Villa Méditerranée à Marseille : HOMERe, le début d’une grande odyssée

Publié le 18 mars 2015 à  13h08 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h43

C’est chose faite, dans cette Méditerranée où il est de bon ton de parler surtout de ce qui ne va pas, vient d’avoir lieu, à Marseille, à la Villa Méditerranée, le lancement du programme international HOMERe (High Opportunity for Méditerranean Executive Recruitment) «Faire de la Méditerranée un bassin d’emplois». Une dizaine d’intervenants, dont notamment Bernard Morel, vice-président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et Delphine Borione, secrétaire générale adjointe pour les affaires civiles et sociales de l’Union pour la Méditerranée (UpM), ont présenté le programme, son fonctionnement et ces bénéfices. Ce dispositif concernant neuf pays méditerranéens : Algérie, Égypte, Espagne, France, Grèce, Italie, Liban, Maroc et Tunisie. Il s’adresse aux entreprises du bassin méditerranéen qui ont des activités partagées (filiales, donneurs d’ordres, clients, fournisseurs, etc.) dans d’autres pays de la région ou qui y envisagent un développement à court et moyen terme. Plus de 80 structures de formations différentes, sont partenaires du programme HOMERe.

Les intervenants du programme international HOMERe à la Villa Méditerranée à Marseille (Photo Robert Poulain)
Les intervenants du programme international HOMERe à la Villa Méditerranée à Marseille (Photo Robert Poulain)
Alain Meyssonnier, Conseiller du Commerce extérieur de la France et Léo Vincent, responsable du programme HOMERe (Photo Robert Poulain)
Alain Meyssonnier, Conseiller du Commerce extérieur de la France et Léo Vincent, responsable du programme HOMERe (Photo Robert Poulain)

Une journée qui a été l’occasion d’échanger avec de nombreux entrepreneurs et des stagiaires bénéficiaires du programme. Alain Meyssonnier, CCEF (conseiller du Commerce extérieur de la France), directeur de la Société des Eaux de Marseille et Léo Vincent, président du Réseau Méditerranéen des Écoles d’Ingénieur et de Management, responsable du programme HOMERe. Ce dernier de considérer: «Il faut que le monde universitaire et celui de l’entreprise fassent tout pour favoriser le recrutement des jeunes dans leur pays d’origine. Il faut qu’ils travaillent dans et pour la Méditerranée». Une urgence alors que, comme l’indiquera un universitaire libanais, «les étudiants, lors de leur dernière année sont de plus en plus nombreux à préparer leur départ, pour l’Europe, le Golfe, les États-Unis… ». Une situation qui se reproduit dans d’autres pays de la rive Sud. «En France, poursuit Léo Vincent, on connaît les travaux de fin d’étude, un système qui voit 75% des jeunes être recrutés dans l’entreprise où ils effectuent ce stage. Et sur les 25% restant, il en est un fort pourcentage qui refuse l’offre d’emploi».

«Conserver les jeunes talentueux en Méditerranée»

Pour Alain Meyssonnier: «HOMERe est un facteur qui doit permettre de conserver les jeunes talentueux en Méditerranée». Ce dispositif, sa labellisation par l’Union pour la Méditerranée «doit favoriser le règlement des problèmes de Visa, dans le cadre du stage international qui aura lieu au siège de l’entreprise partenaire avec, pour objectif, d intégrer le fonctionnement, les enjeux et la culture de l’entreprise», reprend Léo Vincent. Alain Meyssonnier ajoute: «Le programme s’engage à identifier et proposer à l’entreprise de jeunes talents en adéquation avec le profil de poste recherché. Si le profil ne trouve pas preneur, HOMERe pourra également proposer des jeunes nationaux ayant étudié à l’étranger et disposant des compétences requises pour le poste». Enfin, «des mentors» seront proposés. «Ils assisteront le jeune lors de son stage à l’étranger ce qui permettra au maître de stage de se focaliser sur les éléments essentiels à la capacité du jeune d’un point de vue professionnel». «A court terme, explique Alain Meysonnier, l’objectif est de trouver des entreprises intéressées par HOMERe pour en faire des exemples qui permettront de développer ce projet et d’aboutir à un recrutement dans leur pays d’origine de jeunes diplômés méditerranéens, fiers avec les entreprises qui les ont recrutés, de pouvoir travailler dans cette région».

