Renaud Muselier oppose « l’immobilisme » de Jean-Claude Gaudin au « dynamisme » de la RĂ©gion

Publié le 26 janvier 2018 à  10h36 - DerniÚre mise à  jour le 28 octobre 2022 à  17h52

Les journalistes Ă©taient prĂ©sents en nombre pour les vƓux Ă  la presse de Renaud Muselier. Il faut dire que la veille, sur Public SĂ©nat, le prĂ©sident de la rĂ©gion Provence-Alpes-CĂŽte d’Azur, avait jugeait que Jean-Claude Gaudin Ă©tait «un mauvais maire» pour Marseille et qu’il avait effectuĂ© «deux mandats de trop». Ce jeudi, il a prĂ©sentĂ© le bilan de ses neuf mois de prĂ©sidence de RĂ©gion, ses perspectives et ambitions pour l’institution avant de critiquer «l’immobilisme du maire de Marseille» et un certain dysfonctionnement. Il dĂ©noncera Ă©galement la ministre de la justice, Nicole Belloubet, aprĂšs avoir indiquĂ© s’ĂȘtre rendu le matin mĂȘme Ă  la prison des Baumettes pour apporter son soutien aux surveillants en grĂšve. Un soutien qu’il a traduit en «intĂ©grant les 3 640 surveillants de la RĂ©gion dans le dispositif de gratuitĂ© sur le trajet domicile travail dont bĂ©nĂ©ficie policiers, militaires, gendarmes…».

Cérémonie des voeux à la presse de Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-CÎte d'Azur (Photo Robert Poulain)
CĂ©rĂ©monie des voeux Ă  la presse de Renaud Muselier, prĂ©sident de la rĂ©gion Provence-Alpes-CĂŽte d’Azur (Photo Robert Poulain)

«Je ne suis pas dans un combat personnel avec le maire sortant»

Renaud Muselier lance: «Je suis PrĂ©sident de RĂ©gion jusqu’en 2021 et j’entends le rester. Mais, j’aime trop ma ville pour me dĂ©sintĂ©resser de son avenir. Marseille mĂ©rite le meilleur. Nous devons et nous allons le lui offrir». Et d’appeler «dans l’apaisement» les Ă©lus au sursaut et «de se rassembler» «autour d’un projet qui nous permettra de porter de nouveau une vision pour Marseille, de se projeter pour travailler Ă  l’évolution de notre ville Ă  horizon 20 ans, 30 ans ». «Je ne suis pas dans un combat personnel avec le maire sortant», tient-il Ă  prĂ©ciser. Souligne qu’il n’est pas «le premier opposant de Jean-Claude Gaudin mais, le premier partisan de Marseille. Quand on regarde l’état de la Ville, on ne peut qu’ĂȘtre dĂ©solĂ©. Lors de ses vƓux Ă  la presse, il a voulu prendre les Marseillaises et les Marseillais Ă  tĂ©moin pour nous expliquer que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Marseille est devenue une ville aux finances saines et prospĂšres c’est Ă©vident. Marseille est devenue la capitale d’une MĂ©tropole apaisĂ©e qui porte de grands projets et une vision pour l’avenir c’est Ă©vident. Marseille est devenue une ville propre oĂč les poubelles sont toujours ramassĂ©es et oĂč les rats n’infestent pas les rues c’est Ă©vident…» Il rappelle que, «dĂ©jĂ  en 2013, Guy Tessier lancait : « Tout dysfonctionne dans cette ville ». On assiste malheureusement Ă  la fin de rĂšgne de Jean-Claude Gaudin
 Il est assis dans son fauteuil et ne veut pas en bouger. La seule force qui le meut c’est sa volontĂ© de se maintenir au pouvoir. Il est temps qu’il passe la main.». «La vĂ©ritĂ©, ajoute-t-il, c’est qu’aucun grand projet n’est sorti de terre Ă  Marseille depuis 2008 en dehors de Marseille Provence Capitale europĂ©enne de la culture en 2013». Renaud Muselier cite quelque exemple: «Qui peut comprendre que le maire sortant ne parvienne pas Ă  trouver un moment dans son agenda pour signer avec moi le Contrat RĂ©gional d’Équilibre Territorial que j’ai fait voter Ă  la RĂ©gion et qui prĂ©voit plus de 120M€ d’investissement sur Marseille et sa MĂ©tropole ? Qui peut comprendre que le Maire sortant ne parvienne pas Ă  nous identifier Ă  Martine Vassal et Ă  moi un terrain pour implanter la citĂ© internationale que nous finançons et qu’il a lui-mĂȘme voulu ?…».

