Tourisme en Provence-Alpes-Côte d’Azur: Un bilan estival aux couleurs de la météo mi-figue, mi-raisin

Publié le 29 août 2014 à  23h30 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h08

(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)
Michel Zorzan ADT 04, Pierre Meffre, président du Crt, Jean-Pierre Serra, ADT83 ont présenté le bilan tourisme en Paca 2014 (Photo Robert Poulain)
Michel Zorzan ADT 04, Pierre Meffre, président du Crt, Jean-Pierre Serra, ADT83 ont présenté le bilan tourisme en Paca 2014 (Photo Robert Poulain)

L’ambiance est à la morosité chez les professionnels du tourisme en Paca «2014 n’est pas la hauteur des espérances», indique Pierre Meffre, Président du Comité régional de tourisme (CRT) Paca. En effet, la fréquentation au mois de juillet «a été très compliquée », tous les modes d’hébergement ont accusé un déficit allant de -3 % à -7% mais les professionnels font état d’une fréquentation beaucoup plus satisfaisante en août 2014. «Même avec 100 % d’occupation en août, nous n’aurions pas pu rattraper le retard pris en juillet », regrette Pierre Meffre.
Même si la région Paca reste la première région d’accueil des touristes, la fréquentation du cœur de saison (mi-juillet à mi-août) est jugée par les professionnels comme l’une des plus basses de ces dernières années en Paca (72 % d’opinions positives contre 80 % en 2013 et seulement 12 % d’appréciations « très bonne » contre 21 %).
En cause notamment la météo peu favorable, mais aussi un pouvoir d’achat en baisse et une crainte en l’avenir qui poussent les touristes français à modifier leurs habitudes de consommation.
Si les chiffres s’appuient sur ceux de 2013, le CRT de rappeler : «En 2013, deux grands événements ont porté la fréquentation touristique :MP2013 et le passage du Tour de France. Cette année, il y a eu une absence d’événements et l’effet Coupe du monde a réduit les départs. »
Outre une météo peu favorable, le pouvoir d’achat, nerf de la guerre, est en berne. Les touristes ont restreint leur budget vacances (restauration, dépenses de loisirs, dépenses annexes,…) et le rapport qualité/prix est scruté à la loupe. Les vacanciers raccourcissent également la durée de leurs séjours, et les réservations de dernière minute sont en croissance en fonction de la météo mais aussi des promotions qui ont été pratiquées au cœur même de l’été (-20, -30 à -50%). Le CRT de souligner que «70 % des ventes réalisées en juillet l’ont été grâce à des promotions».

Les employeurs incitent leurs salariés à concentrer les congés en août

Jean-Pierre Serra, président de l’agence de tourisme du Var de reprendre «Au-delà du phénomène conjoncturel, l’effet météo, le pouvoir d’achat, le phénomène est aussi structurel, la première quinzaine de juillet ne fait plus partie de la haute saison puisqu’elle démarre le 14 juillet. Les professionnels ont tout intérêt à repenser leur grille»
«Tout autant, poursuit, Pierre Meffre, que les employeurs incitent leurs salariés à concentrer les congés en août pour faire face au ralentissement d’activité. »
Autre frein mis en exergue par le président du CRT : «On pâtit également d’une concurrence plus dure. Les touristes ont favorisé les destinations les moins chères, notamment en direction de la Méditerranée : Espagne, Italie, Maroc Tunisie… ». Pointant notamment l’Espagne « qui a tiré les prix cette année à un niveau inégalé. La France c’est de la dentelle fine, l’Espagne, une usine».

La désaffection de la clientèle russe compensée par celle du Moyen-Orient

Pour cette saison 2014, le touriste français se retrouve en retrait, «pourtant 1 Français sur 5 choisit Paca pour ses vacances», est-il signalé. En revanche, indique le CRT, «On a assisté à un fort rebond des Italiens, des Allemands et, plus lointains, les Nord-Américains + 14% , les Canadiens +17%. On a également assisté à une forte présence de la clientèle asiatique notamment dans le Vaucluse. Le Bémol concerne la désaffection de la clientèle Russe -5% compensée par celle du Moyen Orient ». Pierre Meffre n’omettant pas de rappeler : «un Français dépense en moyenne 58€/jour , un touriste lointain 150 à 250€/ jour».

