Arménie. Tribune de Didier Parakian : On nous avait dit: « Plus jamais ça »

120 000 Arméniens isolés du monde pendant dix mois, affamés, privés de soins et d’électricité. Puis agressés, forcés à s’exiler, à fuir. On nous avait dit: « plus jamais ça » … 120 000 personnes, c’est le nombre d’habitants de la circonscription sur laquelle je suis élu, la 1ère des Bouches-du-Rhône. Imaginons-nous, à table un soir en train de diner en famille, voir débarquer des soldats de l’armée azerbaïdjanaise nous sommer de quitter notre domicile sur le champ et sous la menace d’une arme.

Didier Parakian (Photo Philippe Maillé)
Didier Parakian député des Bouches-du-Rhône (Photo Philippe Maillé)

L’Azerbaïdjan veut éradiquer toute trace de présence arménienne de la région et elle le prouve quotidiennement. Ce monde est fou oui. Complètement fou. Mais nous devons continuer à nous battre de toutes nos forces pour le peuple arménien. Car Aliyev l’a dit, nous le savons, il vise désormais le Syunik, Erevan et l’Arménie toute entière. Pourquoi s’arrêterait-il ? Seul le Président de la République Emmanuel Macron a le courage de soutenir fermement l’Arménie et le peuple arménien, dénonçant les exactions de l’Azerbaïdjan.

Si la classe politique française défend unanimement la cause arménienne, nous devons aller plus loin, plus vite avant que l’Arménie ne soit définitivement rayée de la carte. Nous devons rapidement expulser l’ambassadrice de l’Azerbaïdjan en France Leyla Abdulayeva qui, en bon outil du régime autocrate d’Aliyev, diffuse ses mensonges et sa propagande anti-arménienne. Ce discours haineux n’a pas sa place en France : notre Démocratie ne peut pas accepter que des êtres humains soient traités «comme des chiens ». Aliyev l’a dit et l’a fait. Je ne peux pas et je ne pourrai jamais me résigner au fait que nous laissions faire.

L’urgence aujourd’hui est de permettre à l’Arménie de faire respecter son intégrité territoriale. Comment ? En fournissant aux Arméniens des armes de défense, en les accompagnant dans la formation militaire, en renforçant la présence des observateurs de l’Union Européenne à la frontière internationalement reconnue. Je me bats, avec bon nombre de mes collègues parlementaires membres du groupe d’amitié France-Arménie, en ce sens. La France y est favorable et Emmanuel Macron l’a dit ; c’est la raison pour laquelle nous voulons peser de tout notre poids.

L’aide humanitaire est une chose et elle peut être réalisée par nos associations qui sont particulièrement compétentes. L’aide militaire est du fait des autorités françaises ; j’ai interrogé la semaine dernière le ministre des Armées Sébastien Lecornu sur la possibilité de fournir des armes de défense à notre petite sœur l’Arménie. Il n’a pas fermé la porte à une coopération. La ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna l’a annoncé ce mardi 3 octobre : la France est prête à fournir du matériel militaire à l’Arménie. Elle va également demander l’élargissement de la mission EUMA et le changement de mandat pour aller au-delà de la simple mission « d’observation ». Enfin, notre Ministre a annoncé sa volonté de travailler au déploiement de la facilité européenne pour la paix en Arménie.

Dans les jours et les semaines à venir, je vais continuer à travailler avec le gouvernement en ce sens. Il me semble également impératif d’œuvrer pour la libération des prisonniers de guerre arménien emprisonnés en Azerbaïdjan : je pense à Rouben Vardanyan, ancien ministre d’État de la République d’Artsakh. Je pense à Arayik Haroutiounian, Arkady Ghoukasyan et Bako Sahakyan, anciens Présidents de la République d’Artsakh, à David Ichkhanian, Président de l’Assemblée nationale. Au vu du sort réservé aux populations arméniennes d’Artsakh par l’Azerbaïdjan, au vu des atrocités de cette véritable épuration ethnique, personne ne peut aujourd’hui nous assurer que ces responsables politiques sont traités décemment. Je le sais, le combat semble perdu d’avance mais c’est un combat qui mérite d’être mené de toutes nos forces. Parce que nos sœurs et nos frères arméniens méritent de vivre en paix et en sécurité chez eux. Nous n’avons pas sauvé l’Artsakh, protégeons l’Arménie au nom de la Liberté, de l’Égalité et de la Fraternité.

Didier Parakian est député des Bouches-du-Rhône et vice-président du groupe d’amitié France-Arménie

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