«Je ne suis pas candidat à la succession de Jean-Claude Gaudin»

Alors, pour lui, en 2020, «il faudra donc faire l’inventaire et remettre les compteurs Ă  zĂ©ro. J’ai un projet pour Marseille. J’ai un programme et une Ă©quipe. J’attends ceux des autres. Mais, je ne suis pas candidat Ă  la succession de Jean-Claude Gaudin». Et de signifier qu’il n’attend pas aprĂšs cela pour agir: «Ce programme de rĂ©novation, de prĂ©servation et de transformation de Marseille je commence Ă  le mettre en Ɠuvre Ă  la RĂ©gion. Je veux ĂȘtre un PrĂ©sident qui protĂšge le patrimoine de sa RĂ©gion, qui ne ferme pas les yeux sur l’histoire 26 fois centenaire de son territoire : Et le patrimoine d’une ville comme Marseille se mesure Ă  la hauteur de toutes les Ă©poques qui ont fait sa grandeur: nous ne devons en sacrifier aucune». Il annonce: «nous allons sauver, avec le Grand Port Maritime de Marseille, les 5 grues de la digue du large. Elles incarnent le passĂ©, le prĂ©sent mais aussi l’avenir de notre Port. Elles incarnent l’histoire industrielle de notre ville, et doivent rester des symboles pour notre ouverture sur la MĂ©diterranĂ©e de demain. Nous allons financer le sauvetage de deux de ces grues pour 400 000 € et le Port, qui avait initialement prĂ©vu d’en sauver deux, fera aussi l’effort de maintenir la cinquiĂšme en Ă©tat pour 600 000 ₏». Puis, insiste-t-il: «Ne pas fermer les yeux sur notre patrimoine, c’est aussi accepter que le passĂ© Ă©claire notre avenir. C’est Ă©galement ce que nous ferons au LycĂ©e Saint-Victor si les fouilles nous font dĂ©couvrir des vestiges. Nous cesserons les travaux et respecteront notre patrimoine historique». son_copie_petit-212.jpg

Le +

ste-024_gaudin_2.mp3 Il en vient Ă  la ministre de la Justice qui, selon lui, doit rĂ©pondre Ă  ses obligations: «au mal ĂȘtre de nos surveillants de prisons. Je suis allĂ© ce matin soutenir nos surveillants de prisons aux Baumettes. Ils font un travail compliquĂ© dans des conditions dangereuses. Ils font face Ă  des dĂ©tenus toujours plus violents et se retrouvent dĂ©munis! Face Ă  cette crise, quelle est la rĂ©ponse de la garde des Sceaux ? Une prime Ă  l’agression ! C’est stupide, inefficace et dĂ©valorisant. En apportant pour seule rĂ©ponse Ă  la crise des prisons une prime Ă  l’agression, Madame Belloubet s’est totalement disqualifiĂ©e. Pour sortir de cette crise, elle devrait dĂ©missionner car elle n’est plus audible. Je vous annonce que j’ai dĂ©cidĂ© d’intĂ©grer les surveillants de prisons au dispositif de gratuitĂ© des transports rĂ©gionaux pour le trajet domicile travail que nous avons lancĂ© pour les 77 000 membres de nos forces de l’ordre dans la RĂ©gion».

