Tribune libre de Jean-Marc Coppola: « Le projet de casino à la Villa Méditerranée est une véritable provocation ! »

Publié le 22 septembre 2016 à  19h58 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  15h36

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L'avenir de la Villa Méditerranée serait-il de devenir un casino ou poursuivre sa vocation d'espace de rencontre de la Méditerranée? (Photo Hagay Sobol)
L’avenir de la Villa Méditerranée serait-il de devenir un casino ou poursuivre sa vocation d’espace de rencontre de la Méditerranée? (Photo Hagay Sobol)

Pire, il est un bras d’honneur à la culture de Paix et aux coopérations potentielles avec les pays de la Méditerranée !
Le projet de casino accoste de nouveau au J4, après qu’il a été repoussé en décembre 2013 à la suite d’une pétition largement signée. Il faut dire que nous étions à quelques mois des élections municipales et que le sujet pouvait desservir le maire de l’époque candidat à sa réélection pour un cinquième mandat.

Aujourd’hui fort d’un appui politique côté Région, l’idée revient sur la place publique avec une polémique de plus : un casino dans la Villa Méditerranée. Ainsi de nombreuses questions se posent, dont deux principales : celle d’un casino à Marseille, et celle de l’emplacement, juste à côté du Mucem.

Sur la nécessité d’un casino dans la deuxième ville de France, je veux d’emblée réfuter l’argument que cela stimulerait l’attractivité touristique de la ville. En effet comment expliquer que ces dernières années, sans ce type d’établissement le nombre d’hôtels ait progressé et que le nombre de croisiéristes ne cesse d’augmenter ? Au passage, où est l’intérêt pour ces touristes qui disposent à bord de tous les loisirs de consommation possibles et quand on voit le peu de dépenses effectuées lorsqu’ils déambulent dans la ville ?

Mais n’étant pas hostile au tourisme -qui reste une économie fragile car sensible au moindre soubresaut local, national et international- je suis favorable à développer l’attractivité de la ville. Dans ce cadre, Marseille regorge d’un patrimoine exceptionnel riche de vingt-six siècles qu’il serait judicieux de promouvoir, ce que font beaucoup mieux les «greeters», ces habitants bénévoles plutôt que les collectivités locales.

Après la Capitale de la Culture et bientôt celle du Sport, Marseille s’apprêterait-elle à devenir la cité de l’argent sale et du «bling-bling» ? N’y a-t-il pas assez de trafic en tous genres aux conséquences parfois tragiques dans la jeunesse, pour ouvrir en grand la porte de la ville à un milieu pas beaucoup plus reluisant mais légal celui-là ? Devenir une lessiveuse d’argent sale des réseaux mafieux. A moins que l’objectif, non avoué, est d’attirer des pays «amis» comme le Qatar et l’Arabie Saoudite qui, au passage, financent l’État Islamique. Les mêmes à l’origine des attentats terroristes qui bouleversent notre pays et les pays occidentaux. De là, à imaginer que ce serait un moyen d’accroître les moyens publics pour financer des officines privées de sécurité…l’idée serait vraiment perverse !
Le ridicule est à son comble quand l’affaire tourne au Monopoly entre la Ville et la Région : «Je te vends la Maison de la Région pour en faire une Mairie de Secteur, je te vends la Villa Méditerranée pour en faire un Casino…» Quelle sera la braderie suivante ?
Dessiné et conçu par l’architecte Stefano Boeri, le symbole du dialogue et de la paix avec les peuples et les pays de la Méditerranée mérite un autre sort que celui que lui réservent les élus de droite de Marseille et de la Région. Marseille ne sera jamais Las Vegas ni même Monaco. Marseille a des besoins prioritaires criants en termes d’équipements publics pour les écoles, les transports, le sport, la culture, l’éducation populaire, la solidarité…
Les attentes des Marseillaises et des Marseillais sont ailleurs. Ce projet est inutile et malsain et l’action publique serait plus judicieuse si elle était consacrée à la réduction des inégalités et à la création d’emplois durables. Cette ambition, vraie préoccupation et priorité de la population, passe par le développement d’activités productives comme sur le Port.
Jean-Marc Coppola, conseiller municipal (PCF-FdG) de Marseille, à l’initiative d’une nouvelle pétition sur change.org

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