SARACENS 12 – R.C. TOULON 24

Publié le 29 avril 2013 à  2h00 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  15h49

Impossible is not toulonnais !
Le RCT a signé un exploit ce dimanche après-midi en demi-finale de l’ H-Cup dans le temple de Twickenham face aux Saracens de Londres, la meilleure équipe anglaise du moment (24-12). Un succès qu’il a bâti sur la puissance de son pack et le pied toujours magique de Sir Jonny Wilkinson, auteur de tous les points de son équipe via un 100% au pied. Alors qu’il ne participe que pour la deuxième fois à la plus prestigieuse des compétitions européennes, Toulon décroche ainsi une qualification historique pour la finale le 18 mai prochain à l’Aviva Dublin, où il retrouvera Clermont.

Sir Jonny Wilkinson a une nouvelle fois démontré dans son jardin de Twickenham qu'à bientôt 34 ans (le 25 mai) son immense talent n'avait pas pris la moindre ride.
Sir Jonny Wilkinson a une nouvelle fois démontré dans son jardin de Twickenham qu’à bientôt 34 ans (le 25 mai) son immense talent n’avait pas pris la moindre ride.
Bernard Laporte voulait de l'envie et de l'enthousiasme pour
Bernard Laporte voulait de l’envie et de l’enthousiasme pour
Victor Matfield, Tana Umaga, George Gregan... : Mourad Boudjellal en a recruté des grands joueurs depuis qu'il est président du RCT en 2006. Mais c'est incontestablement en allant chercher Jonny Wilkinson à Newcastle durant l'été 2009, un joueur plombé par les blessures que d'aucuns pensaient perdu pour le haut niveau, qu'il a réussi son plus beau coup.
Victor Matfield, Tana Umaga, George Gregan… : Mourad Boudjellal en a recruté des grands joueurs depuis qu’il est président du RCT en 2006. Mais c’est incontestablement en allant chercher Jonny Wilkinson à Newcastle durant l’été 2009, un joueur plombé par les blessures que d’aucuns pensaient perdu pour le haut niveau, qu’il a réussi son plus beau coup.
Dans ce match où combat et défi physique étaient les maîtres mots, Mathieu Bastareaud a joué les flankers de substitution en mêlée fermée durant l'exclusion temporaire de Danie Rossouw. Et le pack anglais a continué à reculer !
Dans ce match où combat et défi physique étaient les maîtres mots, Mathieu Bastareaud a joué les flankers de substitution en mêlée fermée durant l’exclusion temporaire de Danie Rossouw. Et le pack anglais a continué à reculer !

Un combat : c’est ce à quoi s’attendait, ce dimanche 28 avril à Twickenham, le manager toulonnais Bernard Laporte face aux Saracens de Londres, une équipe leader du championnat d’Angleterre qui bâtit ses succès sur la domination de ses avants et la réussite de son buteur Owen Farrell. Alors « Bernie le barge » avait décidé de densifier son pack en titularisant le puissant troisième ligne sud-africain Danie Rossouw (1,96 m, 117 kg), qui jusque-là n’avait joué qu’un match sous les maillot « rouge et noir », en lieu de place du pourtant toujours précieux Steffon Armitage (1,75 m, 103 kg). Une volonté d’en découdre avec le pack anglais qui transpirait aussi du banc des remplaçants où avaient pris place six avants au coup d’envoi. Un banc toulonnais où Nicolas Durand avait finalement remplacé Frédéric Michalak, jugé encore trop juste pour un match d’une telle intensité.
Et même si le fklanker sud-africain a parfois débordé d’agressivité et récolté un carton jaune pour un plaquage haut en deuxième période, le choix s’est avéré payant. Car ce sont bien les « rouge et noir » qui ont remporté le défi physique qu’ils ont imposé aux Anglais. Ils ont également martyrisé la mêlée des Saracens avec une performance de choix des vieux grognards Andrew Sheridan (33 ans), Sébastien Bruno (38 ans) et Carl Hayman (33 ans). Le pack toulonnais, bousculé dans ce secteur de jeu par le Leicester en quart de finale et Clermont lors du match au sommet du Top 14 à Marseille, a apporté le jour J à l’heure H la plus éclatante des réponses.
Grâce au Sud-Africain Bakkies Botha et à l’Anglais Nick Kennedy, relayé par l’international français Jocelino Suta, le RCT a également su contrer le meilleur alignement d’outre-Manche. Enfin, comment ne pas saluer la performance XXL de la troisième ligne toulonnaise (l’indispensable Chris Masoe, le toujours disponible Juan Martin Fernandez-Lobbe et le guerrier Danie Rossouw), omniprésente dans les rucks, qui a su contrarier toutes les initiatives anglaises.

Signé M. Jonny Wilkinson !

