Semaine Economique de la Méditerranée: les nécessaires connexions entre les rives de la Méditerranée

Publié le 3 novembre 2016 à  8h21 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h45

(Crédit photo: Bernard Royo)
(Crédit photo: Bernard Royo)

«Marseille, c’est 26 siècles d’Histoire au cœur de la Méditerranée et c’est une ville au centre d’un territoire connecté», indique, en ouverture de la dixième semaine économique de la Méditerranée, Bernard Valero, le directeur de l’Agence des villes et territoires méditerranéens durables (Avitem) et de la Villa Méditerranée. «Le développement économique est un enjeu, poursuit-il, nous sommes bien outillés à Marseille pour relever ce défi. Mais, nous ne réussirons que si nous sommes connectés avec nos voisins de la Méditerranée et au-delà car, il faut éviter toute amorce de fracture numérique entre les rives de la Méditerranée».
Assia Bensalah Alaoui, co-présidente de l’Office de coopération pour la Méditerranée et l’Orient (Ocemo), ambassadeur itinérant du Roi du Maroc, souhaite «des débats fructueux» avant de déplorer: «trop de personnes jugent la Méditerranée à l’aune des zones d’ombre. Mais, nous n’allons pas céder aux sirènes des Cassandre et nous allons offrir l’avenir auxquels des milliers de jeunes aspirent». «C’est notre solidarité qui doit prévaloir pour conforter notre vivre ensemble si malmené mais si nécessaire», lance-t-elle, avant de rappeler que pendant trois jours chercheurs, entrepreneurs et politiques «vont se pencher sur les pistes à creuser, les politiques à confectionner afin de montrer les chemins vers la lumière». Pour Assia Bensalah Alaoui : «Une nouvelle aire s’est ouverte avec le numérique. Il transforme des systèmes de production, des modes de vie, jusqu’à nos chaînes de pensée. Il offre des opportunités formidables, un potentiel infini. Mais lourdes de risques sont les périodes de transition. Comment allons nous garantir la formation de tous, y compris des moins jeunes? Il faut éviter la déconnexion entre l’Occident connecté et un Islam déconnecté si prôné par les forces rétrogrades. Et, il faut aussi éviter la déconnexion au sein de nos sociétés. Car, il ne faut pas d’un système où le savoir maintien l’ignorance et la pauvreté. Une coopération renforcée, une solidarité agissante doivent prendre tout leur sens pour notre Méditerranée».

«13 câbles sous-marins sur 260 débouchent à Marseille»

