SOS-Méditerranée – Sophie Beau : « Cette inaction de l’Europe je la considère comme criminelle »

Publié le 13 juin 2018 à  23h24 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  18h51

Sophie Beau co-fondatrice et directrice de SOS-Méditerranée ( Photo Robert Poulain)
Sophie Beau co-fondatrice et directrice de SOS-Méditerranée ( Photo Robert Poulain)
Sophie Beau co-fondatrice et directrice de SOS-Méditerranée, ONG européenne de sauvetage en mer vient de lancer un nouvel appel aux dirigeants européens. Elle dénonce la situation de l’Aquarius, en route pour Valence (Espagne), à 1 500 km de leur destination première. Mais, s’insurge-t-elle: «Pendant que l’Aquarius va faire 1 500 km pour débarquer les migrants à Valence, que se passe-t-il sur la zone de naufrage ?» Sophie Beau rappelle «l’épopée» de l’Aquarius, accompagné de deux bateaux italiens, pour acheminer 629 migrants jusqu’à Valence en Espagne, qui laisse un grand vide au large des côtes libyennes où chaque jour des dizaines de personnes tentent une traversée sur des embarcations de fortune. Outre l’Aquarius, un navire des garde-côtes italiens, qui fait partie de la flottille navigant jusqu’à Valence, manque aussi à l’appel. Revient à ce propos sur «l’enfer libyen» où les témoignages décrivent des tortures, des viols, des demandes de rançon… Met en exergue la corruption générale en soulignant l’arrestation de 6 trafiquants d’êtres humains dont le commandant des garde-côte libyens. Parle de manque «de moyens cruciaux pour sauver des vies », de nouvelles victimes «qui sont des morts annoncées». Relate un naufrage survenu mardi, malgré le secours de l’ONG allemande Sea-Watch et d’un bateau américain, 41 naufragés ont été secourus et au moins 12 personnes sont mortes. «En général, il y a au moins 100 personnes par embarcation pneumatique donc on ne peut pas connaître l’ampleur de ce nouveau naufrage», avance-t-elle. Et de s’inquiéter: «Va-t-on revivre le même scénario à chaque fois ?». «Il est urgent, déclare Sophie Beau, que les États européens trouvent un mécanisme pour organiser le sauvetage en mer, la préservation des vies humaines avant toute considération politique.» Rappelant que 15 000 personnes ont perdu la vie en trois ans. «C’est inacceptable, lance-t-elle avant d’asséner: «Cette inaction de l’Europe, je la considère comme criminelle. La société civile se mobilise là où les États sont défaillants. Nous appelons à une solution politique en Méditerranée.» son_copie_petit-242.jpg Intervention de Sophie Beau sophie_beau.mp3 propos recueillis par Mireille BIANCIOTTO
SOS-Méditerranée – Récupération de naufragés ce mercredi 13 juin center> center> center>

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