Au final, le RCT a dominé les Saracens dans quasiment tous les compartiments du jeu (55% de possession, 94% de rucks gagnés contre 86,7% aux Anglais, 93% de plaquages réussis contre 88%) lors de cette demi-finale tactique et cadenassée à double tour. Tout juste pourra-t-on regretter que les Toulonnais n’aient pas su jouer davantage chez l’adversaire (51% d’occupation du terrain pour les Saracens) et se préserver ainsi de la menace de la botte d’Owen Farrell. Mais les « rouge et noir » ont en contrepartie été plus disciplinés que leurs adversaires (9 pénalités concédées contre 14).
Et surtout les Toulonnais avaient dans leur rang Sir Jonny Wilkinson qui, comme en quart de finale face au Leicester à Mayol, a été le grand bonhomme de cette demi-finale de H-Cup. Ceux qui anticipaient une passation de pouvoir entre le meilleur joueur de la Coupe du monde 2003 et son successeur sous le maillot du XV de la Rose, Owen Farrell, de 12 ans son cadet (21 ans contre 33) en ont été pour leurs frais. Une nouvelle fois, le « maître », qui retrouvait son jardin de Twickenham pour la 45e fois de sa carrière, a donné la leçon à « l’élève » : 100% au pied (7/7 sur pénalités) contre 80% à son cadet (4/5), un jeu d’occupation au pied toujours aussi précis, sans oublier des inspirations géniales comme cette pénalité réussie des 50 m (56e) ou ce drop magistral claqué à reculons, à six minutes de la fin, malgré un plaquage d’Owen Farrell, qui scellait définitivement le sort de cette demi-finale (21-12, 74e).
En face le demi d’ouverture du XV de la Rose a souffert de la comparaison, coûtant trois points à son équipe suite à un plaquage sans ballon sur Alexis Palisson (16e) ou vendangeant un surnombre par une passe sautée en avant à un moment du match où un essai aurait permis aux Anglais de reprendre le score (52e).

Une finale franco-française face à Clermont

Au final, si la victoire du RCT contre Leicester à Mayol en quart de finale n’avait tenu qu’à un fil (21-15), celle remportée ce dimanche à Twickenham est des plus logiques. Dominateur devant, Toulon a su faire faire parler son expérience (dix trentenaires au coup d’envoi et des centaines de sélections sur le terrain) pour maîtriser cette rencontre et appliquer à merveille le plan élaboré par les entraîneurs qui voulaient « prendre les Saracens devant ». Même s’il est resté sous la menace des Anglais jusqu’aux dix dernières minutes de cette demi-finale, le RCT a toujours semblé maître de son sujet. Avec une première demi-heure quasi-parfaite, toute juste entachée de deux fautes d’indiscipline, il aurait d’ores et déjà pu prendre le large si Delon Armitage avait réussi à aplatir dans l’en-but anglais la passe au pied d’Alexis Palisson à la conclusion d’un superbe mouvement initié par Jonny Wilkinson et Matt Giteau (16e). Et si les dix dernières minutes de la première période furent plus difficiles, la défense toulonnaise a alors su faire front et ne concéder que trois points.
Toulon a ensuite continué après le repos à récolter les fruits du travail de sape de sa première ligne toujours ultra dominatrice en mêlée fermée. Une domination qui s’est même confirmée durant l’infériorité numérique des « rouge et noir » suite au carton jaune récolté par Danie Rossouw (49e), avec un flanker nommé… Mathieu Bastareaud. Enfin, après avoir résisté aux assauts anglais, vint le temps du coup de grâce avec ce drop génial de Sir Jonny Wilkinson (74e).
Au final, le RCT a réussi l’exploit d’éliminer à l’extérieur la meilleure équipe anglaise du moment pour s’offrir une finale historique à l’Aviva Stadium Dublin le 18 mai prochain. Une performance énorme pour un club qui ne participe que pour la deuxième fois à la H-Cup et qui ne disputait ce dimanche que son 15e match dans la plus prestigieuse des compétitions européennes. Il s’agira de la 4e finale franco-française de l’histoire (*) puisque les Toulonnais retrouveront Clermont, présent également pour la première fois à ce niveau après sa victoire sur le Munster à Montpellier (16-10).

Marc BESAGNE

(*) Après Toulouse-Perpignan en 2003, Toulouse-Stade Français en 2005 et Toulouse-Biarritz en 2010.

A Twickenham, dimanche 28 avril, demi-finale de H-Cup
R.C. Toulon bat Saracens 24-12 (12-9)
Spectateurs : 25 584.
Arbitre : M. Alain Rolland (Irlande).
Pour Toulon : 7 pénalités : Wilkinson (5e, 13e, 18e, 25e, 47e, 56e, 77e). 1 drop : Wilkinson (74e).
Pour les Saracens : 4 pénalités : Farrell (3e, 22e, 35e, 50e).
Carton jaune : Toulon : Rossouw (49e).
Evolution du score : 0-3, 3-3, 6-3, 9-3, 9-6, 12-6, 12-9 (MT), 15-9, 15-12, 18-12, 21-12, 24-12.
R.C. TOULON : D. Armitage – Wulf, Bastareaud, Giteau, Palisson – (o) Wilkinson (cap.), (m) Tillous-Borde – Fernandez-Lobbe, Masoe (puis Van Niekerk 72e), Rossouw (puis S. Armitage 65e, puis Kubriashvili 78e) – Kennedy (puis Suta 57e), Botha – Hayman (puis Mermoz 78e), Bruno (puis Orioli 51e), Sheridan (puis Jenkins (62e).
SARACENS : Goode – Ashton, Tomkins, Barritt (puis Hodgson 54e), Strettle (puis Wyles 45e) – (o) Farrell, (m) Wigglesworth (puis De Kock 51e) – Brown (puis Gill 69e), Joubert (puis Kruis 51e), Wray – Hargreaves, Brothwick (cap.) – Stevens (puis Nieto 69e), Brits (puis Smit 64e), Vunipoka (remplacement temporaire Gill 7e-16e, puis Botha 69e).

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