son_copie_petit-212.jpg Le +

muselier_visite_baumettes_11_ieme_jour_de_greve.mp3

«2018 devra ĂȘtre l’annĂ©e qui nous permet de donner du sens Ă  notre action»

Renaud Muselier en vient Ă  la RĂ©gion: «2018 devra ĂȘtre l’annĂ©e qui nous permet de donner du sens Ă  notre action. Lui donner de la clartĂ©, de la visibilitĂ© et de la lisibilitĂ©. Que chacun comprenne quel est le rĂŽle de l’institution rĂ©gionale, il est majeur, et quelles sont ses compĂ©tences. Je veux que nous soyons en capacitĂ© de dĂ©montrer Ă  tous les Provençaux, Alpins et AzurĂ©ens que la RĂ©gion a une utilitĂ© majeure dans leur vie quotidienne». Et d’insister sur le rĂŽle de la rĂ©gion….

son_copie_petit-212.jpg Le +

ste-024_a_quoi_sert_region_1.mp3 Dresse un bilan de la majoritĂ© rĂ©gionale, sous la prĂ©sidence de Christian Estrosi puis de la sienne. «Lorsque, en dĂ©cembre 2015, nous avons Ă©tĂ© Ă©lus avec Christian Estrosi, nous avons hĂ©ritĂ© de la RĂ©gion la plus mal gĂ©rĂ©e de France ! Nous dĂ©tenions tous les records. Mais jamais les plus glorieux». Et de considĂ©rer: «Nous avons hĂ©ritĂ© de la collectivitĂ© la plus endettĂ©e de France avec plus de 2,4 milliards d’euros de dette -l’endettement a Ă©tĂ© multipliĂ© par 4 sous notre prĂ©dĂ©cesseur-; de la rĂ©gion oĂč les impĂŽts Ă©taient les plus Ă©levĂ©s de France; d’une rĂ©gion oĂč malgrĂ© le train de vie de l’institution nos services publics Ă©taient dĂ©faillants». Signale que «le pouvoir politique avait Ă©tĂ© abandonnĂ© et l’institution servait de guichet de banque aux autres collectivitĂ©s. Nous avons donc hĂ©ritĂ© d’une collectivitĂ© endettĂ©e, sans poids politique et qui servait de tiroir-caisse aux autres Ă©lus. Nous avons redressĂ© la barre en 2016 et 2017 : Nous avons largement rĂ©formĂ© notre RĂ©gion en 2 ans. Nous lui avons redonnĂ© du poids politique et elle a retrouvĂ© sa place institutionnelle. Avec Christian Estrosi nous avons redressĂ© la barre et aujourd’hui, j’essaie de redonner du sens Ă  notre action. Pour redonner du sens, je suis parti d’un principe simple selon lequel : qui fait tout, finit par ne rien faire». En 2018, avance-t-il: «Nous allons donc nous concentrer sur l’économie, l’éducation, l’environnement au service de l’emploi».

