Tourisme : Provence-Alpes-Côte d’Azur pulvérise ses records

Publié le 27 septembre 2018 à  12h36 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  19h00

L’année 2018 a commencé on ne peut mieux : la fréquentation touristique en ce premier semestre est la meilleure enregistrée sur les dix années passées. Le fait d’une clientèle internationale venue en force… Toutefois, ce n’est qu’au prix d’une montée en gamme et d’une diversification de l’offre que Provence-Alpes-Côte d’Azur signera de façon pérenne avec la croissance.

François de Canson , président du CRT région Sud (Photo Robert Poulain)
François de Canson , président du CRT région Sud (Photo Robert Poulain)
Un premier semestre flamboyant… et des signaux plutôt positifs pour le suivant. Le CRT, à l’heure du bilan touristique, n’a en effet de cesse de se frotter les mains, et pour cause : avec près de 5,2 millions d’arrivées et plus de 10,1 millions de nuitées comptabilisées dans l’hôtellerie, la région Sud signe le meilleur niveau de fréquentation touristique jamais enregistré depuis 10 ans. Elle ne totalise pas moins de 74 000 nuitées supplémentaires par rapport au premier semestre 2017. Niveau chiffre d’affaires, la Région signe l’une des meilleures performances françaises, avec un rebond de 4,4% pour celui de l’activité hôtelière urbaine à fin juin, et de 7,8% pour le mois de juillet 2018. Des résultats en croissance qui ont été portés par la fréquentation internationale (3,8 millions de nuitées, en augmentation de 3,3% par rapport à 2017). Et plus particulièrement par un trio de tête, le Royaume-Uni avec 531 000 nuitées (+7%), les USA avec 446 300 nuitées (+12%) et l’Allemagne avec 398 700 nuitées (+1%). «Nous sommes la deuxième destination française pour l’accueil des touristes internationaux. Cette réalité nous honore et nous oblige. Le CRT est présent dans la promotion de nos destinations, il crée des événements, développe l’offre à l’international. En BtoC, nous nous étions positionnés sur les trois marchés que sont les USA, l’Allemagne et la Grande Bretagne», avance son président, François de Canson. Les chiffres montrent donc que cette offensive commerciale a porté ses fruits. Ce n’est pas terminé : «Nous sommes en cours de construction d’une grande campagne digitale à l’étranger qui avoisine le million d’euros, avec Atout France et Expedia ». Par ailleurs, le choix de Marseille pour la tenue du salon Rendez-vous en France au mois de mars (la plus grande manifestation professionnelle du secteur) devait jouer en la faveur du territoire. Plus de 1 000 tours operators venus de toute la planète viendront se faire courtiser en Provence. «La moitié de ces TO visiteront la région les quatre jours précédant le salon. On les a, il faut tout leur montrer et illustrer que l’on est les meilleurs, qu’il y a de tout pour tout le monde. C’est une carte à jouer», insiste le président du CRT, qui vise les 100 millions de touristes étrangers d’ici 2020. Les raisons, on les comprend : «Ils ont une plus grande propension à consommer, avec un panier moyen deux fois plus important que celui des Français».

De bonnes perspective en septembre

Une clientèle française qui, quant à elle, reste quasi stable avec 6,2 millions de nuitées (-1% par rapport à 2017). Plusieurs motifs à cela : une mauvaise météo, des grèves au printemps et une attractivité retrouvée pour certaines destinations méditerranéennes low cost, au détriment de la France et donc, de la Région. Et si l’on embraye sur juillet, d’autres facteurs n’ont pas toujours pesés du bon côté de la balance. Le tour de France a déserté les Alpes, qui a toutefois profité de l’effet canicule, la coupe du monde et sa victoire ont eu aussi des impacts sur la fréquentation, la consommation des ménages a baissé, avec un prix du carburant à la pompe passé de 13 à 21%… A voir si les mois suivants vont permettre d’équilibrer les choses. Il semblerait que oui, puisque de bonnes perspectives s’annoncent déjà pour septembre, avec une augmentation de 6% du taux de réservation dans l’hôtellerie par rapport à la même période en 2017. On constate aussi un bond de 2,4% en termes de réservations aériennes. Mais pour l’heure, François de Canson ne veut pas se prononcer sur ces deux seuls mois estivaux, puisque certains chiffres manquent à l’appel, notamment ceux de l’hébergement dit collaboratif, conséquent dans l’Hexagone : la France est en effet le 2e marché d’AirBnb…

Désaisonnaliser

Toujours est-il que le CRT entend aujourd’hui ne pas seulement miser sur la fourchette exclusive allant de la mi-juillet à mi-août, «période surmédiatisée». En termes de stratégie, le maître mot à présent, c’est désaisonnaliser la fréquentation touristique. A savoir que cela n’est possible qu’avec certains profils de visiteurs, notamment les personnes sans enfants scolarisés. A charge donc de concevoir des produits qui puissent leur parler… «Il nous faut voir avec les grands groupes pour créer d’autres offres, trouver des solutions alternatives. Lors de Rendez-vous en France, nous allons proposer aux agences positionnées sur le réceptif de s’investir dans cette stratégie». Autre impératif, miser sur une montée en gamme de cette offre. « Les seuls chiffres de fréquentation ne suffisent pas à qualifier une saison de bonne ou de mauvaise. Il y a aussi l’impact environnemental : ce n’est pas une variable d’ajustement. Il s’agit d’un combat au quotidien… Maire d’une commune touristique (La Londe-les-Maures ndlr) , je connais trop bien la fragilité de cet Eden ! Il ne faut donc pas céder à cette course effrénée de la fréquentation. Nous risquons ensuite d’assister à une érosion de la satisfaction client, comme c’est le cas par exemple à Barcelone. Il faut donc se poser de vraies questions, concevoir des expériences inattendues». Aux dires de François de Canson, cette montée en gamme pourrait même séduire à nouveau la clientèle française repartie hors de France en Méditerranée. Parce que «si elle retrouve le goût du voyage, elle reviendra ici ». Idem avec les croisiéristes, qu’il faut «aller chercher sur leur paquebot afin de leur proposer des produits touristiques, des circuits en car par exemple pour découvrir d’autres facettes de la Provence». Bref autant de chantiers à venir illustrant que «la promotion ne fait pas tout». Ce n’est qu’au prix d’une offre plus qualitative que la réussite s’ancrera dans le long terme.
Carole PAYRAU

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