Régionale Paca : le citoyen est au centre du « je » démocratique pour Caroline Pozmentier LR

Publié le 11 décembre 2015 à  9h58 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  20h56

Caroline Pozmentier est adjointe à la sécurité LR à la mairie de Marseille et, candidate aux Régionales sur la liste conduite par Christian Estrosi et Renaud Muselier dans les Bouches-du-Rhône. Elle revient sur les enjeux de ses élections, appelle au sursaut citoyen, évoque le dossier de la sécurité à Marseille, affirme que «l’insécurité c’est le FN».

Caroline Pozmentier candidate aux Régionales sur la liste conduite par Christian Estrosi et Renaud Muselier dans les Bouches-du-Rhône (Photo Philippe Maillé))
Caroline Pozmentier candidate aux Régionales sur la liste conduite par Christian Estrosi et Renaud Muselier dans les Bouches-du-Rhône (Photo Philippe Maillé))

Destimed: Quel message adressez-vous aux citoyens pour qu’ils aillent voter dimanche?
Caroline Pozmentier: J’en appelle d’abord à leur sens des responsabilités. En démocratie, le citoyen, quoi qu’il fasse, qu’il aille voter ou pas, quel que soit son vote, est au centre du « Je » politique. Il n’est jamais un spectateur, toujours un acteur. Et, ce dimanche, nous sommes devant un enjeu historique. Alors, je comprends tout à fait qu’il puisse ne pas y avoir une adhésion à nos propositions pour autant elles restent constructives; je comprends leurs interrogations. Mais, ils doivent se dire qu’avec le bulletin Estrosi ils iront voter pour eux. Ils doivent mesurer que, lorsqu’une digue est menacée, tel est le cas, il importe de la sauver pour ne pas être inondé. Dans le même temps, en tant que citoyen, nous devons tous nous demander, dans notre individualité, pourquoi nous en sommes là. Surtout, nous devons tout faire pour qu’un tel scénario ne se reproduise plus car, sinon, les digues finiront par céder inéluctablement. Il est vrai qu’il y a crise politique mais, nul ne peut en rester à ce simple constat. Il en est pour croire au « tous pourris », au « tous incapables » mais, qui les élit ou qui les laisse élire ? Dimanche, il y a urgence pour la démocratie et il dépend de chacun d’entre nous de la revivifier. Pour cela, il faut apporter ses idées, ses réflexions, à droite, au centre, à gauche, en fonction de ses sensibilités car, la démocratie ne s’use que si l’on ne l’utilise pas.

Vous êtes adjointe à la sécurité de la ville de Marseille. La sécurité s’affiche au cœur de la campagne, que dites-vous aux citoyens ?
On ne peut jamais se satisfaire de la situation quel que soit les résultats. Un meurtre, une agression est toujours de trop. Nul ne peut, pour autant, nier que la délinquance diminue à Marseille et que c’est tout sauf le fait du hasard. C’est le fruit de la volonté de la mairie et en premier lieu du maire, Jean-Claude Gaudin et, c’est aussi, dans un cadre républicain, le fruit d’une collaboration fructueuse avec le gouvernement. Tout cela nous permet d’avoir une politique complète qui part de la prévention, passe par la vidéo-surveillance, le renforcement et l’armement de la police municipale.
Depuis la mise en service des caméras de vidéo-protection,1 000 d’ici le 1er trimestre 2016, la délinquance de voie publique a chuté dans les arrondissements du centre de 80%. Le déploiement se poursuit et, à ce jour les 750 caméras en service sont réparties dans tous les quartiers c’est ainsi que nous menons une politique de sécurité équitable pour les Marseillais.
Le taux d’élucidation des affaires judiciaires a été multiplié par 4 et, tous les jours les policiers municipaux -en lien avec le Centre de commandement de la police nationale- au Centre de supervision Urbain permettent des interpellations en flagrant délit et apportent une assistance aux effectifs de police sur l’espace public. J’ai souhaité construire une politique partenariale dans le domaine de la prévention avec l’éducation nationale, la justice la préfecture de police mais aussi les autres collectivités territoriales, au cœur du Conseil Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance. Je crois en la coproduction de sécurité, elle est indispensable. A Marseille nous avons réussi à renforcer la coordination entre la police municipale et police nationale afin que les forces de sécurité, apprennent à travailler ensemble dans une culture partagée, pour une meilleure reconnaissance l’une de l’autre.

