Crédit Agricole Alpes-Provence. Serge Magdeleine : « transporter l’économie viable avant le Covid-19 jusqu’à l’après crise »

Publié le 1 mai 2020 à  16h00 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  11h16

Serge Magdeleine, le nouveau directeur général du Crédit Agricole Alpes-Provence en visiconférence face à la presse  (Photo P.M.-C)
Serge Magdeleine, le nouveau directeur général du Crédit Agricole Alpes-Provence en visiconférence face à la presse (Photo P.M.-C)

«Toute entreprise viable avant la crise Covid-19 doit ressortir vivante après». Tel est le message que Serge Magdeleine, le nouveau directeur général du Crédit agricole Alpes Provence- qui couvre les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse et les Hautes-Alpes- a fait passer à l’ensemble de ses collaborateurs. Il vient de faire le point sur l’action de la Banque mutualiste en cette période de crise après en avoir dressé un tableau sans concession: «On va juguler la crise sanitaire, on ne va pas s’en débarrasser». Sur le plan économique, poursuit-il: «On crée en moyenne 5 milliards de richesse par mois. Or, avec cette crise, avec le confinement, 40% de l’économie est à l’arrêt. On détruit donc 2 milliards par mois. Si on redémarre en mai il faudra au moins 4 mois pour retrouver un rythme de croisière et nous aurons à minima perdu 8 milliards du PIB. Dans l’histoire du XXe siècle nous n’avons jamais connu un tel décrochage. Le choc est terrible». Comment justement absorber ce choc? «L’État a commencé à mettre en place un mécanisme avec notamment le chômage partiel. Il a d’autre part demandé aux banques, dont le Crédit Agricole, de faire face, de faire le pont aérien, de transporter l’économie viable avant le Covid-19 jusqu’à l’après crise». Deux outils principaux pour cela: «Les pauses crédit. On organise massivement ces pauses» pour les entreprises, les agriculteurs mais aussi les particuliers et puis, le Prêt garanti par l’État (PGE) «que nous distribuons massivement», dévoile-t-il. Dans ce cadre, notamment il explique que la Caisse régionale a eu à faire face à 3 défis, premièrement la protection des salariés. «On parle beaucoup de déconfinement mais nous ne nous sommes pas confinés, nous avons continué à ouvrir nos agences, à faire des crédits… Et donc nous avons dû protéger. Un défi relativement bien relevé». Le deuxième défi a été organisationnel: «En une semaine de temps on a dû organiser le télétravail pour les postes où cela était possible. Nous avons réorganisé nos agences. Là aussi nous avons réussi. On a toujours pu retirer de l’argent aux distributeurs, dans les agences, avoir un crédit…». Troisième défi, Il est économique: « Il s’agit de faire tenir l’économie pendant cette crise..».

3 300 demandes de PGE pour un montant de 300 millions d’euros

Serge Magdeleine revient sur le PGE : «C’est 100 000 demandes au niveau du groupe, 20 milliards d’euros octroyés et un taux d’acceptation de 97%. Concernant Alpes-Provence nous en sommes à 3 300 demandes pour un montant de 300 millions d’euros. Nous avons refusé 19 dossiers.» «Le réseau, tient-il à préciser, a toute délégation pour octroyer le plus rapidement les prêts; tout est mis en place pour que nous soyons réactifs pour aider et le plus vite possible nos professionnels. Et, si malheureusement, aucune solution favorable n’était possible, alors le dossier est réétudié par la direction Générale, qui seule peut refuser réellement le prêt». Il constate que «tout le monde vient chercher du PGE sauf les activités digitales.» Évidemment, souligne-t-il: «Nous avons les cafés, hôtels, restaurants, le tourisme, le BTP, tous les secteurs marchands non alimentaires». Il se félicite : «Grâce à notre système de signature électronique le délai de versement est extrêmement court: 72 heures». Il salue le sens des responsabilités des chefs d’entreprise: «La moyenne des demandes est de 100 000 euros. Et on voit bien que chaque demande est calibrée au plus juste». Il annonce : «Nous allons également tout faire pour maintenir le tourisme a flot car c’est un secteur clé dans cette Région».

