Publié le 10 octobre 2017 à  0h30 - DerniÚre mise à  jour le 28 octobre 2022 à  17h40
«La concertation dans le cadre de ces assises qui se conclut aujourdâhui nous a permis dâidentifier des axes prioritaires simples et facilement atteignables pour amĂ©liorer la qualitĂ© et la performance de lâoffre de transport public rĂ©gional» a indiquĂ© Renaud Muselier, prĂ©sident de la RĂ©gion Provence-Alpes-CĂŽte d’Azur, en clĂŽture des Assises rĂ©gionales des transports, ce lundi 9 octobre. Avant de prĂ©senter les grandes orientations de la StratĂ©gie rĂ©gionale des transports qui se dĂ©clineront en quatre axes prioritaires : simplifier la vie du voyageur, adapter et expĂ©rimenter de nouveaux services, promouvoir l’offre et l’utilisation de transports en commun propres et poursuivre le dialogue avec les usagers et les acteurs des transports. Il Ă©tait pour l’occasion aux cĂŽtĂ©s de Philippe Tabarot, vice-prĂ©sident dĂ©lĂ©guĂ© Ă la sĂ©curitĂ©, aux transports et Ă l’intermodalitĂ© et d’Ă©lus impliquĂ©s dans la dĂ©marche: Jacqueline Bouyac, Maxime Tommasini, Roger Didier et Catherine Roubeuf.
Renaud Muselier avance: «Pour ĂȘtre attractif, un territoire se doit dâĂȘtre accessible. De nos grandes aires urbaines qui ont besoin dâun rĂ©seau de transports dense tant les flux de voyageurs y sont importants, jusquâĂ nos territoires les plus ruraux qui ont souffert ces derniĂšres annĂ©es dâun manque dâinvestissements les conduisant Ă un enclavement certain. Les enjeux et les besoins ne sont pas les mĂȘmes selon que l’on est Ă Marseille ou dans les Alpes-de-Haute-Provence mais chaque territoire doit bĂ©nĂ©ficier dâune politique de transports adaptĂ©e Ă ses contraintes et Ă celles de ses habitants».
«Faire coĂŻncider les heures de dĂ©part des uns avec les heures dâarrivĂ©e des autres»
D’en venir au prioritĂ©, la premiĂšre Ă©tant de simplifier la vie des voyageurs: «Il existe aujourdâhui des tarifications diffĂ©rentes selon nos rĂ©seaux rĂ©gionaux : TER SNCF, LER et Chemins de fer de Provence. Cette situation nous a conduits Ă avoir plus de 100 tarifs diffĂ©rents dans notre seule rĂ©gion. Je veux donc donner de la clartĂ© et de la lisibilitĂ© Ă notre offre tarifaire souvent trĂšs compĂ©titive». Puis de constater: «Il y a parfois, en particulier dans les territoires de montagne peu denses, trop de temps dâattente lors des changements de transports. Nous allons donc rĂ©unir lâensemble des opĂ©rateurs de transports de la rĂ©gion pour faire coĂŻncider les heures de dĂ©part des uns avec les heures dâarrivĂ©e des autres. Lâusager ne restera plus dans le froid Ă attendre son car ou son train. Je souhaite que chacun coordonne son offre avec les autres afin dâoffrir un meilleur service public». Au-delĂ du bien-ĂȘtre des usagers, il note: «Ce nâest que comme cela que nous fluidifierons le trafic Ă lâentrĂ©e de nos villes et offrirons un gain de temps et dâĂ©nergie, une meilleure qualitĂ© de vie et moins de pollution».
