« Simon Boccanegra », magistrale ouverture de saison à l’Opéra de Marseille

Publié le 4 octobre 2018 à  23h06 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  19h00

La mort de Simon Boccanegra dans les bras de sa fille Amelia, l’un des tableaux forts de cette production scéniquement signée Léo Nucci (Photo Christian Dresse)
La mort de Simon Boccanegra dans les bras de sa fille Amelia, l’un des tableaux forts de cette production scéniquement signée Léo Nucci (Photo Christian Dresse)
Considérée trop souvent, à tort, comme une œuvre de jeunesse de Verdi, «Simon Boccanegra» est, assurément, l’une des partitions d’opéra les plus originales du compositeur italien : une musique dense, resserrée, laissant toute sa place au drame, sans temps morts et sans fioritures, aux accents, parfois, wagnériens… L’histoire du Doge de Gênes, mais surtout celle d’une jeune femme, sa fille Amelia, une histoire d’amour rédempteur qui mettra fin aux querelles fratricides entre plébéiens et patriciens, entre grandes familles génoises. L’amour qui unit autour du drapeau de la ville ou du pays : un concept qui était loin de déplaire au maestro. Une production mise en scène par Léo Nucci qui tout au long de sa carrière a incarné Boccanegra et qui, à la demande du théâtre de Piacenza, a travaillé, entre cour et jardin, pour offrir une vision traditionnelle, mais très efficace, de l’œuvre. Tableaux élégants, ensembles somptueux, duos empreints de puissance et de densité : de la belle ouvrage signée Nucci et son équipe. Extrême qualité, aussi, dans le travail du maestro Paolo Arrivabeni qui se souvient avoir rencontré son épouse alors qu’il dirigeait «Simon Boccanegra» pour la première fois… De l’orchestre de l’Opéra, qu’il connaît et affectionne tout particulièrement, le directeur musical obtient le meilleur des couleurs, des nuances et de la puissance. Il fallait bien cela pour mettre en valeur cette partition, répétons-le, des plus originales. A l’unisson le chœur de l’opéra épouse le drame, loin des grandes envolées de masse chères à Verdi, mais sombre et précis, préparé idéalement, comme à l’habitude, par Emmanuel Trenque. Sur le plateau, Maurice Xiberras, le directeur général de l’Opéra a réuni un casting d’autant plus exceptionnel que quatre des solistes présents prenaient leurs rôles respectifs. L’Amelia d’Olesya Golovneva ne manque ni de charme, ni de personnalité et Laurence Janot est, à ses côtés, une idéale servante. Du côté masculin de la distribution, Juan Jeus Rodriguez est un immense Boccanegra, voix puissante, physiquement imposant, il se taille un beau succès mérité. Pour Nicolas Courjal, qui campait Jacopo Fiesco, le public marseillais a les yeux (et les oreilles !) de Chimène pour Rodrigue ; Et c’est mérité. Courjal impose avec élégance un chant maîtrisé, souple et rond. Une très belle prise de rôle. Ricardo Massi, qui incarne Adorno, est puissant et direct ; belle projection et ligne de chant agréable ; des qualités que l’on retrouve aussi chez Alexandre Duhamel qui prête traits et voix à Paolo Albiani. Beau succès mérité pour le baryton français. Cyril Rovery est un Pietro parfait, vocalement mais aussi physiquement, conférant au rôle son côté inquiétant sans forcer son talent. Enfin, Christophe Berry, le capitaine, complète idéalement cette distribution homogène qui assure, de fait, une magistrale ouverture à la saison lyrique…
Michel EGEA

Pratique. « Simon Boccanegra » les 5 et 9 octobre à 20 heures, le dimanche 7 octobre à 14h30. Location au 04 91 55 11 10 / 04 91 55 20 43.
opera.marseille.fr

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