«Nous avons organisé une collecte pour acheter des respirateurs pour les hôpitaux et nous avons récolté 225 000 euros»

Serge Magdeleine tient à ajouter: «Bien sûr que nous avons une obligation en matière de PGE, mais nous le faisons au-delà de ce seul caractère parce que nous sommes intimement lié au territoire et que si notre territoire meurt nous ne fonctionnerons plus». «Dans notre raison d’être, signale-t-il, il est écrit que nous agissons tous les jours dans l’intérêt de nos clients et dans celui de la société. Nous avons quelques exemples. Nous avons organisé une collecte pour acheter des respirateurs pour les hôpitaux et nous avons récolté 225 000 euros. Il y a aussi des collaborateurs qui ont fait don de congés que nous transformons en cash et que nous versons aux associations dans les hôpitaux. Nous avons déjà ainsi remis 25 000 euros». Dans cette dimension sociétale, il évoque une initiative du secteur assurance du Crédit Agricole: «Nos contrats multirisques qui couvrent les pertes d’exploitation ne prennent pas en compte les épidémies. C’est écrit noir sur blanc. Et puis est arrivé ce qui ne devait pas arriver: une pandémie. Le groupe s’est alors posé la question de savoir si, au-delà de ce qui était écrit, l’on pouvait faire un geste, par solidarité mutualiste, en direction de ceux qui ont signé un tel contrat. C’est ainsi qu’il a été décidé de mettre en place une prime forfaitaire dont les modalités sont en cours de calcul. Le groupe pourra allouer jusqu’à 200 millions d’euros à cette opération».

L’application «Copass» réalisé par le Crédit Agricole avec l’entreprise Onepoint pour gérer la reprise de l’activité des entreprises

Serge Magdeleine met ensuite en exergue, toujours dans la dimension sociétale, l’application «Copass» réalisé par le Crédit Agricole avec l’entreprise Onepoint pour gérer la reprise de l’activité des entreprises. L’idée de cette application est née dans la région, lors d’une téléréunion. «Pourquoi une application ne rendrait-elle pas les conditions de retour dans l’entreprise plus sereine? Les salariés répondent à un questionnaire qui définit leur niveau de vulnérabilité au Covid 19. A partir de là on voit s’ils reviennent ou pas et dans quelles conditions afin de leur garantir le niveau maximal de protection». Une application en cours de développement qui sera commercialisé 1 euro par salarié payé par l’entreprise, 50% étant reversé à la recherche contre le Covid. Cinq sociétés pilotes devraient bénéficier de ce dispositif à partir du 11 mai. Alors, pour le directeur général du Crédit agricole Alpes Provence: «Il est trop tôt pour dire ce que cette crise va changer dans les missions de la Banque ou même son organisation. En revanche, je suis persuadé que l’après Covid sera complètement différent de l’avant sur un plan sociétal, sur la façon dont les clients consommeront tout type de produits demain». Et selon Serge Magdeleine : «Pour la première fois la technologie va avoir un rôle majeur dans la définition des usages. Avant la crise on inventait les usages et on demandait à la technologie de les développer».
Michel CAIRE

Serge Magdeleine: « un choix très personnel et un choix de cœur »
Serge Magdeleine est âgé de 48 ans, marié, il est père de trois enfants, ingénieur des Ponts et Chaussée, il est entré au Crédit Agricole en 2001 après avoir commencé sa carrière dans le conseil en stratégie puis avoir fondé son entreprise qu’il revend. Il s’occupe dans un premier temps du digital avant de devenir directeur des entreprises à Lyon. En 2010 il rejoint la Caisse Alpes-Provence comme directeur général adjoint aux côtés de Thierry Pomaret. Il y reste 5 ans. Il part ensuite à Paris où il prend en charge la technologie et le digital pour l’ensemble du groupe (7 000 personnes et un budget de 4 milliards d’euros annuel). «Ce n’était pas prévu que je vienne prendre ce poste. En novembre dernier Thierry Pomaret est décédé brutalement. Cela a été un choc». Le Conseil d’administration l’appelle pour lui demander de revenir. Il accepte: «Cela a été un choix de cœur par rapport à Thierry Pomaret qui a été mon mentor. Puis j’adore cette région, j’y ai installé ma famille».
M.C.

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