Pierre-Jean Benghozi, membre du collège de l’Autorité de Régulation des communications Électronique et des Postes et Adel Ben Youssef, maître de conférences, Université de la Côte d’Azur plantent le décor de cette semaine. Le premier indique: «Marseille est très connectée, 13 câbles sous-marins sur 260 débouchent à Marseille », puis d’en venir aux trois piliers du numérique: «La technologie, l’infrastructure qui permet de faire circuler et traiter l’information de la connaissance; les chaînes de valeur qui évoluent. On le voit, entre autres, avec l’uberisation de la société. On repense l’offre de services, l’économie de ces services. Cette arrivée de nouveaux intervenants complexifie la situation et rend essentiel le rôle de la gouvernance et de la régulation. Enfin dernier pilier, l’économie numérique revisite la question de la localisation. Le numérique globalise l’offre et, dans le même temps, redonne toute son importance au territoire. C’est bien parce qu’il y a des fournisseurs locaux et des clients locaux que la plateforme globale fonctionne». «L’économie numérique, poursuit-il, c’est un nouveau monde, une industrie de coût fixe. Il faut investir beaucoup dans un premier temps. C’est une économie de réseau qui va favoriser des effets de monopole, c’est donc une vraie épreuve pour le régulateur».
«Je vois arriver un tsunami numérique», proclame Adel Ben Youssef selon lequel «confrontés à cela les pays méditerranéens doivent construire des pilotis pour installer une plateforme sur laquelle ils pourront se poser les bonnes questions pour y répondre». Il développe sa pensée: «Nous allons connaître dans les cinq prochaines années une révolution équivalente à celle des … cinquante dernières années». Il rappelle que les réseaux sociaux voient le jour en 2004, l’internet mobile en 2008. «Nous sommes devenu l’Homme Terminal, nous sommes connectés» «Plus de 90% des données générées par l’Humanité l’ont été lors de ces deux dernières années», avance-t-il. Avant de considérer: «Nous assistons à une course folle pour être la ville connectée mais pourquoi? Ce doit être pour organiser une mobilité pertinente et développer les solidarités ». Il évoque les robots «qui sont entrés dans nos mœurs». Parle de deux rapports sur l’intelligence artificielle qui ont été remis à Obama. «Ce dernier a immédiatement tenu à les rendre public indiquant que son successeur devrait gérer un pays transformé par l’intelligence artificielle». Il reprend: «Que dire de l’impression 3D, de la révolution qu’elle va produire? Sans oublier les routes et les autoroutes qu’il va falloir modifier pour les voitures et les camions autonomes». Pour Adel Ben Youssef c’est dans l’arrivée en même temps de toutes ces technologies que réside le tsunami numérique. «Face à cela, il faut assurer la connectivité de tous les citoyens car autrement il existera un monde connecté et un sous-monde. Il faut modifier la politique de subvention. En Tunisie, par exemple, on subventionne fortement les transports, ne vaudrait-il pas mieux subventionner la connectivité? Il faut changer également le modèle éducatif, promouvoir l’administration numérique. Il faut, enfin, préserver les libertés fondamentales sur Internet»
Michel CAIRE

Semaine économique de la Méditerranée : stop ou encore?

(Crédit photo: Bernard Royo)
(Crédit photo: Bernard Royo)

Philippe De Fontaine Vive s’interroge sur le devenir de la Semaine Économique de la Méditerranée: «La manifestation a dix ans, à cet âge un élève brillant s’apprête à passer dans le secondaire. Il faut s’adapter, doit-on développer la dimension business? Nous proposons pour la première fois un village des entreprises. il faut certainement s’ouvrir à l’Afrique sub-saharienne», préconise-t-il. Annonçant: «C’est la dernière Semaine de l’Économie que nous organisons, nous avons apporté notre expérience, c’est maintenant aux collectivités de prendre la main». Le propos fait réagir Jean Roatta en charge des relations internationales à la Ville de Marseille: «Voilà 10 ans que je viens à cette semaine organisée de façon exceptionnelle par l’Ocemo, Il ne peut être question d’avancer quelque chose ce mercredi matin alors que nous allons tenir un conseil d’administration qui décidera, j’en suis sûr, de continuer. Je le dis d’autant plus que cette année nous assistons à l’arrivée d’un nouveau partenaire, le Département 13 qui, jusque là n’avait jamais financé l’opération ». Patrick Boré, 1er Vice-Président du département 13, en charge des Relations internationales et Affaires européennes, indique pour sa part que, si l’institution finance cette année, ce n’est pas pour être partenaire de la dernière édition. «Le CD13 est partenaire de la SEM qui se veut être un événement qui contribue au développement économique du territoire de Provence et de la Zone Méditerranée pour favoriser l’attractivité et le rayonnement du territoire de Provence; accompagner les projets en faveur du développement économique et créer du lien entre les pays méditerranéens et le territoire de Provence», précise-t-il. Jean Roatta évoque pour sa part la vente de la Villa Valmer: «Elle va devenir un hôtel, un appel à projets a été lancé mais les réseaux qui sont installés dans ces locaux doivent savoir qu’ils ne seront pas à la rue». Daniel Sperling, parlera de la Villa Méditerranée : «Christian Estrosi expliquera sa démarche d’ici la fin de l’année sachant qu’un audit a été réalisé et que deux solutions existent: soit nous vendons cet équipement soit nous le conservons»
M.C.

Articles similaires

Aller au contenu principal