Transports en Paca: des Assises pour faire un bond en avant

Publié le 10 octobre 2017 à  0h30 - DerniÚre mise à  jour le 28 octobre 2022 à  17h40

«La concertation dans le cadre de ces assises qui se conclut aujourd’hui nous a permis d’identifier des axes prioritaires simples et facilement atteignables pour amĂ©liorer la qualitĂ© et la performance de l’offre de transport public rĂ©gional» a indiquĂ© Renaud Muselier, prĂ©sident de la RĂ©gion Provence-Alpes-CĂŽte d’Azur, en clĂŽture des Assises rĂ©gionales des transports, ce lundi 9 octobre. Avant de prĂ©senter les grandes orientations de la StratĂ©gie rĂ©gionale des transports qui se dĂ©clineront en quatre axes prioritaires : simplifier la vie du voyageur, adapter et expĂ©rimenter de nouveaux services, promouvoir l’offre et l’utilisation de transports en commun propres et poursuivre le dialogue avec les usagers et les acteurs des transports. Il Ă©tait pour l’occasion aux cĂŽtĂ©s de Philippe Tabarot, vice-prĂ©sident dĂ©lĂ©guĂ© Ă  la sĂ©curitĂ©, aux transports et Ă  l’intermodalitĂ© et d’Ă©lus impliquĂ©s dans la dĂ©marche: Jacqueline Bouyac, Maxime Tommasini, Roger Didier et Catherine Roubeuf.

Renaud Muselier a présenté,lors d'une Conférence, les conclusions des Assises régional des transports de Paca (Photo Franck Pennant)
Renaud Muselier a prĂ©sentĂ©,lors d’une ConfĂ©rence, les conclusions des Assises rĂ©gional des transports de Paca (Photo Franck Pennant)
Renaud Muselier entouré de  Philippe Tabarot, Jacqueline Bouyac, Maxime Tommasini, Roger Didier et Catherine Roubeuf (Photo Robert Poulain)
Renaud Muselier entouré de Philippe Tabarot, Jacqueline Bouyac, Maxime Tommasini, Roger Didier et Catherine Roubeuf (Photo Robert Poulain)

Renaud Muselier avance: «Pour ĂȘtre attractif, un territoire se doit d’ĂȘtre accessible. De nos grandes aires urbaines qui ont besoin d’un rĂ©seau de transports dense tant les flux de voyageurs y sont importants, jusqu’à nos territoires les plus ruraux qui ont souffert ces derniĂšres annĂ©es d’un manque d’investissements les conduisant Ă  un enclavement certain. Les enjeux et les besoins ne sont pas les mĂȘmes selon que l’on est Ă  Marseille ou dans les Alpes-de-Haute-Provence mais chaque territoire doit bĂ©nĂ©ficier d’une politique de transports adaptĂ©e Ă  ses contraintes et Ă  celles de ses habitants».

«Faire coĂŻncider les heures de dĂ©part des uns avec les heures d’arrivĂ©e des autres»

