Publié le 28 mars 2018 à 23h08 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 18h40
C’est en présence de nombreuses personnalités que s’est déroulée l’inauguration de l’Institut Hospitalo-Universitaire (IHU) Méditerranée infection de Marseille. Structure qui regroupe les moyens de lutte contre les maladies infectieuses, -première cause de mortalité dans le monde (17 millions de morts par an) et notamment les trois tueurs mondiaux (le VIH, la tuberculose et le paludisme)- en un pôle majeur et stratégique au rayonnement local, national et international.
Le Pr. Didier Raoult, qui est à la tête de l’Institut, mène la visite d’un bâtiment de 27 000 m² «que nous avons eu pour un coût exceptionnellement bas de 1 850€/m²», indique-t-il, avant de préciser: «Nous avons utilisé 2/3 de nos financements à réaliser du patrimoine et nous sommes le seul IHU de France à avoir agi ainsi. Dans le même temps nous avons stabilisé le financement pour les 10 ans à venir.» Ce site réunit les quatre CHU du littoral méditerranéen et représente le plus important master en maladies infectieuses de France créant «un vivier international de chercheurs». «La Fondation IHU Méditerranée infection consacre 80% de son budget récurrent pour les étudiants, en particulier du Sud et leur formation. Ont été accueillis, 1 033 étudiants entre 2010 et 2018, dont 156 pour la réalisation d’un doctorat», explique le Pr. Raoult Des étudiants du Sud ont été financés pour des Masters, des thèses et post-doc: 160 étudiants par an. Au total, depuis 2011, ce sont 217 étudiants issus du Maghreb, dont 68 d’Algérie, 309 d’Afrique subsaharienne francophone et 19 du Liban qui ont été financés. Il est rappelé qu’il existe des accords institutionnels avec les universités du Liban, Algérie, Sénégal, Vietnam et Mali pour le retour des étudiants dans leur pays d’origine et la création de bases de recherche IHU/IRD au Sénégal, au Mali et en Algérie. Ce pôle est le plus important de France, devant Paris «grâce aux fondateurs spécifiques, IRD/Service de Santé des Armées, Fondation Mérieux, CHU et Universités». Didier Raoult dévoilera: «Fils de médecin militaire, je suis heureux que l’IHU ait entraîné la relocalisation du Service de Santé des Armées à Marseille pour les risques naturels».
«Nous disposons de trois unités de 25 lits, dont l’une est équipée pour recevoir des malades très contagieux»
Il revient sur la structure: «Nous disposons de trois unités de 25 lits, dont l’une est équipée pour recevoir des malades très contagieux comprenant un mini-laboratoire et une salle d’autopsie». L’IHU est également doté du laboratoire de diagnostic le plus grand et le mieux équipé de France y compris sur le plan de la génomique, microscopie, insectarium… Se retrouvent regroupés dans un bâtiment le soin, la formation, le diagnostic, la recherche, la veille épidémiologique. Il est à noter que la veille de l’émergence en maladies infectieuses est unique en Europe et a été créée en lien avec la Défense Nationale. Tandis que l’alliance spécifique de l’IHU avec l’Établissement français du sang a conduit à l’identification de nouveaux facteurs de risque transfusionnel. S’il est question de coûts, Didier Raoult tient aussi à mettre en exergue les bénéfices : «L’activité de soins est exceptionnelle et représente par an 11 M€ pour le CHU.». L’IHU, c’est aussi 4 927 publications depuis 2011, 38 dépôts de brevets depuis 2012 et la création de 7 start-up dont l’IHU a 5% des parts. Il importe enfin de savoir que 30% des microbes retrouvés, au moins une fois chez l’Homme, depuis l’aube de l’humanité y ont été découverts. Le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin évoque le Comité Interministériel de Performance et de la Modernisation de l’Offre de Soins (Copermo): «Nous sommes allés voir la ministre de la Santé avec le Département et la Région. Ce que nous avons demandé a été en partie entendu et nous sommes partis avec 9M€». Et de fustiger: «J’en ai assez d’entendre des critiques sur l’AP-HM, elle se porte mieux que ce que nous avons l’habitude d’entendre». Martine Vassal, la présidente du Département 13, remercie l’ensemble des membres fondateurs de l’IHU «avec une mention spéciale pour le professeur Raoult». «La santé est une priorité pour notre département , insiste-t-elle, et j’ai hâte de voir les urgences de la Timone rénovée, une opération que nous avons financé à 80%». Plus largement elle déclare: «L’AP-HM est au cœur de nos vies, mais aussi au cœur d’un territoire dont elle est un moteur indispensable, c’est pourquoi je serai vigilante à l’application du plan de soutien de nous avons obtenu avec Jean-Claude Gaudin et Renaud Muselier.». «Je veillerai particulièrement, poursuit-elle, au sort de tous les agents qui continuent d’apporter des soins de grande qualité, malgré des conditions de travail très dégradées». «Nous attendons beaucoup de Copermo. Et nous ne pouvons pas avoir un État qui nous donne de nombreuses charges et, dans le même temps, nous impose de plus en plus de contraintes», prévient la Présidente du Département.
«Une aventure humaine et scientifique exceptionnelle»
Pour Renaud Muselier, le président de Provence-Alpes-Côte d’Azur: «L’IHU Méditerranée infection est une aventure humaine et scientifique exceptionnelle». Rappelle le lancement du grand emprunt par Nicolas Sarkozy en 2011 «qui a permis le financement de grands projets de recherche de dimension mondiale. C’est la naissance des labels IHU que la France entière va se disputer. Les candidatures sont nombreuses (19 dossiers), et un homme y croit contre vents et marées : il ramènera un IHU pour Marseille. Résultat, Méditerranée Infection devient l’IHU le mieux doté de France par le jury international avec 72M€. C’est un succès retentissant. Ce succès, notre région le doit à un homme : le Professeur Didier Raoult». Il n’omet pas de signaler: «Avec plus de 11M€ engagés par la Région, nous avons été un financeur fondamental dans ce projet. Et c’est une grande fierté car nous avons maintenant, ici à Marseille, un pôle mondial d’excellence.». Il indique à son tour toute l’importance qu’il accorde au devenir de l’APHM. Pierre Dartout, le Préfet de Région, avoue être impressionné: «On sent la force des équipes, les aspects novateurs de la recherche». A ses yeux: «Cet Institut consolide la vocation internationale de la métropole Aix-Marseille-Provence».
Michel CAIRE
Chiffres clés de l’IHU Méditerranée infection -Plus de 40% des microbes associés à l’homme (sur 2500) ont été décrit à l’IHU -Plus de 780 personnes travaillent à l’IHU -Plus de 30 M€ d’équipements -1033 étudiants en stage accueillis depuis 2016 -38 brevets déposés entre 2011 et 2016 -9 start-up créés -421 espèces de bactéries nouvelles depuis 2011 -9 virus géants découverts par l’IHU sur 11 existants à travers le monde -1632 génomes séquencés depuis 2011 -9743 métagénomes séquencés depuis 2011 -5634 espèces de bactéries humaines stockées depuis 2004 |