Secem: le Préfet de Police Olivier de Mazières ouvre cette 2e édition sur la radicalisation violente et le terrorisme (1/4)

Publié le 16 novembre 2017 à  19h25 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  17h47

Le Préfet de Police des Bouches-du-Rhône, Olivier de Mazières, a ouvert la deuxième édition du Secem (Photo Robert Poulain)
Le Préfet de Police des Bouches-du-Rhône, Olivier de Mazières, a ouvert la deuxième édition du Secem (Photo Robert Poulain)
Le Préfet de Police des Bouches-du-Rhône, Olivier de Mazières, a ouvert la deuxième édition du Secem (Sécurité économique et compétitivité des entreprises en Méditerranée) -portée par Association de Criminologie du bassin méditerranéen (ACBM)- en abordant la question de la radicalisation violente, du terrorisme et notamment «la prise en compte du risque au sein des entreprises dans le privé». De noter que cette thématique ne fait pas partie des trois à l’ordre du jour: attractivité du territoire, cybersécurité et échanges économiques en Méditerranée «mais elle est transverse aux trois», précise-t-il. Dévoile qu’entre 500 et 600 personnes sont suivies dans les Bouches-du-Rhône «dont 25% de femmes et 25% de mineurs, sachant que nous avons affaire à de plus en plus de jeunes et de femmes. 40% de ces personnes se trouvent à Marseille et son environnement immédiat, 60% dans le reste du département». Il met en exergue trois points importants : le repérage, la signalisation et la manière de les traiter. Déplore les 241 victimes en France depuis 2015 et annonce «un niveau de menace qui est maximal». «Ne croyons pas que les reculs de Daech en Irak affaiblissent le risque, bien au contraire, prévient-il, «nous sommes une cible parce que nous sommes membres de la coalition qui lutte contre Daech. Nous sommes l’ennemi à abattre parce que la laïcité est le socle de notre organisation. Nous accueillons, et c’est notre chance, une forte communauté musulmane. Elle est en revanche la cible des prosélytes en tous genres». Rappelle également que «les musulmans sont les premières victimes des attaques terroristes dans le monde». Évoque des menaces venant d’un large spectre allant «de commandos paramilitaires jusqu’à des personnes dont le moteur est la maladie mentale revendiquant l’Islam à la dernière minute, sans oublier le phénomène des revenants, 700 personnes auxquelles on peut ajouter 500 mineurs. Et, même si nous avons tendance à l’oublier, la menace Al Al-Qaïda pèse toujours». Il indique les signaux qui doivent interroger: «Le premier point est la rupture des individus avec leur environnement. Il y a des indicateurs forts tels que les discours prosélytes, victimaires, identitaires. Il y a ensuite des indicateurs plus faibles tels que le changement d’apparence, des pratiques très radicalisées, des exigences religieuses au sein de l’entreprise. Dans ces cas là il n’y a pas de certitude de radicalisation violente mais il faut être attentif. En cas de doute, ne vous abstenez pas, signalez-le au 0 800 005 696. On peut même le faire, si on le décide sous couvert d’anonymat. Derrière la plateforme, il y a des policiers, formés, qui font un premier tri, 50% des interventions viennent des familles. Vous pouvez également prévenir vos policiers, gendarmes référents, ils sont capables de vous aider et vont faire remonter l’information. Enfin, vous pouvez me prévenir à la Préfecture de Police». «Lorsque nous avons un signalement, poursuit-il, nous allons le traiter au plus près du terrain, un examen est effectué par les services de renseignement et de police en présence de l’autorité judiciaire, la réalité de la dangerosité de la personne est évaluée. Cela se fait en 15 jours, 3 semaines. Si la personne a des pratiques radicales mais aucune dangerosité le cas est écarté, parfois, on découvre que la personne est en détresse et relève plus d’un accompagnement social, travail mené avec des structures telles que la CAF, le Département, l’Éducation Nationale, Pôle Emploi…». Puis, il y a les cas dangereux qui sont entrés dans un fichier national «qui permet un suivi, même lorsque la personne change de département. Ce travail de renseignement peut déboucher sur une action judiciaire». Et d’insister: «Lorsque vous avez un doute, signalez la personne, cela ne veut pas dire que vous allez stigmatiser quelqu’un mais qu’il sera évalué par des personnes compétentes. Dans le secteur privé il faut anticiper la question religieuse avant qu’elle ne se pose et cela doit se travailler avec la sécurité, les ressources humaines et le juridique afin d’apporter les réponses les plus pertinentes. Après, il faut bien mesurer que la radicalisation touche une extrême minorité de la population et qu’en France, on peut pratiquer la religion, y compris de façon ritualisée. Donc il importe de refuser l’amalgame tout en étant vigilant».
Michel CAIRE

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