Pourtant le FN surfe sur l’insécurité…
En effet, et c’est le cas de tous les partis populistes. Il faut bien mesurer que le FN c’est l’insécurité : il divise, oppose les uns aux autres. C’est le parti de la stigmatisation. Et ce n’est pas pour rien si Daech rêve de voir ce parti prendre le pouvoir car il voit là une chance historique de faire basculer nombre de personnes de son côté. Le FN ne cesse de clamer sécurité mais, la sécurité c’est la République, c’est un droit et un devoir citoyen. Sans oublier que la sécurité c’est aussi être rassuré pour son emploi, celui de ses proches, de ses enfants.
Croire en demain est une arme redoutable face à tous les totalitarismes qui n’ont pour objet que « viva la muerte ». La sécurité c’est aussi le vivre ensemble qu’attaque le FN. Je n’ai aucun problème avec la dimension judéo-chrétienne de la France, pour peu que l’on accepte l’idée qu’elle est également romaine, grecque, fille du siècle des Lumières, de la laïcité… Pour en revenir à la dimension judéo-chrétienne, est-ce que tout le monde mesure bien ce que cela signifie ? Cela veut dire que ses racines sont, pour partie, Méditerranéenne et plus exactement de la rive sud de la Méditerranée. Et, lorsqu’elle était dans l’obscurité, ce sont les Arabes qui nous ont rapportés la philosophie grecque, offert les mathématiques, donné l’opportunité de porter un regard critique sur le fait religieux grâce à celui qu’Averroès a porté sur l’Islam. D’ailleurs, pendant que Marine Le Pen stigmatise les musulmans, elle ignore ou fait semblant d’ignorer que les experts mettent en avant le fait que Daech passe par la djihadisation, la haine de l’Autre, sans passer par la radicalisation. Mieux, les recruteurs ont pour consigne de ne pas perdre de temps avec ceux qui ont ne serait-ce qu’un minimum de culture coranique. Attention, ceci ne veut pas dire qu’il n’y ait pas des Imams qui, dans des Mosquées, au nom d’une caricature de l’Islam n’appellent pas au Djihad mais aussi des associations qui véhiculent ces idées de haine. La plus grande rigueur s’impose. Mais le FN, encore une fois, stigmatise, et c’est insupportable. De plus, rien de pire dans une guerre -et nous sommes en guerre contre le djihadisme- que de se tromper d’adversaire.
La sécurité c’est de pouvoir dimanche aller voter; la sécurité c’est aussi d’aller voir des spectacles sans censures; avoir le choix des exposition; de la culture au service de l’éducation. Sur la sécurité je voudrais quand même rappeler que le parti qui prétend être le seul à l’incarner n’a aucune proposition bien au contraire il pioche dans les propositions des partis démocratiques avec une différence c’est qu’il les plante dans le décor de la peur.

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous rendre au Camp des Milles au début de la campagne ?
Parce que «l’histoire alerte le présent», nous devons être attentif à notre environnement immédiat, si proche que l’on a tendance à l’oublier. C’était une façon d’aller à l’essentiel. Une façon de dire que, au nom de la sécurité, de la peur, du rejet de l’Autre, bien des crimes ont été commis et que le mal est toujours là, à l’œuvre. D’abord, un régime démocratique a enfermé des gens parce qu’ils étaient originaires d’un pays en guerre avec la France, sans même réfléchir au fait qu’ils étaient tous des anti-nazis. Puis, une fois l’armistice signée, ils sont restés emprisonnés parce qu’ils étaient des opposants au nazisme. Et, enfin, la Police française a organisé les rafles des Juifs, les a déportés vers les camps de la mort, y compris les enfants que les nazis ne demandaient pourtant pas. Alors des engrenages sont à l’œuvre, sur le terreau de la crise. Il faut en tenir compte. Mesure-t-on que, lorsque Marion Maréchal-Le Pen affirme qu’élue elle supprimera les subventions au Planning familial, elle s’en prend aux droits des femmes ? Et, lorsqu’elle affirme qu’elle agira ainsi parce que cette association serait politisée c’est aux fondements même de la démocratie qu’elle s’en prend. Attention à cette vague sournoise, tendancieuse qui n’épargnera aucun citoyen quel qu’il soit d’où qu’il vienne, l’histoire alerte le présent!
Propos recueillis par Michel CAIRE

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