IRD : 80 ans au service d’une science de la durabilité

L’Institut de recherche pour le développement (IRD), créé en 1944, célèbre en cette année 2024 ses 80 ans. Un anniversaire qui sera ponctué d’événements en France et à l’étranger. Parmi les différents temps forts, un Forum international se tiendra le 7 octobre 2024 au Palais du Pharo à Marseille et proposera des conférences, débats et ateliers visant à partager et confronter les points de vue autour des enjeux de la recherche pour le développement durable.

Destimed IRD COPIE 1
Gilles Pecassou, directeur général délégué de l’IRD et Valérie Verdier, présidente-directrice générale de l’IRD ont présenté l’Institut qui fête ses 80 ans (Photo Michel Caire)

L’IRD, organisme de recherche public pluridisciplinaire, est placé sous la double tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche et du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Basé à Marseille l’Institut dispose de 4 sites en France, 35 représentations à l’étranger et intervient dans plus de 50 pays en Afrique, océan indien, Méditerranée, Amérique latine et Caraïbes, Asie du Sud-Est et Pacifique.

Valérie Verdier, présidente-directrice générale de l’IRD plante le décor : « L’IRD est un institut de recherche unique dans le paysage français, européen et international. Avec l’Institut la France est le seul pays au monde à disposer d’un organisme public de recherche pluridisciplinaire entièrement dédié à la coopération scientifique avec les partenaires de la zone intertropicale et méditerranéenne ». Elle précise  : « Tourné vers la science de la durabilité, notre institut contribue au développement de nouveaux systèmes de savoirs qui trouvent leur source dans la confrontation aux problèmes du monde réel, plutôt que dans la dynamique propre à chaque discipline scientifique. L’IRD mobilise ainsi des savoirs inter et transdisciplinaires, coconstruits avec les acteurs de la société qui permettent l’acquisition de connaissances scientifiques porteuses de solutions ».

« Avec l’IRD le partenariat est très productif »

Le propos est renforcé par la parole des partenaires étrangers. Véronique Yobové, de l’université Félix-Houphouët-Boigny, Côte d’Ivoire, souligne : « La recherche est cruciale pour faire face aux défis des pays du Sud. Défis économiques, sociaux, environnementaux, inégalités sociaux-économiques, vulnérabilité face au changement climatique… Nous avons besoin de la recherche pour trouver des solutions durables . Or, si nous avons le potentiel humain, nous manquons d’infrastructures et de finances. Raison pour laquelle la coopération internationale est si importante et je dois dire qu’avec l’IRD le partenariat est très productif, tant dans la recherche que la formation ».

Le docteur guinéen Alpha Keita indique pour sa part : « L’IRD est en Guinée depuis plusieurs années, d’abord pour une collaboration informelle puis formelle depuis une vingtaine d’années. A la suite d’une épidémie d’Ebola, en 2015, l’intervention de l’IRD a été sans précédent et a débouché sur la création d’un centre de recherche pouvant répondre aux besoins du Pays ». Et les résultats sont là : « Alors que l’épidémie de 2015 a provoqué la mort de 11 000 personnes, une poussée du virus Ebola en 2021 a pu être traité en un temps record évitant de nombreux morts ».

Le docteur Silvia Restrepo de Colombie explique : « Nos pays ont une grande richesse en biodiversité et seront les premiers touchés par le changement climatique et nous n’avons ni les technologies ni les ressources financières pour en atténuer les effets et nous adapter. Il faut savoir par exemple qu’en Colombie seulement 0,2% du PIB est attribué à la science. Or sans science on ne pourra pas s’adapter ». Dans ce contexte elle souligne l’importance de l’IRD « qui a une stratégie différente des autres instituts. L’IRD croit que la recherche et la science sont les bases du développement. Il organise un suivi et assure la formation. En ce qui me concerne par exemple j’ai pu passer un doctorat grâce à l’IRD puis j’ai pu rentrer en Colombie pour y faire de la recherche dans un laboratoire mixte international où on fait de la recherche  fondamentale et appliquée. Un laboratoire, autre originalité, qui réunit la Colombie, la France et l’Équateur. Alors que traditionnellement, en Colombie, nous ne regardons pas les pays voisins là nous travaillons avec l’Équateur pays avec lequel nous avons ainsi multiplié par 20 les publications communes».