Les petits hébergements indépendants sont les plus touchés

Les plus touchés par la crise ce sont les petits hébergements indépendants . «Ils sont isolés par rapport aux grands groupes». En effet, explique le CRT, d’un côté : des groupes, des marques, des réseaux forts qui grâce à un marketing pointu, un bon référencement, une diversification des créneaux de commercialisation continuent à gagner des parts de marché, et sont en hausse sur Paca pour une majorité d’entre-deux.
De l’autre : des indépendants qui pour les périodes où la demande est moins forte subissent de fortes baisses de réservations, notamment les 15 premiers jours de juillet.
La prime à l’innovation, à l’investissement s’est traduite par une progression des hébergements et des réseaux qui ont amélioré leur offre, la diversification de leurs produits : parcs aquatiques dans les HPA, espaces bien-être, remise en forme dans les hébergements, hébergements de charme et/ou atypiques, package événementiels et festivals… Or, les répercussions du mauvais mois de juillet pour Paca peuvent se traduire la saison prochaine par un ralentissement des investissements. Par ailleurs, on assiste à des parts de marché qui s’étiolent pour une majorité d’acteurs du fait de l’apparition de nouveaux commercialisateurs (Airbnb, Homelidays… pour la location, sites de vente en ligne…) et du renforcement des groupes et marques ayant les moyens du référencement et de la commercialisation ciblée.
Bruno James, directeur du CRT de prévenir : « On est dans une période de révolution de l’hôtellerie. Des petits hébergements vont disparaître de par la loi du marché et ce serait un drame de perdre des lits dans la Région. Et de conseiller aux hôteliers indépendants de se regrouper pour anticiper ensemble les évolutions du marché et s’y adapter».

Les activités culturelles et les grandes villes ont tiré leur épingle du jeu

La météo maussade n’a pas desservi tout le monde, les activités culturelles et les grandes villes ont tiré leur épingle du jeu en conservant un niveau de satisfaction comparable à celui de l’année dernière (89%). Les grands sites culturels ont tenu leurs promesses, comme par exemple la collection « Pearlman » présentée au Musée Granet (Aix-en-Provence) qui a accueilli 55 000 visiteurs. Les Festivals de la région affichent également des résultats satisfaisants : +13% de fréquentation payante pour le festival Jazz de Juan-les-Pins (50 000 spectateurs au total), 82 000 places vendues pour le Festival d’Aix-en- Provence, un nombre moyen de spectateurs par concert en hausse au Festival de Piano de la Roque d’Anthéron (77 640 entrées). Et à Marseille, le Mucem est toujours au-delà des prévisions et a ainsi attiré 430 000 visiteurs, dont 120 000 dans les expositions payantes en juillet et août 2014.
Il est toutefois à noter que certains Festivals ont connu une édition 2014 plus contrastée comme celui d’Avignon qui a dû faire face à une baisse de fréquentation et de chiffre d’affaire (90% de remplissage, contre 95% en 2013).

La restauration est le domaine le plus sinistré

Pour Pierre Meffre: «La restauration est le domaine le plus sinistré. Le haut de gamme s’en sort, quant aux restaurants classiques, ils sont confrontés à l’exigence d’une clientèle qui ne se lâche plus et qui est plus sur un rapport qualité-prix».
Bruno James de revenir sur le rôle du CRT «qui n’a pas la capacité financière de soutenir l’investissement». Notant que «les sommes engagés ne sont pas la hauteur des enjeux. L’amélioration de l’hôtellerie et la création des équipements, c’est de l’argent public. Le rôle du CRT concerne essentiellement des actions de soutien, de la sensibilisation, une aide à la maîtrise des outils à travers d’ateliers».
Pierre Meffre de remarquer «le dédain des décideurs», affirmant: «Le tourisme est aussi important que certains pans de notre industrie».
Toujours est-il, que les professionnels préparent 2015 où il faudra se montrer «imaginatif».
Patricia MAILLE-CAIRE

Les chiffres de l’été 2014 en Provence-Alpes-Côte d’Azur

Paca: Première région d’accueil des touristes en été (Français + étrangers cumulés) Vacances d’été :
-108 millions de nuitées soit 50 % de la fréquentation touristique annuelle
-1,8 million de touristes présents en moyenne par jour dans la région
-Pointe de fréquentation vendredi 15 août avec 2,7 millions de touristes présents
-6 milliards d’euros de recettes liées aux dépenses des touristes sur place
-Dépense moyenne par jour et par personne en été : 58 €
-Budget moyen pour un groupe/ famille de 4 personnes : 2 000 €
-163 000 emplois touristiques au cœur de l’été soit 8 % de l’emploi total 11% du PIB régional (sur l’année)
Résultats basés sur 3ème vague d’enquête de conjoncture estivale, réalisée du 18 au 20 août 2014 auprès de 586 professionnels de la région Enquête Protourisme

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