Rugby Pro D2 – Florent Massip : la précision suisse du buteur réunionnais de Provence Rugby

Publié le 23 octobre 2018 à  11h05 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  19h08

Il est précis comme une horloge suisse, mais il ne marque pas le temps qui passe. Lui passe son temps à marquer des points pour Provence Rugby en faisant passer le ballon ovale entre les poteaux. Et rien d’helvétique chez Florent Massip : le garçon est né il y a 24 ans à La Réunion, où le seul rapport avec la haute montagne est le piton des neiges qui culmine à 3071 mètres. Du haut de son 1,90 m l’arrière provençal présente des statistiques remarquables, actuellement meilleur buteur de Pro D2 avec 104 points en huit rencontres où il a joué 75% du temps, soit 500 minutes. La saison dernière, en signant son contrat avec Provence Rugby, il devenait le premier réunionnais de l’histoire à devenir professionnel dans ce sport. Rencontre avec un rugbyman aussi sympathique que talentueux.

Florent Massip, arrière et buteur de Provence Rugby, a hâte d’être à vendredi pour être porté, pour la première fois, par plus de 5000 spectateurs. (Photo M.E.)
Florent Massip, arrière et buteur de Provence Rugby, a hâte d’être à vendredi pour être porté, pour la première fois, par plus de 5000 spectateurs. (Photo M.E.)
«Lorsque j’étais enfant, j’allais voir mon père qui jouait au rugby et l’un de mes passe-temps favoris était de prendre le ballon et de l’envoyer entre les poteaux. Mais, je préférais le football. Un jour, un copain m’a proposé de venir terminer la saison avec son équipe de rugby; je pense qu’il y a eu un déclic. Je me suis alors tourné vers le ballon ovale…» Sur son île natale, Florent Massip a grandi en suivant les matchs de championnat local, niveau division d’honneur, qui rassemble une douzaine d’équipes. C’était avant la création d’un petit pôle espoir qui réunit aujourd’hui les jeunes joueurs prometteurs. Le néo-provençal, lui, a suivi la filière «à l’ancienne». «Je me souviens d’un tournoi à Avignon auquel nous participions. Un de mes amis m’a parlé de tenter l’aventure en métropole avec lui. Il avait été détecté par Dax et j’ai franchi le pas, Dax acceptant de nous prendre tous les deux. J’avais 16 ans. Deux mois après mon copain rentrait sur notre île ; il ne supportait pas le déracinement. Quant à moi je suis resté. Et ça fait huit ans que je vis à 10 000 km de ma famille.» En devenant le premier rugbyman réunionnais professionnel, Florent Massip a-t-il ouvert une voie ? La question mérite d’être posée tout en sachant que les ados qui viennent en métropole ont du mal à progresser loin de leurs racines. «Depuis deux ou trois ans, les clubs viennent détecter chez nous ; mais ce n’est vraiment pas évident de percer ici lorsqu’on est gamin. Personnellement, je suis fier d’avoir pu signer un contrat pro. Mais il faut bien se dire qu’il vient récompenser des années de sacrifices loin des miens. Pour moi c’était un rêve de me retrouver aux côtés de joueurs que je voyais à la télé.» Sa position en 15, Florent Massip l’affectionne tout particulièrement. «En fait, c’est Bernard Charreyre, qui fut mon entraîneur à La Réunion, qui m’a proposé ce poste. Comme je jouais gardien de but au foot, être le dernier repart au rugby me plaisait assez. C’est le poste où je me sens le mieux.» Arrière en souvenir du foot et buteur en souvenir des moments enfantins évoqués plus haut. «Taper aux perches m’amuse plus qu’autre chose. Même si c’est plus travail, des entraînements plus longs que ceux des équipiers, des séances répétées… Mais j’ai du plaisir à faire ça. A Dax, c’est Richard Dourthe qui m’avait pris en main pour les entrainements spécifiques. Puis je suis resté sans coach et cette année j’en ai repris un pour régler tous les petits détails qui font la différence. C’est vraiment important de gommer les défauts et les erreurs rapidement. Si tu es au top techniquement, ça facilite les choses psychologiquement au moment de taper.» Cette saison, Florent Massip compte 75% de temps de jeu effectif en championnat. Lorsqu’il regarde en arrière au terme des deux premiers blocs, il est lucide : «C’est vrai que c’est un peu les montagnes russes au niveau des résultats. Mais nous prenons les matches les uns après les autres et c’est toujours le match qui arrive qui est le plus important après avoir débriefé le précédent. A Oyonnax, nous avons été très mauvais. La semaine dernière, aux séances vidéo, les entraîneurs nous ont dit ce qu’ils avaient à nous dire. Mais nous nous sommes aussi parlé entre joueurs. C’était important de se dire les choses. Surtout avant le match de vendredi face au leader Mont de Marsan dans un stade qui devrait accueillir pour la première fois entre 5000 et 6000 spectateurs qui vont nous pousser fort. Nous avons vraiment hâte d’y être… »
Michel EGEA

Pratique. Provence Rugby reçoit Mont-de-Marsan, vendredi 26 octobre à 20 heures au Stade Maurice David, Jas de Bouffan à Aix-en-Provence. Ouverture de la nouvelle tribune Nord à cette occasion. Il reste encore quelques places à 12 € et à 8 € en vente : www.provencerugby.com

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