« Les solutions sont aussi au Sud »

Valérie Verdier tient à souligner: « Il faut bien mesurer que, face au réchauffement climatique, les solutions sont aussi au Sud. Elles peuvent irriguer nos actions dans l’hexagone. Il y a d’ailleurs déjà des mises en application ». Gilles Pecassou, directeur général délégué de l’IRD indique en premier lieu: «Sachant que nous avons deux ministères de tutelle la directrice générale est scientifique et moi je suis diplomate et c’est un fonctionnement qui est sans équivalent. Nous nous inscrivons dans une logique de développement durable et solidaire sachant que la science est un facteur de développement à part entière. Nous œuvrons pour protéger la biodiversité, favoriser la résilience, soutenir les droits humains et la démocratie ». Valérie Verdier reprend : « Acteur de l’agenda international pour le développement, l’IRD inscrit ses priorités dans l’atteinte des objectifs de développement durable. Ensemble, scientifiques et partenaires de l’Institut, permettent l’acquisition de connaissances scientifiques porteuses de solutions». Gilles Pecassou ajoute : « L’ONU juge que nous n’arriverons pas à atteindre la neutralité carbone en 2050. Si on ne veut pas de ce scénario catastrophe il faut une science plus visible, financée et innovante ». Et la diplomatie est d’autant plus nécessaire que « le temps politique n’est pas celui de la recherche qui est long ce qui nous oblige à être flexible », signale-t-il avant d’ajouter, évoquant notamment le Mali et le Niger : « La dégradation des conditions de sécurité limite les conditions de travail sur le terrain mais je ne crois pas que les financements ont été arrêtés au Niger et très peu au Mali ».

« Comprendre, construire, transformer et  faire ensemble »

Puis Valérie Verdier revient sur cette année 2024 de célébration qui sera ponctuée donc d’événements, en France et à l’étranger. «La célébration des 80 ans incarne l’engagement continu de l’IRD pour un monde meilleur, sa détermination à contribuer de manière significative à la compréhension des grands enjeux globaux, à mettre la science au service de l’action, à accompagner la transformation des sociétés vers des modèles sociaux, économiques et écologiques plus justes et durables », décrit-elle. « Cette année, annonce-t-elle, sera placée sous le signe de : comprendre, construire, transformer et j’ajoute faire ensemble sachant que le modèle de l’IRD repose sur les trois piliers de la science de la durabilité : visibilité économique, protection de l’environnement et équité sociale

Une programmation internationale

Cette année mobilisera les 35 implantations de l’IRD à travers le monde. «Une trentaine d’événements sont organisés pour célébrer avec nos partenaires nos 80 ans. De la recherche collaborative à des projets de développement, ces manifestations illustreront la richesse des partenariats internationaux de l’Institut et permettront de créer des échanges et de partager les connaissances.» Expositions, conférences et événements artistiques «seront autant d’occasions de célébrer l’IRD et ses partenaires, de manière créative et inspirante dans un esprit de partage avec le grand public.» L’IRD publiera par ailleurs en septembre 2024 un livre intitulé Focales Sud. Riche d’une centaine de photos, cet ouvrage met en lumière des avancées scientifiques majeures fruit de l’action de l’IRD depuis sa création. Il fait aussi entendre la voix d’acteurs du développement sur les impacts de la science dans de multiples domaines : social, économique, sanitaire, environnemental, culturel ou scientifique… À travers une trentaine de témoignages de personnalités et de grands partenaires de l’IRD – scientifiques, décideurs politiques, artistes, diplomates, représentants d’ONG, d’institutions internationales, membres de think tank -, il éclaire les enjeux de la recherche pour le développement durable des Suds.

Un Forum international à Marseille

Pour clore cette année de célébrations, l’IRD organisera un Forum International le 7 octobre au Palais du Pharo à Marseille. Il aura pour thème « Science 4 actions : Comprendre, Construire, Transformer Ensemble » et rassemblera des intervenants d’horizons variés : scientifiques, acteurs du développement, jeunes engagés, entrepreneurs, décideurs, représentants d’organisations internationales notamment. Le Forum proposera des conférences, débats et ateliers permettant de donner la parole à celles et ceux qui portent des messages forts sur les questions de développement et de recherche, de partager les expériences et de confronter les points de vue, avec pour objectif de favoriser la coopération internationale et interdisciplinaire. « Si les 80 années passées ont été riches et intenses, l’atteinte des 169 cibles des Objectif de développement durable (ODD) a pris du retard. Nous devons donc résolument nous tourner vers l’avenir afin de corriger le tir, avec comme priorités pour l’IRD le renforcement de notre mission d’appui aux politiques publiques et à l’action diplomatique de la France, la formation et la consolidation des ponts entre science et société et les enjeux de transition écologique, prioritaires à l’IRD avec des chantiers majeurs en cours », conclut Valérie Verdier.

 

Michel CAIRE

 

 

 

Chiffres clés

  • 2 260 agents dont 915 chercheurs • 26 % d’agents affectés hors métropole • 80 unités de recherche en France et les outre-mer • 4 délégations régionales en France et 35 représentations à l’étranger • Des actions dans 50 pays en Afrique, océan Indien, Méditerranée, Amérique latine et Caraïbes, Asie du Sud-Est et Pacifique.

Articles similaires

Aller au contenu principal