Vu et entendu au Grand Théâtre de Provence à Aix : le son unique d’Anima Eterna Brugge

Publié le 18 mars 2015 à  13h34 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h43

Anima Eterna Brugge et son directeur musical et fondateur Jos van Immerseel ont séduit les mélomanes au Grand Théâtre de Provence. (Photo M.E.).
Anima Eterna Brugge et son directeur musical et fondateur Jos van Immerseel ont séduit les mélomanes au Grand Théâtre de Provence. (Photo M.E.).

Une chose est certaine : mieux vaut vider son cerveau de toute référence avant le concert pour profiter pleinement de la prestation des musiciens de l’ensemble Anima Eterna Brugge et de la direction de son chef fondateur Jos van Immerseel. Car Anima Eterna, c’est avant tout un son à nul autre pareil lié à la pratique d’instruments authentiques et à l’énorme travail effectué par l’ensemble et son directeur musical sur les orchestrations désirées les plus proches possible de ce qu’elles étaient à l’époque de la création des œuvres proposées.
Avec leur nouveau programme «Ame slave» Anima Eterna et Jos van Immerseel ne dérogent pas à leur ligne de conduite. Dès les premières notes de «La Moldau» de Smetana, les codes sont cassés. On est loin du «sirop» souvent servi par d’imposantes formations parfois sous la direction de maîtres reconnus. Ici les eaux de la rivière ne dégoulinent pas de façon onctueuse vers nos tympans. Avec huit premiers violons, huit seconds, six altos, six violoncelles et quatre contrebasses, soit la moitié des cordes d’un symphonique «moderne», cette Moldau a du caractère et une belle personnalité et ses eaux sont animées par une lecture fouillée de la partition livrée par Jos van Immerseel.
Cette facture originale, nous la retrouvons avec bonheur pour la Symphonie «du Nouveau Monde» de Dvořák. Composée à New-York, l’œuvre n’a rien à voir avec les États-Unis d’Amérique; elle illustre la nostalgie du compositeur pour sa terre natale. Et c’est bien de l’émotion qui est transmise par l’interprétation d’Anima Eterna avec des couleurs et des nuances propres à l’orchestre. En fait, l’utilisation d’instruments authentiques estompe le côté parfois clinquant que peuvent avoir les instruments modernes pour laisser s’exprimer avec plus de force les sentiments. Les cuivres, notamment, qui sont puissants, sans être écrasants, et dont on peut louer et la qualité du son et la précision. Ces cuivres qui seront à l’honneur, aussi, en deuxième partie du concert avec la Sinfonietta composée deux ans avant sa mort par Leoš Janáček. L’œuvre, hymne à la Moravie libre, mêle les accents militaires et les airs traditionnels. Sous la direction de Jos van Immerseel, Anima Eterna fait briller une partition trop peu jouée avec intelligence et finesse. Une fois de plus, cette musique, aux accents souvent martiaux, est donnée avec la volonté d’en exprimer toute la richesse loin de toute grandiloquence malvenue. A l’image de la gestuelle du directeur musical, sobre et efficace. De la belle ouvrage ! Et quel son…
Michel EGEA

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