Tribune d’Eric Delbecque – Hollande 2017 : de l’abdication au sermon…

Publié le 3 janvier 2017 à  20h02 - Dernière mise à  jour le 29 novembre 2022 à  12h31

Les vœux de François Hollande furent une nouvelle fois l’occasion de constater que le socialisme de gouvernement se réduit aujourd’hui à la morale des grenouilles de bénitiers, c’est-à-dire de Tartuffe. L’attribution des bons et des mauvais points dissimule l’absence de parole politique authentique. De quoi fut-il question dans ce rituel totalement artificiel dans le contexte actuel ? De faire la leçon aux Français sur la droite républicaine (François Fillon) et le Front national. Après l’abdication, le sermon…

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Certes, on voit mal ce que l’on pouvait attendre d’autre du chef de l’État, conjoncturellement mais aussi structurellement parlant. Il n’en reste pas moins que ce «grand moment» de télévision traduit à la perfection ce qu’est devenu le Parti socialiste depuis que le think tank Terra Nova le symbolise davantage que les fondamentaux de la République et du socialisme. Il fait la morale au lieu de proposer un avenir digne d’intérêt à notre nation… Au lieu d’Atlas soutenant le monde, nous avons droit à Epiméthée courant après les événements ou manquant à chaque instant de se faire éparpiller «façon puzzle» puisqu’il se montre incapable d’encaisser le poids de la réalité…

Le PS a finalement pris la place de l’Église d’antan : il rassemble des notables qui adorent jouer aux clercs. Tenir un discours visant à diaboliser les uns et excommunier les autres compose l’unique horizon idéologique d’une machine partisane qui n’a en définitive aucune vision politique au sens noble, aucune colonne vertébrale conceptuelle et donc aucune stratégie pour inscrire des idéaux dans le réel.

Il ne s’agit plus de penser le monde et d’agir : le but est tout au contraire de durer dans l’exercice du pouvoir en prenant le minimum de décisions susceptibles de mécontenter telle ou telle catégorie d’électeurs potentiels. Le pouvoir n’est plus fait pour servir un grand dessein, mais essentiellement pour garantir à des politiciens de métier des débouchés professionnels. Il faut y ajouter la passion des honneurs qui rend inconcevable pour nombre d’élus nationaux et régionaux l’absence de fonction publique.

Ce qui pose désormais un problème d’une ampleur inégalée, c’est que nos concitoyens ne tolèrent plus l’inutilité manifeste de leurs dirigeants. Les fastes du pouvoir ne sont pas une nouveauté, c’est indiscutable : en revanche, ils ne furent jamais à ce point visibles ! Pour être encore plus précis, rapportés au vide doctrinal et au néant de volonté de la machine gouvernementale, les avantages fonctionnels ne trouvent aucune contrepartie dans le bilan du parti au pouvoir. La vacuité des discours échappe dorénavant à toute mesure tandis que la capacité de remontrance aux uns et aux autres brise tous les plafonds imaginables.

Il en découle la désagréable impression d’être conduits dans le mur par un homme flirtant avec l’étendard de Tartuffe peint aux couleurs d’une vulgate républicaine qui ne repose plus sur aucun contenu crédible. Il apparaît par conséquent parfaitement logique que personne n’y trouve son compte, ni à droite, ni à gauche…

Eric Delbecque Président de ACSE – Co-auteur de : L’impuissance française ? Une idéologie ?france.jpg

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