La Roque d’Anthéron: rencontre avec Nathanaël Gouin autour de son album enregistré avec le violoniste Guillaume Chilemme

Publié le 21 août 2015 à  20h17 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  19h54

Le pianiste Nathanaël Gouin (Photo Christophe Grémiot 10 08 2015)
Le pianiste Nathanaël Gouin (Photo Christophe Grémiot 10 08 2015)

Ceux qui ont assisté au concert donné par Nathanaël Gouin en l’Abbaye de Silvacane saluèrent son jeu tout en nuances et l’exceptionnel manière dont ce jeune pianiste né en 1988 s’est emparé de la sonate n° 21 de Schubert. Spécialiste de Brahms, lauréat de plusieurs prix, grand amateur de musique de chambre, Nathanaël Gouin fait preuve également d’une grande curiosité intellectuelle. Pour preuve cet album paru chez Maguelone autour des sonates pour violon et piano de Maurice Ravel mais surtout consacré à celle que Marguerite Canal composa en 1922. Une découverte que feront, à n’en pas douter, tous ceux qui se pencheront sur cette œuvre peu connue d’une artiste du Sud-Ouest née le 29 janvier 1890 à Toulouse et morte deux jours avant ses 88 ans, le 27 janvier 1978 tout près de sa ville natale. Enseignante au Conservatoire, dotée d’une belle voix qui lui fit envisager un temps une carrière lyrique, Marguerite Canal construisit une œuvre marquée d’une lumineuse clarté. Fascinée par l’Italie, Grand Prix de Rome, elle s’installa à la Villa Médicis et y composa la sonate pour violon et piano interprétée par Nathanaël Gouin au piano accompagné au violon de son camarade d’enfance Guillaume Chilemme. Formant depuis 1998 un duo salué par la profession comme l’un des plus prometteurs de leur génération, ces deux musiciens s’accordent parfaitement lors des quatre mouvements de cette sonate où, si le piano ouvrant l’Andantino installe une atmosphère mélancolique sur le second mouvement intitulé «Sourd et haletant», le violon développe dans le quatrième mouvement «Allegro» un thème foisonnant qui touchera chacun. Cette belle sonate est complétée dans le disque par les sonates pour violon et piano n° 1 et 2 de Maurice Ravel, servies avec un sens du détail étonnant. Au piano Nathanaël Gouin n’assourdit jamais l’ensemble se retenant d’user par trop de la pédale. C’est beau, aérien, généreux et humble. Cela lui ressemble et Guillaume Chilemme au violon excelle à trouver des sonorités exceptionnellement amples.
Jean-Rémi BARLAND

Sonates pour violon et piano Canal-Ravel par Guillaume Chilemme et Nathanaël Gouin chez Maguelone

Articles similaires

Aller au contenu principal