Social : Manifestation de la fonction publique à deux têtes pour un même corps à Marseille

Publié le 15 mai 2014 à  22h30 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  17h50

Toutes les strates de la fonction publique d’État, Territoriale et Hospitalière ont battu l’asphalte ce jeudi 15 mai à Marseille pour les salaires et l’emploi.
L’unité syndicale était à deux doigts de se former mais deux cortèges se sont inscrits au programme. Le premier est parti de l’UD FO, ancienne Bourse du travail, à 10 heures via le cours Lieutaud jusqu’à la Préfecture et l’intersyndicale (CFDT, CFTC, CGT, FA-FPT, FSU, Solidaires et Unsa) rassemblée au Vieux-Port a démarré pour un même parcours dès 11 heures.

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(Photo Philippe Maillé)
(Photo Philippe Maillé)
(Photo Philippe Maillé)
(Photo Philippe Maillé)
Mêmes revendications, même combat, ils étaient des milliers, in fine, à défendre la fonction publique avec en ligne de mire le gel du point d’indice qui sert de base au calcul de leurs salaires, bloqué depuis 2010 et l’annonce par le gouvernement d’une poursuite du gel pour 3 années supplémentaires.
D’un cortège à l’autre les slogans vont de concert : «Des moyens pour l’éducation pas pour les patrons»; «Pour une fonction public au service du citoyen»; «Nous ne sommes pas des nantis mais des travailleurs » ou encore «Les salaires gèlent et moi je ne peux plus manger».
Un pouvoir d’achat qui se réduit comme peau de chagrin et une charge de travail qui augmente en raison de suppressions de postes «à la suite du non remplacement d’un départ à la retraite sur deux», est-il souligné.

«Une surpopulation carcérale qui a atteint une augmentation de 150%»

Khalid Belyamani secrétaire régional Paca Corse CGT pénitentiaire, explique que son secteur est confronté «à une surpopulation carcérale qui a atteint une augmentation de 150%. Une surpopulation qui crée un climat conflictuel et les personnels subissent des violences verbales et physiques ». Et de s’inquiéter avec la période estivale qui arrive «toujours plus difficile à gérer ». Il rappelle : «Avec la Révision générale des politiques publiques (RGPP), nous devons faire plus avec moins de personnes et plus de détenus. Tout en supportant par ailleurs, le gel du point d’indice». «Nous avons également, poursuit-il, plus de missions notamment avec l’extraction judiciaire qui était effectué avant par la police». Il tient également à souligner que les difficultés ne touchent pas que les surveillants mais tous les corps de personnels du ministère de la Justice : administratifs, techniciens, travailleurs sociaux…
On note également la présence du Comité chômeur CGT. Soraya Pousmaha de préciser :« Nous sommes là pour soutenir les agents de la CAF13 qui ont vu leurs centres fermés au public».

«Nous avons de plus en plus de travail avec de moins en moins de personnels»

Les hospitaliers sont largement représentés. Serge Bedrossian, délégué CGT Timone dénonce: «Nous sommes contraints à un retour à l’équilibre budgétaire». Ironisant : « Nous dépensons trop l’argent de l’État, sachant que 70% de ce budget sont destinés aux personnels. De fait les départs en retraite ne sont pas remplacés, les postes vacants non attribués, le manque de personnel se fait ressentir». Il explique en donnant quelques exemples : « Au bloc opératoire on se retrouve parfois avec une infirmière anesthésiste pour 3 patients en salle de réveil, un contexte hors la loi ou encore une infirmière pour 25 lits. Nous avons de plus en plus de travail avec de moins en moins de personnels ». Il en vient au mois de septembre: « L’Hôpital de la Timone va accueillir toutes les urgences de l’AP-HM. Cela va être un tsunami avec un flux en moyenne de 250 ambulances par jour. Et tout cela avec à peine un peu plus de personnes ». Et tient à souligner : «Pour la direction on est aujourd’hui une entreprise comme une autre pas un service public de santé.»

«On court de partout pour des bouts de chandelles. Et cela a des conséquences pour les jeunes»

Mireille Lescure (SNEPS) est éducatrice à la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) qui a en charge les jeunes délinquants dans le secteur éducatif. «C’est récurrent, sur le terrain on a vu au fur et à mesure les moyens au niveau des personnels et financiers diminuer. On court de partout pour des bouts de chandelles. Et cela a des conséquences pour les jeunes.»
elle poursuit: «Les familles d’accueil qui reçoivent des ados, des délinquants, sont payées la moitié de ce que touchent les familles d’accueil des petits (ASE) et souvent elles doivent aller quémander pour un ticket de bus. Ce n’est bien ni pour nous ni pour les minots. On observe d’ailleurs qu’il y a de moins en moins de familles d’accueil pour nos ados. C’est un grave problème ».
« En 40 ans de carrière je n’ai jamais vu ça», s’exclame Jean Sicard, Parti de gauche, aujourd’hui à la retraite. «Les fonctionnaires sont loin d’être des privilégiés et la précarité, il la connaisse depuis longtemps notamment à l’Éducation.»

«Ce n’est pas en serrant la vis que l’on va remettre le pays en marche»

Jean-Marc Coppola, Front de gauche, salue l’appel unitaire. « Ils sont contre l’austérité et revendique la nécessité de maintenir les services publics et il faut leur donner des moyens. Ce n’est pas en serrant la vis que l’on va remettre le pays en marche. En Europe nous réaffirmons la singularité française des services publics, la cohésion sociale et plutôt que de privatiser il faut donner plus de moyens. Nous sommes en plein débat sur la Réforme des collectivités territoriales, nous savons que les collectivités investissent beaucoup et l’on assiste à un passage de cette réforme à la hussarde pour éviter un référendum».

« Il n’y a pas de République sans fonctionnaires »

« Après avoir entendu le discours de politique générale du Premier ministre Manuel Valls, René Sale, secrétaire FO d’Aix-en-Provence de s’insurger contre le pacte de solidarité et la réduction de 50 milliards des dépenses publiques.» Il met en exergue «la coupe» qui va toucher les hôpitaux à hauteur de 5 milliards d’euros, tout comme l’Assurance maladie pour le même montant avec les conséquences qui en découleront.
Pour FO, cette politique «suicidaire» impose « une réduction importante de l’accès aux services publics et leur qualité, Remet en cause l’égalité républicaine et s’attaque au statut des personnels et réduit encore plus leur pouvoir d’achat et les effectifs ».
Et pour conclure cette matinée revendicative Gérard Dossetto, secrétaire départemental de FO de rappeler : «Il n’y a pas de République sans fonctionnaires».
Patricia MAILLE-CAIRE

Reportage Photos Philippe Maillé

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