Franc-maçonnerie : rencontre avec Daniel Keller à l’occasion de la réunion du Conseil de l’Ordre délocalisée à Marseille

Publié le 28 mars 2014 à  23h16 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  17h46

Daniel Keller, Grand Maître du Grand Orient de France était à Marseille (Photo Philippe Maillé)
Daniel Keller, Grand Maître du Grand Orient de France était à Marseille (Photo Philippe Maillé)
Daniel Keller est, depuis le 29 août, le Grand Maître du Grand Orient de France, il était, les 27 et 28 mars à Marseille, pour une réunion du Conseil de l’Ordre qui a été délocalisée en province, dans la cité phocéenne pour être précis. Un repérage en quelque sorte puisqu’il reviendra les 5 et 6 avril pour le 3e salon maçonnique du livre. Occasion pour lui de rappeler sa volonté de se rapprocher des réalités de terrain, des interrogations des francs-maçons, mais aussi des profanes et notamment de la jeunesse.
Il plante en premier lieu le décor en rappelant que le Grand Orient commémore cette année les 240 ans de sa formation. «Nous puisons notre force dans un parcours initiatique ininterrompu et emprunté aujourd’hui par plus de 51 500 membres rassemblés dans plus de 1 220 loges». Il rappelle qu’il s’agit d’un ordre initiatique d’une part qui, d’autre part, étudie les grandes questions qui intéressent la société, notamment grâce à ses commissions laïcité, santé publique et bioéthique ou encore développement durable.

«Marseille est une terre maçonnique»

«Marseille est une terre maçonnique puisque l’on compte plus de 80 loges dans les Bouches-du-Rhône. Nous avons souhaité venir à leur rencontre, les écouter, répondre à leurs questions. Cette démarche s’inscrit dans le fait que nous ne voulons pas être coupés de la base, ce qui est un mal moderne. Et la proximité est d’autant plus importante pour nous que nous vivons sur la créativité des ateliers», souligne-t-il. Ainsi, la tenue de ce Conseil a été pour Daniel Keller l’occasion de rencontrer les frères, (plus de 100 étaient venus) la veille au soir. Plusieurs questions ont été abordées : «Quel est le cap que le grand Orient doit tenir dans le monde d’aujourd’hui ? Dans un monde fait de ruptures quelle peut être la place du Grand Orient dans les débats de société ?».
Il précise : «Nous avons la mission de réinvestir des chantiers essentiels, comme la République, dont la structure doit être régénérée. Nous avons l’impression d’une désaffection pour le modèle de société et politique dans lequel nous vivons. La question est d’autant plus forte que les Francs-Maçons du Grand Orient ont été parmi les principaux artisans de l’avènement de la République puis de son enracinement dans notre pays».

«L’engagement citoyen passe par le vote»

Autre sujet de réflexion, de débats, l’Europe. «Elle se construit dans le chaos. Que deviendra-t-elle, un espace d’affrontements ou de vivre ensemble ?». Daniel Keller indique à ce propos : «Nous allons prendre une initiative en vue des élections européennes pour rappeler que l’engagement citoyen passe par le vote. Nous reconnaissons que l’abstention est forme d’expression politique visant à traduire un mécontentement profond mais, nous tenons à rappeler que ce n’est pas de cette façon que l’on pourra faire avancer les choses».
L’école est un dossier sur lequel travaille le grand Orient. «Nous avons le sens du long terme. Comment ne pas être sensible à l’école puisque c’est le lieu où l’on se construit sur le long terme. Il faut qu’elle devienne un espace de sécurisation alors que, pour la première fois, les enfants vont vivre moins bien que leurs parents».

« Il faut une réflexion de fond sur la liberté de conscience en Europe »

Concernant la laïcité, Daniel Keller considère : «C’est un sujet important. Il faut une réflexion de fond sur la liberté de conscience en Europe. Même en France, il faut rappeler que la laïcité est une clé du vivre-ensemble dans une société de plus en plus hétérogène. La laïcité n’est pas haineuse, porteuse d’exclusion. Elle doit, au contraire, accompagner un projet d’intégration alors que certains, aujourd’hui, voudraient faire croire qu’il n’est plus possible d’intégrer, alors que l’on assiste à une tentative de récupération déviante de la laïcité par le FN». Il conclut sur ce propos : «Voilà sur quoi nous travaillons dans les loges».
La réflexion du Grand Orient porte aussi sur la Méditerranée : «La Méditerranée nous préoccupe. C’est le bassin de notre civilisation. C’est aussi une région douloureuse dans laquelle nous travaillons pour contribuer à la construction d’un espace de paix, de démocratie. De ce point de vue nous ne pouvons que nous féliciter de la nouvelle constitution tunisienne. Nous avons des loges au Liban, en Israël, nous avons des relations d’amitié avec le Maroc ainsi qu’en Turquie. Nous espérons la renaissance de loges en Tunisie. Et, bien sûr, nous avons de nombreux liens en Grèce, en Espagne, en Italie… Et Marseille, dans cet espace, de par son emplacement, sa population, son histoire, sera pour l’éternité, une capitale méditerranéenne».
Michel CAIRE

Le Grand Orient et les élections

«Nous n’avons pas pour vocation à appeler à voter pour untel ou untel. En revanche, et j’ai déjà pu le dire, notamment à Brignoles, il y a, à mes yeux, incompatibilité entre les valeurs de la Franc-Maçonnerie et le Front National. Il nous revient de défendre les valeurs de la République auxquelles nous croyons. A chaque Franc-Maçon d’être responsable ».

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