Tribune libre de Marc La Mola : Le feu ça brûle et l’eau ça mouille …

Publié le 28 juillet 2017 à  13h18 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h46

Bon soyons honnêtes, il faut reconnaître qu’en cette période de disette de scandales politiques et autres dérapages de nos élus, BFM est en recherche de sujets pouvant faire frétiller le peuple et maintenir sa position prépondérante de 1ère chaîne infos. Donc nous voilà, nous Provençaux, cernés de foyers d’incendies de forêts et de camions rouges déferlants de tous les départements environnants pour lutter vaillamment contre ces fléaux. Après tout ce n’est pas comme si les feux de forêts, dans ma région natale, étaient chaque été pléthoriques et que nous Marseillais étions habitués au ballet des camions et des Canadair. Il semble que nous venons, en cet été 2017, de découvrir que les massifs forestiers étaient vulnérables et que les pompiers avaient une utilité.

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J’ai tout lu …

Facebook, en déversoir de la débilité ambiante, nous a une fois de plus gratifié de tout ce dont il est capable en respectant sa logique infecte de ne pouvoir opposer un débat à des posts frisant trop souvent le ridicule. Je ne compte plus ceux qui veulent jeter les pyromanes dans le foyer même de l’incendie pour les voir rôtir comme des poulets, ceux qui n’ont plus qu’une seule et unique préoccupation parfois indécente de soutenir les pompiers et ceux encore réclamant à corps et à cris plus de moyens pour la lutte en oubliant qu’un Canadair coûte plusieurs millions d’euros pour ne servir que deux mois par an et pas toutes les années. Après tout ce n’est pas comme si l’Éducation nationale, pilier de notre République, était en souffrance voire même exsangue et que ses membres pleuraient sans cesse pour obtenir non seulement une revalorisation salariale mais surtout des moyens de transmettre le savoir à des gosses en perdition.

Ce n’est pas non plus comme si nos hôpitaux avaient besoin de budgets colossaux pour apporter l’aide à des patients atteints de pathologies lourdes … Mais non visiblement en ce mois de juillet 2017 ce sont les budgets accordés à la lutte contre les feux de forêts qui focalisent les intérêts des Français et monopolisent, pour quelques semaines encore, toutes leurs attentions. Ils ont oublié le SMIC et les factures qui patientent dans leurs boîtes aux lettres, oublié le CDD ou les impôts, oublié le patron et l’usine pour ne devenir que de fervents défenseur de la forêt devenue à leurs yeux subitement source de vie.

Mais les feux de forêts en Provence font partie du paysage

Et oui c’est un peu une spécialité locale comme les coups de soleil sur les culs blancs des Parisiens ou comme la vente de melons Chiliens sur nos marchés Paysans. C’est un mal endémique, une plaie ouverte chaque année lorsque la sécheresse arrive et qu’elle s’acoquine avec notre bon vieux Mistral et qu’un connard pense maîtriser son écobuage ou qu’une moissonneuse batteuse ramasse les blés secs. Enfin une alchimie transformant la végétation en braise et cela dure depuis toujours !

Évidemment cette longévité des feux de forêts n’est en rien une justification et encore moins un blanc seing accordé aux pyromanes mais il ne faut pas oublier que les surfaces brûlées aujourd’hui ont diminué de moitié par rapport aux années 90 ! Si la surface moyenne parcourue par les flammes aujourd’hui avoisinent les 20 000 hectares chaque année j’ai souvenir qu’il y a trente ans elle atteignait et même dépassait allégrement les 50 000 hectares. Les moyens de prévention ont changé comme les moyens de lutte se sont améliorés pour sauver chaque été une trentaine de milliers d’hectares des flammes, mais en 1990 Facebook et BFM n’existaient pas !

Alors enfant je voyais les Catalina, ancêtres des Canadair, venir écoper au large de la plage de Carry-le-Rouet. Je tenais dans les bras de mon père et voyais ces avions comme des anges combattants de l’enfer des feux de forêts. A cette époque les pompiers ne disposaient que de camions vétustes hérités de l’après-guerre, portaient une veste de cuir épais et un casque en aluminium scintillant. Des milliers d’hectares partaient déjà en fumée …

Mais il ne faut pas désespérer puisqu’au travers des énormes nuages de fumée j’ai pu apercevoir une lueur d’espoir : Les Balkany vont devoir s’expliquer devant un tribunal !

Marc La Mola [[Marc La Mola a été flic durant vingt-sept années. Après des débuts à Paris, il rejoint sa ville natale, Marseille et choisit les quartiers Nord pour y exercer. C’est aussi là qu’il a grandi. Officier de Police Judiciaire, à la tête d’un groupe d’enquête de voie publique, il a traîné dans ces quartiers pour en mesurer les maux. Il a touché du doigt la misère et la violence de ces secteurs de la Ville. Marc La Mola a sans doute trop aimé son métier et c’est en 2013 qu’il décide de mettre un terme à sa carrière. Il retourne à la vie civile pour écrire. Il est aujourd’hui auteur, romancier et scénariste. Chez Michalon Éditions il a publié : «Le sale boulot, confessions d’un flic à la dérive», «Un mauvais flic, lettre ouverte à Manuel Valls», «Quand j’étais flic …». Ces trois témoignages relatent les moments forts de sa carrière et ses différentes prises de position. C’est chez ce même éditeur qu’il publiera en mars 2017, «Police, Grandeur et Décadence» dans lequel il explique comment la police en est arrivée à descendre dans la rue pour manifester son mécontentement. Il est encore romancier. Il publie chez Sudarenes Éditions un polar à l’accent Marseillais, «Le sang des fauves». En juin 2017 le personnage de ce premier polar reprend du service dans «Vallis Clausa», deuxième volet des enquêtes de son personnage Randy Massolo, un flic torturé. Il est aussi scénariste et a signé l’écriture de plusieurs synopsis optionnés par des maisons de production. Il enseigne également l’écriture de scénarios à l’École supérieure du cinéma Cinemagis de Martigues (13)]]

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