«A lâaire dâinternet et du numĂ©rique, poursuit-il, il nâest pas concevable de ne pas pouvoir acheter son titre de transport sur le web. Nous allons donc ouvrir une e-boutique des transports rĂ©gionaux dĂšs 2018 pour faire entrer les transports de Provence-Alpes-CĂŽte dâAzur dans la modernitĂ©. En 2019, les usagers des transports rĂ©gionaux pourront mĂȘme charger leurs titres de transport directement sur leur tĂ©lĂ©phone portable. Je veux aussi que lâaccĂšs Ă nos transports des personnes Ă mobilitĂ© rĂ©duite soit facilitĂ© et que notre agenda dâaccessibilitĂ© programmĂ©e soit impĂ©rativement respectĂ©. Câest aussi une question dâĂ©galitĂ© entre chacun.» Le prĂ©sident de RĂ©gion entend que de nouveaux services soient adaptĂ©s et expĂ©rimentĂ©s: «Adapter le service de transport, câest chercher Ă rĂ©pondre au mieux aux besoins rĂ©els des usagers. Nous allons donc expĂ©rimenter de nouvelles dessertes en cars pour mieux desservir certains territoires comme les zones dâactivitĂ© Ă©conomique dâintĂ©rĂȘt rĂ©gional ou les territoires peu denses auxquels le TER nâapporte pas une rĂ©ponse satisfaisante. La complĂ©mentaritĂ© entre le car et le train nâest pas assez dĂ©veloppĂ©e aujourdâhui». Il prĂ©cise que la RĂ©gion est Ă la tĂȘte d’un rĂ©seau de transport plus que significatif : chaque jour, ce sont 1 700 autocars et 120 trains qu’elle fait circuler. Et de se prononcer pour un renforcement de la desserte par cars, en donnant deux exemples: «de la vallĂ©e de lâUbaye pour permettre un meilleur rabattement vers Tallard; de la CĂŽte varoise en mettant en place une ligne Premium entre Toulon et le golfe de Saint-Tropez». LâexpĂ©rimentation va aussi porter sur la sĂ©curitĂ©. Renaud Muselier devrait signer dans une semaine avec Guillaume PĂ©py, un protocole entre la SNCF et la RĂ©gion afin de faire de Provence-Alpes-CĂŽte dâAzur, un territoire dâexpĂ©rimentation national en matiĂšre de sĂ©curitĂ© et de sĂ»retĂ© ferroviaire. «Nous devons pouvoir bientĂŽt bĂ©nĂ©ficier des progrĂšs technologiques en matiĂšre reconnaissance faciale».
«Nous allons donc rĂ©duire de 50 % le taux dâĂ©mission de monoxyde dâazote des transports rĂ©gionaux dâici 2020»
Promouvoir lâoffre et lâutilisation de transports en commun propre est un autre axe sur lequel la RĂ©gion veut travailler. Le prĂ©sident de RĂ©gion juge: «Lâun des enseignements de cette grande consultation, câest le dĂ©ficit dâinformation sur lâoffre de transport rĂ©gionale existante. La promotion et la communication sur la qualitĂ© des dessertes et de lâoffre de transport public dans notre RĂ©gion et ses avantages par rapport Ă la voiture individuelle doivent ĂȘtre partagĂ©es et connues. Si nous voulons inciter les gens Ă se dĂ©placer en transport commun il faut rendre lâinformation plus accessible et intelligible». Et d’avancer: «Qui sait en effet aujourdâhui que grĂące Ă la carte dâabonnement Zou et pour 30 ⏠seulement par an, vous pouvez utiliser les TER et LER de Provence-Alpes-CĂŽte dâAzur Ă moitiĂ© prix pour vous et les trois personnes qui vous accompagnent ? Nous ferons un sondage pour Ă©valuer la notoriĂ©tĂ© de nos abonnements sur la base duquel nous ferons ensuite Ă©voluer notre offre». Plus largement, il souhaite que les transports agissent contre le rĂ©chauffement climatique. «Je veux que lâon amplifie notre offre de transports en commun respectueux de notre territoire. Nous avons la chance de vivre dans une rĂ©gion oĂč la biodiversitĂ© est unique au monde. Notre responsabilitĂ© est de la prĂ©server. Câest une question de qualitĂ© de vie. Je veux faire de Provence-Alpes-CĂŽte dâAzur le moteur des accords sur le climat. Nous allons donc rĂ©duire de 50 % le taux dâĂ©mission de monoxyde dâazote des transports rĂ©gionaux dâici 2020».