son_copie_petit-212.jpg Le +

ste-024_son_bilan_de_pres_avec_estrosi_3.mp3 Parle de sa position vis-Ă -vis du PrĂ©sident de la RĂ©publique et du Gouvernement : «J’ai fait le choix d’adopter une position de bon sens. Je soutiens ce qui permet Ă  la France d’avancer et de se rĂ©former et je combats le reste. Il y a depuis le dĂ©but du mandat du PrĂ©sident Macron de vraies rĂ©ussites. Je pense notamment au retour de la France sur la scĂšne internationale et europĂ©enne; aux ordonnances qui ont considĂ©rablement simplifiĂ© le code du travail en France. Cette rĂ©forme Ă©tait nĂ©cessaire et attendue depuis plus de 30 ans. Il faut saluer le courage d’Emmanuel Macron Ă  ce sujet; au ministre de l’Éducation nationale qui fait honneur Ă  sa fonction et qui Ă©coute les Ă©lus locaux -en permettant aux maires l’expĂ©rimentation du retour de la semaine de 4 jours-. Cela faisait longtemps que la France n’avait pas eu un si bon ministre de l’Éducation nationale». Cite, en revanche ce qu’il considĂšre comme des erreurs: «Je pense notamment Ă  la volontĂ© centralisatrice du PrĂ©sident de la RĂ©publique. Il n’est jamais bon de vouloir concentrer tous les pouvoirs et de mĂ©priser les Ă©lus locaux. Si j’ai mis fin Ă  la RĂ©gion tiroir-caisse des autres collectivitĂ©s, ce n’est pas pour laisser poindre la RĂ©gion tiroir-caisse de l’État ! La loi NOTRe a mis fin Ă  la clause de compĂ©tence gĂ©nĂ©rale. Je demande donc Ă  Emmanuel Macron et au Premier ministre d’instaurer, dans le cadre d’un nouvel acte de dĂ©centralisation, une clause d’expĂ©rimentation gĂ©nĂ©rale. Nous devons pouvoir expĂ©rimenter en fonction de nos territoires respectifs des rĂ©formes des transports, de l’apprentissage, de la fiscalité  J’attends donc que le Gouvernement nous permette d’ouvrir notre service TER Ă  la concurrence, de mettre en place une Ă©cotaxe sur les poids-lourds en transit»

son_copie_petit-212.jpg Le +

ste-024_eco_taxe_sur_les_poids_lourds_en_transit_4_.mp3 En ce qui concerne la formation, notamment l’apprentissage, Renaud Muselier dit partager pleinement «la ligne dĂ©fendue par HervĂ© Morin au sein de RĂ©gions de France». ConsidĂ©rant que si le Gouvernement s’engage vers une privatisation de l’apprentissage, «nous sortirons purement et simplement du dispositif», prĂ©vient-il. Rappelant, l’objectif «ambitieux» de 50 000 apprentis en Provence-Alpes-CĂŽte d’Azur d’ici Ă  la fin du mandat. «Et nous n’avons pas l’intention d’ĂȘtre la variable d’ajustement de la ministre du Travail», prĂ©cise-t-il. Il ne manque pas d’Ă©voquer les hĂŽpitaux marseillais: «Je demande Ă  la ministre de la SantĂ© de se mobiliser pour les HĂŽpitaux Marseillais. La situation de l’AP-HM est critique ! 1,1 milliard d’euros de dette, 400 millions d’euros de dĂ©ficit cumulĂ©, 8,2 % d’absentĂ©isme soit 1 200 personnes par jour, 4 patrons en 5 ans
 Pourtant c’est un vĂ©ritable poumon pour notre ville. 2 600 consultations par jour, 3 300 lits, 1 800 mĂ©decins, 12 000 agents, 5 000 Ă©tudiants
 J’en ai discutĂ© avec Martine Vassal, nous sommes prĂȘts Ă  prendre nos responsabilitĂ©s. Mais nous ne ferons pas le travail de l’État. Les dĂ©clarations d’amour Ă  Marseille c’est bien, les preuves d’amour c’est mieux». Puis, exprime toute son opposition au retour Ă  des listes nationales pour les Ă©lections europĂ©ennes. «C’est une marche de 15 ans en arriĂšre ! Et cela n’incitera pas les Français Ă  se mobiliser aux Ă©lections europĂ©ennes qui sont pourtant capitales. J’ajoute sur ce point qu’il convient pour faire aimer l’Europe de ne pas jouer contre son camp».

son_copie_petit-212.jpg Le +

ste-024_argument_pour_rester_en_ue_7.mp3 Enfin, Renaud Muselier aborde le devenir de la Villa MĂ©diterranĂ©e…

son_copie_petit-212.jpg Le +

ste-024_villa_med_grotte_cosquer_6.mp3 Michel CAIRE – Reportage son Mireille BIANCIOTTO

Documents joints

Articles similaires

Aller au contenu principal