D’en venir au prioritĂ©, la premiĂšre Ă©tant de simplifier la vie des voyageurs: «Il existe aujourd’hui des tarifications diffĂ©rentes selon nos rĂ©seaux rĂ©gionaux : TER SNCF, LER et Chemins de fer de Provence. Cette situation nous a conduits Ă  avoir plus de 100 tarifs diffĂ©rents dans notre seule rĂ©gion. Je veux donc donner de la clartĂ© et de la lisibilitĂ© Ă  notre offre tarifaire souvent trĂšs compĂ©titive». Puis de constater: «Il y a parfois, en particulier dans les territoires de montagne peu denses, trop de temps d’attente lors des changements de transports. Nous allons donc rĂ©unir l’ensemble des opĂ©rateurs de transports de la rĂ©gion pour faire coĂŻncider les heures de dĂ©part des uns avec les heures d’arrivĂ©e des autres. L’usager ne restera plus dans le froid Ă  attendre son car ou son train. Je souhaite que chacun coordonne son offre avec les autres afin d’offrir un meilleur service public». Au-delĂ  du bien-ĂȘtre des usagers, il note: «Ce n’est que comme cela que nous fluidifierons le trafic Ă  l’entrĂ©e de nos villes et offrirons un gain de temps et d’énergie, une meilleure qualitĂ© de vie et moins de pollution».
«A l’aire d’internet et du numĂ©rique, poursuit-il, il n’est pas concevable de ne pas pouvoir acheter son titre de transport sur le web. Nous allons donc ouvrir une e-boutique des transports rĂ©gionaux dĂšs 2018 pour faire entrer les transports de Provence-Alpes-CĂŽte d’Azur dans la modernitĂ©. En 2019, les usagers des transports rĂ©gionaux pourront mĂȘme charger leurs titres de transport directement sur leur tĂ©lĂ©phone portable. Je veux aussi que l’accĂšs Ă  nos transports des personnes Ă  mobilitĂ© rĂ©duite soit facilitĂ© et que notre agenda d’accessibilitĂ© programmĂ©e soit impĂ©rativement respectĂ©. C’est aussi une question d’égalitĂ© entre chacun.» Le prĂ©sident de RĂ©gion entend que de nouveaux services soient adaptĂ©s et expĂ©rimentĂ©s: «Adapter le service de transport, c’est chercher Ă  rĂ©pondre au mieux aux besoins rĂ©els des usagers. Nous allons donc expĂ©rimenter de nouvelles dessertes en cars pour mieux desservir certains territoires comme les zones d’activitĂ© Ă©conomique d’intĂ©rĂȘt rĂ©gional ou les territoires peu denses auxquels le TER n’apporte pas une rĂ©ponse satisfaisante. La complĂ©mentaritĂ© entre le car et le train n’est pas assez dĂ©veloppĂ©e aujourd’hui». Il prĂ©cise que la RĂ©gion est Ă  la tĂȘte d’un rĂ©seau de transport plus que significatif : chaque jour, ce sont 1 700 autocars et 120 trains qu’elle fait circuler. Et de se prononcer pour un renforcement de la desserte par cars, en donnant deux exemples: «de la vallĂ©e de l’Ubaye pour permettre un meilleur rabattement vers Tallard; de la CĂŽte varoise en mettant en place une ligne Premium entre Toulon et le golfe de Saint-Tropez». L’expĂ©rimentation va aussi porter sur la sĂ©curitĂ©. Renaud Muselier devrait signer dans une semaine avec Guillaume PĂ©py, un protocole entre la SNCF et la RĂ©gion afin de faire de Provence-Alpes-CĂŽte d’Azur, un territoire d’expĂ©rimentation national en matiĂšre de sĂ©curitĂ© et de sĂ»retĂ© ferroviaire. «Nous devons pouvoir bientĂŽt bĂ©nĂ©ficier des progrĂšs technologiques en matiĂšre reconnaissance faciale».

«Nous allons donc rĂ©duire de 50 % le taux d’émission de monoxyde d’azote des transports rĂ©gionaux d’ici 2020»

Promouvoir l’offre et l’utilisation de transports en commun propre est un autre axe sur lequel la RĂ©gion veut travailler. Le prĂ©sident de RĂ©gion juge: «L’un des enseignements de cette grande consultation, c’est le dĂ©ficit d’information sur l’offre de transport rĂ©gionale existante. La promotion et la communication sur la qualitĂ© des dessertes et de l’offre de transport public dans notre RĂ©gion et ses avantages par rapport Ă  la voiture individuelle doivent ĂȘtre partagĂ©es et connues. Si nous voulons inciter les gens Ă  se dĂ©placer en transport commun il faut rendre l’information plus accessible et intelligible». Et d’avancer: «Qui sait en effet aujourd’hui que grĂące Ă  la carte d’abonnement Zou et pour 30 € seulement par an, vous pouvez utiliser les TER et LER de Provence-Alpes-CĂŽte d’Azur Ă  moitiĂ© prix pour vous et les trois personnes qui vous accompagnent ? Nous ferons un sondage pour Ă©valuer la notoriĂ©tĂ© de nos abonnements sur la base duquel nous ferons ensuite Ă©voluer notre offre». Plus largement, il souhaite que les transports agissent contre le rĂ©chauffement climatique. «Je veux que l’on amplifie notre offre de transports en commun respectueux de notre territoire. Nous avons la chance de vivre dans une rĂ©gion oĂč la biodiversitĂ© est unique au monde. Notre responsabilitĂ© est de la prĂ©server. C’est une question de qualitĂ© de vie. Je veux faire de Provence-Alpes-CĂŽte d’Azur le moteur des accords sur le climat. Nous allons donc rĂ©duire de 50 % le taux d’émission de monoxyde d’azote des transports rĂ©gionaux d’ici 2020».
Ses Assises ne sont pas une fin en soin: «Il nous faut poursuivre le dialogue que nous avons initiĂ© au cours des assises avec les usagers et les acteurs du transport qui ont tant de choses Ă  nous apprendre pour gagner en qualitĂ© et en efficacitĂ©. Nous allons donc mettre en place rapidement dans les prochains mois une charte rĂ©gionale de l’usager Ă  destination de nos opĂ©rateurs de transports rĂ©gionaux afin que l’usager soit bien replacĂ© au cƓur du dispositif». L’administration va donc dĂ©velopper des enquĂȘtes de satisfaction usagers et solliciter les retours d’expĂ©rience.

