Tribune libre de Marc La Mola : Tribunal, autorité et cuissots…

Publié le 11 juillet 2017 à  23h00 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  16h57

Ce n’est pas comme si les températures, ces derniers jours, avoisinaient allégrement les 40° et que les seuls effets vestimentaires que supportaient les Marseillais étaient le short, le tee-shirt et les tongs. Ce n’est pas non plus comme si porter un short était toujours synonyme d’indécence voire de vulgarité et encore moins de manque de respect mais visiblement les faits que j’ai pu constater en fin de semaine dernière au Tribunal de Grande Instance de la ville tendent à prouver le contraire.

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Certes, il s’agit du comportement isolé d’un fonctionnaire de police mais il ne faut pas minimiser une attitude pouvant être lourde de conséquences dans une période où l’on évoque très régulièrement le port de vêtements dissimulant le visage et classés, à juste titre, incompatibles avec nos modes de vie occidentaux. Mais c’est ainsi, qu’en cette fin de semaine dernière au TGI, que la censure et l’abus d’autorité s’étaient invités en la personne d’un policier chargé du filtrage à l’entrée du tribunal. Sans consigne particulière concernant la tenue vestimentaire des justiciables ou de toutes personnes ayant besoin de se rendre en ces lieux, ce policier avait décidé d’interdire, de son propre chef, le port de short dans l’enceinte qu’il était censé protéger. Sans doute plus préoccupé et frustré par la vision des jolies jambes des Marseillaises que par l’agressivité des terroristes potentiels, ce flic allait provoquer évidemment de nombreux incidents qui resteront dans les mémoires des personnes concernées ayant, pour certaines, été contraintes de se rendre dans une boutique avoisinante pour acheter un pantalon afin de dissimuler des yeux de l’autre Tartuffe, leurs gambettes qu’il ne souhaitait voir.
Bien évidemment ce fonctionnaire de police autoinvesti de la mission divine de défendre les bonnes mœurs et de protéger les avocats et autres magistrats d’une érection incontrôlée durant une audience ou de ne pas imposer une décision de justice injustifiée à celle dont les jambes fines s’opposeraient aux énormes jambons d’une juge vieillissante. Il avait oublié de mentionner, aux personnes qu’il éconduisait, que les policiers de nouvelle génération arboraient eux-mêmes des tatouages énormes, des barbes aux allures négligées et des postures souvent à la limite de l’indécence. Le tout avec l’approbation de la direction puisqu’elle autorise, aux travers de notes de service écrites, la pilosité anarchique et les dessins indélébiles ridicules sur les membres de ses fonctionnaires alors qu’à mon époque le seul port de chaussettes non réglementaires exposait le flic concerné à de lourdes sanctions. C’est ainsi les temps changent, les regards des gens aussi mais apparemment cette évolution avait été exclue ces derniers jours du TGI.

Mais ce qui me chagrine encore plus dans cette affaire c’est que le policier dont je parle n’est qu’un réserviste, un de ces flics que j’ai connu alors en activité ne parlant que d’une retraite qui ne semblait jamais arriver tant elle était désirée et tant poursuive dans cette carrière leur était devenu insupportable. J’ai souvenir d’entendre les jérémiades et les complaintes incessantes de ces vieux flics; j’ai encore souvenir de leurs propos et de leur rejet de l’institution et ne peux oublier comment ils promettaient de ne plus jamais mettre les pieds dans un commissariat et encore moins de porter un uniforme.
C’était sans prendre en considération les 9 000 euros (exonérés d’impôts) qu’ils récoltent durant une année de réserve à raison d’à peine 90 jours de présence … Ainsi nous les avons vu revenir, la queue entre les jambes et le regard de l’enfant surpris avec son doigt dans le pot de Nutella (jadis de confiture), pour renforcer les effectifs moribonds de la police ou pour emmerder des pauvres gens suffoquant dans un centre ville prisonnier de fortes températures et vivant en parfaire harmonie avec les évolutions d’une société moderne.
Couvrez ces cuisses que je ne saurais voir … ! s’écriait le flic qui, certainement, ne parvenait pas à instaurer la même discipline en son domicile. C’est bien connu l’autorité et le pouvoir rendent fou et même si en cette période caniculaire il est difficile d’évoluer autrement qu’en tenue légère je vous prie de bien vouloir vous couvrir les gambettes, même si elle sont belles, pour vous rendre au tribunal.

Il avait oublié que sa mission était de protéger les lieux de toute intrusion de personnes belliqueuses porteuses de colis piégés ou de bombes artisanales capables de détruire un lieu symbolique de notre République. Il avait préféré se focaliser sur les cuissots dénudés, sur les chevilles aérées et aériennes pour sauvegarder une morale que même Marianne semblait ignorer. Pourtant il lui suffisait de lever la tête pour regarder son buste et constater qu’elle exhibe fièrement un sein mais non pas par vice mais pour nourrir son peuple. Sans doute lui a été nourri à tout autre chose …
Gare à vous si vous le croisez, il ne supporte pas les jambes nues. Je me demande ce qu’il pense du port de chaussettes avec des claquettes de piscine…

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