Régionales en Paca : Un 2e tour qui appelle au sursaut républicain

Publié le 7 décembre 2015 à  4h10 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  20h55

Christian Estrosi LR:
Christian Estrosi LR:

Dès 20 heures, un coup de massue plombe la soirée électorale, le FN est largement en tête en Paca. Avec plus de 40, 5% des voix, Marion Maréchal-Le Pen précède Christian Estrosi (LR), 26,1%, Christophe Castaner, PS, 16,2% et la liste EELV-Front de Gauche, 6, 5% .
C’est un Christian Estrosi grave qui vient prendre la parole à Marseille: «Les électeurs de Paca ont exprimé leur colère, leur exaspération face aux promesses non tenues. Je les comprends, je partage». «En nous plaçant deuxième, poursuit-il, les électeurs font de nous la seule alternative». Il s’adresse alors aux abstentionnistes : «J’entends ce qui vous a conduits à ne pas venir voter mais il faut maintenant un large rassemblement de tous ceux qui veulent assurer le succès des valeurs républicaines dans la Région». A ses yeux, nous sommes face «à l’une des plus graves menaces de notre histoire». D’évoquer un FN «qui stigmatise, insulte, divise.» Considérant : «Madame le Pen est un danger pour notre vivre ensemble». Il affirme qu’il restera fidèle à ses engagements du premier tour «en matière d’emploi, d’économie, d’innovation, de sécurité, de liberté de création». Il s’adresse à l’ensemble des électeurs : «Le sort de notre Région est entre vos mains. Il dépend de vous qu’elle ne devienne pas un laboratoire de violence, de régression, de négation des droits des femmes et des valeurs républicaines. Quelles que soient nos divergences j’appelle à faire bloc, j’en appelle à un sursaut citoyen pour la Démocratie».

«Dans la résistance gaullistes, socialistes et communistes étaient unis»

Renaud Muselier, tête de liste LR dans les Bouches-du-Rhône ne partage pas le point de vue de certains militants qui considèrent que la campagne n’a pas été suffisamment marqué à droite : «Nous ne sommes pas d’extrême-droite». Et de rappeler qu’il s’inscrit dans un courant politique qui est celui du «Gaullisme». «Dans la résistance, explique-t-il, gaullistes, socialistes et communistes étaient unis». Avant de reprendre : «Christian Estrosi est aussi un gaulliste, il n’a pas la main qui tremble lorsqu’il prend des décisions et il respecte tout ce qui fait le bien vivre ensemble». Il rappelle que dès le début de la campagne : «Je me suis prononcé, pour le retrait du 3e, je ne retire rien, j’attends que Christophe Castaner prenne ses responsabilités. Et, disant cela, je sais bien que la Droite ce n’est pas la Gauche, mais nous avons une culture du débat pour faire avancer nos collectivités, une culture que nous ne partageons pas avec le FN ».

«Il existe la jurisprudence 13/14»

Très rapidement, sur le plateau de France 3, la députée Marie-Arlette Carlotti affirme: «Il existe la jurisprudence 13/14, (la gauche en se maintenant aux dernières municipales dans ce secteur avait permis la victoire du FN) dimanche je voterai Christian Estrosi ». La sénatrice PS Samia Ghali interviendra dans le même sens quelques temps plus tard, exprimant son accord avec l’intervention de Jean-Christophe Cambadélis appelant au barrage républicain et au retrait des listes socialistes, en particulier dans le Nord Pas-de-Calais- Picardie et en Paca. Pour Arlette Fructus, UDI: «Une onde de choc dévaste le pays. J’ai le sentiment que nous sommes face à un vote anti-système; c’est aussi un vote violent de rejet, le choix de la politique du pire». Pendant ce temps Marion Maréchal – Le Pen savoure : «Aujourd’hui le Front national a réalisé des scores historiques», considérant: «Il est le premier parti de France…»

«Faire entendre la voix de la raison aux peuples de gauche»

Christophe Castaner ne l’entend pas ainsi, son appel est clair et pèsera dans la campagne du second tour : «Parce que je ne me trompe jamais de combats et que je fais la différence entre mes adversaires et mes ennemis, je décide solennellement d’appeler à la résistance tout le peuple de Provence Alpes Côte d’Azur pour empêcher que demain ce soit ces idées-là qui nous représentent, nous gouvernent. Un vote de colère comme nous le payons aujourd’hui qui serait renouvelé, c’est le FN matin, midi et soir, je ne l’accepte pas». Alors, pour lui, il importe «de nous mobiliser pour faire entendre la voix de la raison aux peuples de gauche et que nous puissions fermement nous opposer à ces idées-là, celles portées par le Front National, par un barrage extrêmement ferme».
Jean-Marc Coppola et Sophie Camard, tête de liste EELV-FG font entendre une autre musique. «Il faut entrer en résistance», explique ainsi en début de soirée Sophie Camard. «Nous pensons que la gauche ne peut pas capituler sous peine de tuer la démocratie», déclare-t-elle devant les militants. Avant de considérer : «La politique est profondément en crise. Les résultats du FN sont, juste l’expression de cette grave crise politique», explique notamment Sophie Camard. Jean-Marc Coppola (PCF) souhaite lui aussi que «la gauche soit présente dans l’hémicycle pour mener ce combat contre la droite et l’extrême droite. Nous voulons être présents pour mener ce combat pour à la fois reconstruire la gauche sur ces valeurs et ses idéaux et reconstruire des perspectives pour l’ensemble de notre peuple».

«Je respecte cette décision, qui est très difficile à prendre mais je la regrette »

A l’issue de la décision prise par Christophe Castaner de se retirer, Sophie Camard déclare : « Je respecte cette décision, qui est très difficile à prendre mais je la regrette. Nous étions pour aller au bout, pas pour laisser passer le Front National, au contraire il s’agit de lui mettre une opposition en face» .
Pour Jean-Marc Coppola partir seul n’était pas une question de stratégie et de déplorer : «On résume trop souvent la politique à de la stratégie alors qu’il y a des idées, des projets. Ce que nous avons voulu faire c’est d’exprimer un projet pour cette région. Manifestement le scrutin a été national, il n’a pas été sur les enjeux régionaux». Il affirme : «Le Front National se combat politiquement pour des idées comme nous l’avons fait depuis 18 ans à la Région».
Mais, pour Christophe Madrolle (UDE), tête de liste pour les socialistes dans les Bouches-du-Rhône : «Nous sommes de gauche avec des valeurs que nous défendons». Lui aussi regrette cette situation de retrait car, «nous allons disparaître pendant 6 ans du Conseil régional.» Mais, assène-t-il : «Jamais , jamais, le Front national ne doit gagner cette Région».
Patricia MAILLE-CAIRE et Michel CAIRE

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