des Droits de l’Homme, pouvait permettre qu’un tel rassemblement prenne tout son sens ? Pourtant nous sommes dans un pays qui doute. Or, une France qui doute d’elle est incapable d’intégrer ses minorités. Alors comment voulez-vous que les jeunes respectent une minute de silence quand le peuple lui-même n’est pas fier de son drapeau, de son hymne national ?». Il en revient aux jeunes : «Comment voulez-vous que des jeunes respectent la minute de silence ? Lorsque l’on est des quartiers Nord de Marseille, d’origine maghrébine et chômeur on subit une triple peine.» Et de se souvenir que jeune élu, il voulait aller porter les valeurs de la République dans les cités populaires d’Arles. «Dès la première personne rencontrée j’ai compris que les questions étaient plus complexes lorsqu’elle a répondu que ma République n’apportait pas de médecin, de services publics, de pharmacie, d’emplois, dans son quartier».
Il se réjouit toutefois: «Dimanche, le peuple de Paris a réinvesti deux lieux très important : la Place de la Nation, un terme que nous ne devons plus laisser au Front National et la Place de la République. Et je tiens à ce propos à rappeler que, depuis des années, je répète que la mondialisation est un vrai danger pour la République ».
Et d’avouer : « Depuis quelques jours je salue différemment les policiers. Car, ils ont montré qu’ils étaient prêts à sacrifier leur vie pour défendre la République. Car, le simple fait de porter l’uniforme en font des cibles. Je pense aussi à nos militaires qui laissent leur famille pour aller se battre, au péril de leur vie, en Centrafrique, dans le Sahel».

«La politique est chose trop sérieuse pour la laisser aux seuls Hommes politiques»

Il en vient à la démocratie participative : «La politique est chose trop sérieuse pour la laisser aux seuls Hommes politiques. Il est temps de se demander, chacun, qui est-on pour juger ? Qu’attend-on si on est raciste, xénophobe, si on s’enferme dans des peurs ? La seule réponse à la crise réside dans la démocratie participative. Dans ce cadre les partis politiques sont dépassés. Il est temps qu’ils se remettent en question. J’évoque toujours le Conseil national de la résistance. Il est temps que l’on me dise si les services publics, la sécu, la solidarité nationale ne sont plus possibles à cause de la mondialisation. Nous sommes tous en train de chercher quel modèle de société est capable d’affronter cette mondialisation qui n’impose que la loi de l’argent». «Il s’agit, ajoute-t-il, de mettre chacun devant ses responsabilités. Il y a eu 4 millions de personnes dans la rue, c’est bien. Où étaient les 60 millions restant ? Aujourd’hui, il doit être question de résistance participative. De même qu’un attentat intégriste peut être le fait d’un seul; de même il faut que chacun se demande comment résister, sinon nous aurons Vichy. Si la politique n’apporte pas de l’espoir, ne favorise pas la résistance aux forces de l’argent et du mal, alors nous démissionnons et nous n’aurons que ce que nous méritons».

«Ceux qui disent que j’ai peur d’affronter un quatrième mandat sont les mêmes qui ont affûté les armes contre moi »

Répondant à une question sur sa succession et sur sa décision de ne pas se représenter, il affirme: «Ceux qui disent que j’ai peur d’affronter un quatrième mandat sont les mêmes qui ont affûté les armes contre moi. Maintenant je suis président pendant un an encore et je le serai d’autant plus que je ne suis pas candidat à ma succession. Et personne, ne pourra dire que je suis là depuis déjà trois mandats, que je suis trop vieux, me critiquer à propos de la Villa Méditerranée. Cette dernière je l’ai voulu pour que Marseille soit pour la France ce que Barcelone est pour l’Espagne, la capitale de sa politique méditerranéenne. Je veux que cette Villa soit un lieu de débat, d’échanges permanent sur la Méditerranée et l’actualité prouve tragiquement la nécessité de ce dialogue». Et c’est avec humour, on est tous Charlie impose, qu’il conclut : «Je suis trop vieux pour la Région mais je suis plus jeune que Juppé qui vise la présidentielle alors, je vise maintenant l’Élysée ou le Saint-Siège».
Michel CAIRE

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