Rencontre avec Guillaume Caramelle autour de son court-métrage « Backroom casting » qui concourt dans le cadre du Festival Nikon 2020

Publié le 15 janvier 2020 à  22h24 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h45

C’est la troisième année que Guillaume Caramelle participe au festival Nikon dont le thème est en 2020 «Génération» (Photo D.R.)
C’est la troisième année que Guillaume Caramelle participe au festival Nikon dont le thème est en 2020 «Génération» (Photo D.R.)
C’est un court métrage sombre, dur, et volontairement dérangeant. Avec un épilogue terrible qui malmène le spectateur. Qui l’invite à réfléchir. Et à prendre position. Son thème : la pornographie phénomène générationnel que le cinéaste Guillaume Caramelle avait déjà abordé dans son long-métrage «La cité perverse». Pas d’images scandaleuses ou licencieuses pourtant mais dans la première partie un plan fixe où l’on écoute le dialogue entre un réalisateur de pornos et une jeune fille prénommée Anaïs qui âgée de 19 ans vient de Bretagne pour suivre des études à Paris. Le sujet de leur entretien : une éventuelle participation à un film X. Le titre du court métrage de Guillaume Caramelle étant «Backroom casting», il n’y a aucune ambiguïté sur la philosophie du projet. «Avec l’arrivée d’Internet, explique-t-il, il y a de plus en plus de contenus pornographiques accessibles à tous. Une demande croissante de visionnage de films X. Et fait inquiétant on a recensé que près de 30% d’adolescents âgés de 13-14 ans ont été, après enquête, exposés à des images ou des films pornographiques. Mon film est une dénonciation de ce phénomène autant qu’un avertissement». Construit sans effets «Backroom casting» -qui concourt dans le cadre du Festival 2020 dont le libellé se trouve être «Génération»- centre donc son récit sur cette jeune fille souhaitant tourner un porno. «Elle est majeure, et agit en toute indépendance, précise le réalisateur, ce n’est pas une victime. Elle aborde cette expérience comme un boulot et va au-delà de la sacralisation du corps qui devient un moyen comme un autre de dégager des revenus. Il y a de plus en plus de jeunes femmes comme elle dans Paris. Et je souhaite prouver ici qu’en s’engouffrant dans ce monde du porno via internet on hypothèque pour longtemps son image car la toile n’oublie rien…»

Une actrice fascinante

Au centre du dispositif, Chanelle Bernard, une comédienne que Guillaume Caramelle avait déjà fait tourner dans «Les égoïstes anonymes» un court-métrage tourné l’an dernier. Une actrice dont la spontanéité très pulsionnelle fascine. «Je lui avais donné toutes les questions que lui pose le réalisateur qui va peut-être l’engager et que l’on entend mais que l’on ne voit jamais. On avait inventé un passé au personnage d’Anaïs, mais la comédienne n’avait aucun texte de réponses. C’est elle qui les a choisies dans le cadre de la psychologie de son personnage et surtout de son parcours personnel. Le comédien incarnant celui qui filme et dont on ne sait rien avait à sa disposition des questions supplémentaires au cas où… ». Visage rayonnant qui contraste avec le côté noir de ce que dit Anaïs. On est assez troublés par la prestation de Chanelle Bernard. Simplicité du dispositif, refus de l’esthétisation de la situation, le spectateur voit ce que le réalisateur-casteur voit. C’est donc une fiction qui effectue un trajet constant entre le réel et le virtuel qui s’entrechoquent constamment en se percutant avec violence. «Je ne prétends pas apporter ici de solutions», confie Guillaume Caramelle, mais heurter la sensibilité du spectateur, le bousculer, le mettre mal à l’aise, notamment avec la fin». Et comme il n’y a aucune musique -«son emploi aurait sur-dramatisé le propos», explique le réalisateur- on est happés par les regards, l’intonation des voix, et l’inventivité formelle de la dernière partie. Un court-métrage en forme de coup-de-poing à découvrir sur le site Nikon où l’on peut donner son avis et sélectionner en vue du prix du public.
Jean-Rémi BARLAND
Le court-métrage « Backroom casting » est à découvrir ICI

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