Ses Assises ne sont pas une fin en soin: «Il nous faut poursuivre le dialogue que nous avons initiĂ© au cours des assises avec les usagers et les acteurs du transport qui ont tant de choses Ă nous apprendre pour gagner en qualitĂ© et en efficacitĂ©. Nous allons donc mettre en place rapidement dans les prochains mois une charte rĂ©gionale de lâusager Ă destination de nos opĂ©rateurs de transports rĂ©gionaux afin que lâusager soit bien replacĂ© au cĆur du dispositif». L’administration va donc dĂ©velopper des enquĂȘtes de satisfaction usagers et solliciter les retours dâexpĂ©rience.
«La concurrence sera une bonne chose pour chacun»
Puis d’en venir aux rapports, tendus que la RĂ©gion entretient avec la SNCF. Mais avant la critique, il tient Ă rendre hommage Ă la rĂ©activitĂ© de cette derniĂšre aprĂšs l’attentat terroriste de la gare Saint-Charles, le 1er octobre. Puis de reprendre: «Nous avons engagĂ© un bras de fer Ă la SNCF car nous Ă©tions la rĂ©gion la moins bien traitĂ©e de France par la sociĂ©tĂ© (20 % de trains en retard, 10 % de trains annulĂ©s, 18 % de fraude, lorsque nous avons Ă©tĂ© Ă©lus). En rĂ©sumĂ©, le service que la SNCF nous fournissait Ă©tait le plus mauvais de France mais aussi le plus cher ! (1 M⏠par jour).
Ce bras de fer, je le continuerai tant que nous nâaurons pas obtenu gain de cause.»
Il exige entre autres : une amĂ©lioration de la ponctualitĂ©, «le taux de retard moyen des trains est identique cette annĂ©e Ă celui de 2016»,«la transparence totale sur le coĂ»t du service et la facture prĂ©sentĂ©e.» «Nous voulons savoir, insiste-t-il, ce que nous payons et nous voulons payer le juste prix. Jâestime que les usagers et les habitants de la rĂ©gion ne sont pas lĂ pour payer les dĂ©lires tarifaires de la SNCF. Nous allons poursuivre lâannĂ©e 2018 comme 2017 en ordonnant unilatĂ©ralement Ă la SNCF le cadre dans lequel nous souhaitons que les trains circulent.» Parle d’une expĂ©rimentation de lâouverture Ă la concurrence sur les TER «le plus rapidement possible». Une directive europĂ©enne le permet, «câest hĂ©las le Gouvernement qui nous en empĂȘche»,avance-t-il. ConsidĂ©rant: «La concurrence sera une bonne chose pour chacun. Elle nous permettra dâoffrir un service de meilleure qualitĂ© aux usagers et challengera la SNCF lâobligeant ainsi Ă faire des efforts sur les tarifs et les services». Et de prĂ©venir: «Je redirai, dĂšs ce 10 octobre Ă la ministre des transports, ma volontĂ© de bĂ©nĂ©ficier de cette possibilitĂ© dĂšs 2019».
Puis de considérer que la politique des transports, est non seulement un enjeu économique mais aussi de sécurité. Le président de région ne manque pas de signaler:
«Dans le contexte de menace permanente, nous avons fait le choix dâaccompagner lâĂtat pour sĂ©curiser les transports dont nous avons la charge. Nous investissons plus de 44 M⏠dans la mise en sĂ©curitĂ© de nos transports: 1 300 camĂ©ras installĂ©es dans nos trains et gares, 2 Centres de Supervision en gare centrale crĂ©Ă©s Ă Marseille et Ă Nice auxquelles les camĂ©ras sont directement raccordĂ©es, nous avons instaurĂ© la gratuitĂ© des transports rĂ©gionaux pour les 77 000 membres de forces de lâordre de notre rĂ©gion, crĂ©ation dâune garde rĂ©gionale des transports composĂ©e de 200 hommes armĂ©s».
Philippe Tabarot, au prĂ©alable, avait tenu Ă mettre en exergue la richesse des dĂ©bats, la diversitĂ© des intervenants, leurs exigences et, parfois, la mĂ©connaissance en matiĂšre d’offre rĂ©gionale. Les attentes en terme de transport en commun mais aussi de co-voiturage, d’autopartage, de piste cyclable… Il rappelle que pas moins de 48 rĂ©unions ont eu lieu, 3 300 personnes mobilisĂ©es entre octobre 2016 et septembre 2017.
Michel CAIRE