«Acquérir les standards européens avant de revenir en Algérie »

Une ambition que Kamel Haddar, président d’Algerian Talents and Leader Association (Atlas) et directeur général d’Algérie-Focus.com, fait sienne, «ce dispositif va permettre aux jeunes de partir, d’acquérir les standards européens avant de revenir en Algérie. C’est d’autre part un plus parce que, si la formation est excellente en Algérie, elle ne prépare pas au monde de l’entreprise. Or le monde est globalisé, si nous n’entrons pas dans cette dynamique nous serons les derniers». D’autant plus regrettable, insiste-t-il, «que nous faisons du coaching pour permettre à des étudiants de rejoindre les grandes entreprises françaises. Les résultats sont excellents ».
Une jeune marocaine témoigne: «Étudiante, c’est lors d’un programme d’échange universitaire en Master 2 à Brest que j’ai entendu parler du programme HOMERe. Après un entretien à l’université avec la Somei (filiale du groupe des Eaux de Marseille), j’ai accepté de rejoindre cette entreprise, dans le cadre de ce dispositif, car elle me permettait de réaliser mon stage dans le domaine des systèmes informatiques de géographie. J’ai pu travailler de cette manière sur un projet au Maroc. Et, après six mois de stage où l’entreprise a pris en charge les indemnités mensuelles, le transport et mes déjeuners j’ai eu la chance, au lendemain de la fin du stage, de rejoindre Somei Maroc où j’exerce en tant qu’ingénieure dans les systèmes de géographie. Et, aujourd’hui lorsque je dois contacter mes collègues français, je sais exactement à qui je dois m’adresser». Elle précise que ce dispositif représente un vrai plus par rapport à des études classiques. «J’ai un bon emploi, un bon salaire lorsque des amis en sont encore à courir après des stages».

«Il y a nécessité d’innovation sociale et économique dans cette région méditerranéenne»

Au préalable Bernard Morel, le vice-président de la Région soulignait: «Il y a nécessité d’innovation sociale et économique dans cette région méditerranéenne parcourue de tensions. Une région où la coopération est essentielle. Et si nous n’arrivons pas à trouver les voies pour l’innovation alors nous nous engouffrerons dans les âneries que l’on peut entendre aujourd’hui au Sud mais aussi au Nord de la Méditerranée». Pour Delphine Borione ce programme répond à de grands objectifs poursuivis par l’Union pour la Méditerranée : le soutien à l’éducation et à l’emploi des jeunes ainsi que le renforcement du secteur privé dans la région. «HOMERe est ainsi un projet emblématique pour nous avec ses dimensions de formation, de mobilité, d’emploi, de développement du secteur privé. C’est ce qui a conduit à labelliser ce projet»,
«Marseille est la capitale française de la Méditerranée», avance Antoine-Tristan Mocilnikar, ministère des Affaires Étrangères et du Développement international. Il affirme que les peuples de son pourtour sont «dans une barque commune», un propos qui vaut notamment en terme d’environnement : «La Méditerranée existe en tant qu région écologique et c’est une région fragile».
Louis Aloccio, vice-président de la CCI Marseille-Provence et de l’Association des Chambres de Commerce et d’Industrie de la Méditerranée (Ascame) se réjouit à son tour de la mise en place d’un tel dispositif «C’est à la fois une réponse au chômage et aux besoins des entreprises en Méditerranée». Insistant notamment sur la pertinence qu’un tel dispositif peut avoir pour les PME/TPE.
Michel CAIRE

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