«La concurrence sera une bonne chose pour chacun»

Puis d’en venir aux rapports, tendus que la RĂ©gion entretient avec la SNCF. Mais avant la critique, il tient Ă  rendre hommage Ă  la rĂ©activitĂ© de cette derniĂšre aprĂšs l’attentat terroriste de la gare Saint-Charles, le 1er octobre. Puis de reprendre: «Nous avons engagĂ© un bras de fer Ă  la SNCF car nous Ă©tions la rĂ©gion la moins bien traitĂ©e de France par la sociĂ©tĂ© (20 % de trains en retard, 10 % de trains annulĂ©s, 18 % de fraude, lorsque nous avons Ă©tĂ© Ă©lus). En rĂ©sumĂ©, le service que la SNCF nous fournissait Ă©tait le plus mauvais de France mais aussi le plus cher ! (1 M€ par jour).
Ce bras de fer, je le continuerai tant que nous n’aurons pas obtenu gain de cause.
»
Il exige entre autres : une amĂ©lioration de la ponctualitĂ©, «le taux de retard moyen des trains est identique cette annĂ©e Ă  celui de 2016»,«la transparence totale sur le coĂ»t du service et la facture prĂ©sentĂ©e.» «Nous voulons savoir, insiste-t-il, ce que nous payons et nous voulons payer le juste prix. J’estime que les usagers et les habitants de la rĂ©gion ne sont pas lĂ  pour payer les dĂ©lires tarifaires de la SNCF. Nous allons poursuivre l’annĂ©e 2018 comme 2017 en ordonnant unilatĂ©ralement Ă  la SNCF le cadre dans lequel nous souhaitons que les trains circulent.» Parle d’une expĂ©rimentation de l’ouverture Ă  la concurrence sur les TER «le plus rapidement possible». Une directive europĂ©enne le permet, «c’est hĂ©las le Gouvernement qui nous en empĂȘche»,avance-t-il. ConsidĂ©rant: «La concurrence sera une bonne chose pour chacun. Elle nous permettra d’offrir un service de meilleure qualitĂ© aux usagers et challengera la SNCF l’obligeant ainsi Ă  faire des efforts sur les tarifs et les services». Et de prĂ©venir: «Je redirai, dĂšs ce 10 octobre Ă  la ministre des transports, ma volontĂ© de bĂ©nĂ©ficier de cette possibilitĂ© dĂšs 2019».
Puis de considérer que la politique des transports, est non seulement un enjeu économique mais aussi de sécurité. Le président de région ne manque pas de signaler:
«Dans le contexte de menace permanente, nous avons fait le choix d’accompagner l’État pour sĂ©curiser les transports dont nous avons la charge. Nous investissons plus de 44 M€ dans la mise en sĂ©curitĂ© de nos transports: 1 300 camĂ©ras installĂ©es dans nos trains et gares, 2 Centres de Supervision en gare centrale crĂ©Ă©s Ă  Marseille et Ă  Nice auxquelles les camĂ©ras sont directement raccordĂ©es, nous avons instaurĂ© la gratuitĂ© des transports rĂ©gionaux pour les 77 000 membres de forces de l’ordre de notre rĂ©gion, crĂ©ation d’une garde rĂ©gionale des transports composĂ©e de 200 hommes armĂ©s».
Philippe Tabarot, au prĂ©alable, avait tenu Ă  mettre en exergue la richesse des dĂ©bats, la diversitĂ© des intervenants, leurs exigences et, parfois, la mĂ©connaissance en matiĂšre d’offre rĂ©gionale. Les attentes en terme de transport en commun mais aussi de co-voiturage, d’autopartage, de piste cyclable… Il rappelle que pas moins de 48 rĂ©unions ont eu lieu, 3 300 personnes mobilisĂ©es entre octobre 2016 et septembre 2017.
Michel CAIRE

Articles similaires

Aller au contenu principal