Tribune de Bruno Benjamin. Le jour d’après : « Ne plus revenir à la normale serait la norme à adopter… »

Publié le 10 mai 2020 à  11h35 - Dernière mise à  jour le 4 novembre 2022 à  12h47

Au lendemain quel réveil aurons-nous ? Cette réflexion consubstantielle à la fin de la crise, permettra de nous poser les questions nécessaires à la reprise d’une normalisation de nos vies antérieures. Nous rétablirons les structures sociales, professionnelles, vitales que le mouvement viral avait déstabilisées. Certains disent que le jour d’après ne sera pas l’égal du jour d’avant et que toutes ces épreuves que nous avons endurées sont l’archétype du mal que nous devrons pas faire perdurer. Tous ces abus créés par l’Homme et son progrès ont généré tous les maux qui ont contribué au délabrement de la planète.

Bruno Benjamin, président du Crif Marseille Provence (Photo Robert poulain)
Bruno Benjamin, président du Crif Marseille Provence (Photo Robert poulain)

Pendant des siècles le progrès, le modernisme ont été les objectifs et les ambitions qui rythmaient nos existences. La course à l’invention et toutes les évolutions décidées au cours des temps ont causé les fosses communes de la destruction de l’humanité. Le primate à la station verticale a permis les conditions d’un sabordage écologique et la dégradation de la nature qui irriguait de sève les veines de toutes vies dans l’espace terre. À l’origine notre planète était un espace de vie où chacun devait trouver sa place et au mieux son rôle. Aborder les relations de l’individu et de la société du point de vue sociologique est une nécessité dans ces périodes de grand questionnement. C’est une remise en question d’un mode de fonctionnement défaillant, la preuve en est cette situation inédite mais bien réelle.

La réflexion porte sur notre état d’esprit, les mauvaises habitudes prises tout au long d’une vie. Seront-elles remises en question ? À première vue non, cette génération est celle des défis ratés, Mère Teresa disait : «La vie est un défi à relever, un bonheur à mériter, une aventure à tenter». En partant de ce postulat, on constate que les cabochards, que nous sommes, privilégient leur intérêt et sacrifient l’intérêt collectif. L’individualisme est un trait de caractère très répandu dans notre société, il est ce sentiment de puissance impénétrable et cette fausse valeur incontestable à l’abri de toutes critiques. Cette crise pourrait nous engager sur une voie de dimension humaine, une voie de générosité et de solidarité, une voie d’écoute et d’attention accrues. Ne plus revenir à la normale serait la norme à adopter, car la normale était le problème. Trop de tout a engendré tous les dérapages que nous constatons, la productivité, la mondialisation, le tourisme, l’anti-protectionnisme, le libre-échange, l’irrespect à l’égard de la nature, le rejet de la protection de l’environnement, etc. Le constat est que notre système détruit ce monde, il faudrait penser autrement pour nous protéger. Winston Churchill disait : «Mieux vaut prendre le changement par la main avant qu’il ne nous prenne par la gorge».

En dépit de cet état des lieux, le confinement nous aura permis de réfléchir, de synthétiser des pensées et un mode de vie exubérant, superficiel loin des valeurs initiales de l’existence humaine. À nous dorénavant de réagir, de rectifier, de réajuster en fonction des normes qu’est l’espèce anthropoïde. Demain ne sera plus comme hier, justement parce que les stigmates inhérents à cette crise nous rappellerons minute après minute, l’antagonisme lié à notre histoire, les séquelles d’une pandémie qui s’est répandue à l’allure du temps, dans l’espace de l’existentiel. Soyons pragmatiques, tirons les leçons de cet environnement gâché…. Mais, j’émets quelques doutes pour la simple et bonne raison que le genre humain est son propre fossoyeur.

Bruno Benjamin est le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Marseille Provence

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