Le Port de Marseille Fos et Air Paca : la pollution prendrait-elle le large ?

Publié le 21 mai 2017 à  0h32 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  16h06

Christine Cabau-Woehrel, présidente du directoire du port de Marseille-Fos, assure: «Oui, le port tient compte de la pollution de l’air que ses navires et activités génèrent, à l’échelle de la ville de Marseille, de la métropole et de la Région.» Grâce à un partenariat, depuis 2004, avec Air Paca, organisme indépendant de contrôle de la qualité de l’air, la présidente du directoire joue la transparence avec une carte de la pollution de l’air mise à jour quotidiennement et disponible à présent sur le site du Port. marseille-port.fr

selon Air Paca, un navire à quai polluerait autant que le nombre de voitures en circulation dans la ville le même jour (Photo Robert Poulain)
selon Air Paca, un navire à quai polluerait autant que le nombre de voitures en circulation dans la ville le même jour (Photo Robert Poulain)
Christine Cabau-Woehrel présente également les trois moyens mis en œuvre pour lutter contre cette pollution de l’air, à quai et en mer : le branchement électrique à quai, les filtres à fumée des navires et un autre carburant le GNL ou gaz naturel liquéfié. Elle souligne que «d’autres outils pourront être utilisés car nul ne sait dans 10 ans de quoi seront faites les flottes de commerce ou de croisière ». Mais ces moyens technologiques ne sont pas sans limites. En effet, le branchement à quai, adopté pour l’instant par une seule compagnie, La Méridionale, consomme beaucoup d’électricité (entre 10 et 12 mégawatts) et, de fait, il n’a pas fait école, ni à Marseille ni dans d’autres ports. Quant aux moteurs au GNL, les navires de croisière n’en seront dotés qu’autour de 2020. Christine Cabau-Woehrel balaie ces objections pour souligner l’action des armateurs et du Port contre cette pollution. Ainsi le Port a lancé une étude pour étendre le branchement à quai dans la réparation navale de ses formes 8 9 et 10 et attend des résultats à l’automne prochain. Au même moment, 3 à 5 navires du croisiériste MSC feront escale à Marseille avec des filtres fixes de fumée, des scrubbers. «Pour les filtres mobiles, on en est à l’étude que le Port finance avec le Pôle Mer», indique-t-elle. Autre étude, cette fois, pour approvisionner les navires en GNL depuis ses terminaux méthaniers de Fos, un aménagement décidé car des navires de croisière utilisant ce carburant sont en construction sur le chantier naval STX de Saint-Nazaire. En 2019, le 1er à en sortir sera celui de Costa et à la même date débutera la construction de ceux de MSC. Ces bateaux neufs ne sont pas les seuls équipés, d’autres navires plus anciens le seront aussi.
Christine Cabau Woehrel et Dominique Robin une coopération renforcée en faveur de la qualité de l’air (Photo Robert Poulain)
Christine Cabau Woehrel et Dominique Robin une coopération renforcée en faveur de la qualité de l’air (Photo Robert Poulain)
son_copie_petit-137.jpgChristine Cabau-Woehrel, en est convaincue, considérant qu’elle ne peut «agir pour la qualité de l’air qu’avec les armateurs». Elle prévoit d’ailleurs «de récompenser les plus vertueux». Dès le 1er juillet 2017, le Port accordera une prime de 10% sur ses frais aux navires dont les performances environnementales vont au-delà de la réglementions avec un indice (Index Environnemental de Navire (ESI) supérieur ou égal à 35 du World Ports Climate Initiative (WPCI) dont le Port est signataire. cabau_port.mp3 son_copie_petit-137.jpgDominique Robin, Directeur d’Air Paca, dresse un état des lieux des polluants dus aux navires et au Port, répond à la question de savoir si un seul navire de croisière pollue plus qu’un million de voitures à Marseille, ce qu’une étude récente avait affirmé. Enfin, cette pollution de la mer et du Port, le vent peut la rabattre vers les habitants des immeubles des quartiers Nord et là, pour l’instant, Air Paca n’en est encore qu’à l’étude… ste-076_dominique_robin_19_5_17_air_paca_et_gpmm.mp3 II est à noter qu’à ce jour, seulement une cinquantaine de ports dans le monde pratiquent une réduction des droits de port pour tout ou partie de leur trafic éligible à un score ESI. En optant lui aussi pour un système de prime incitatif, Marseille Fos se hisse parmi les ports mondiaux se donnant pour mission d’encourager leurs clients à limiter leur impact environnemental au bénéfice des riverains des ports. Mireille BIANCIOTTO

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