Robert Castel s’en est allé au paradis du chaâbi…

Publié le 7 décembre 2020 à  9h48 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  12h20

Comédien, humoriste et musicien, Robert Castel s’est éteint ce samedi 5 décembre, à l’âge de 87 ans.

Robert Castel est décédé ce samedi 5 décembre à l'âge de 87 ans (Photo archives Destimed/Patricia Maillé-Caire)
Robert Castel est décédé ce samedi 5 décembre à l’âge de 87 ans (Photo archives Destimed/Patricia Maillé-Caire)

C’est avec une très profonde émotion que nous avons appris la disparition de Robert Castel (Robert Moyal de son vrai nom), ce samedi 5 décembre à Paris, des suites d’une longue maladie. Avec un égal talent il était humoriste, comédien et, cela est moins connu du grand public, un grand musicien. Il faut dire qu’il avait de qui tenir, il était en effet le fils de Lili Labassi, l’un des maîtres du chaâbi, musique aux sonorités arabo-andalouses et aux rythmes berbères, réunissant musiciens juifs et arabes. Robert Castel a ainsi appris le tar (le tambourin traditionnel), la guitare, et accompagne son père dans ses concerts dès ses 13 ans. La musique ne l’a jamais quitté, c’était pour lui: «une drogue bienveillante, une drogue pacifique qui vous élève». Mais ce n’est que bien plus tard, à l’âge de 57 ans qu’il «a osé» reprendre le violon de son père «par fidélité pour ce dernier», expliquait-il avec émotion. Et, en 2007 il devient chanteur et violoniste d’El Gusto, un groupe de musiciens juifs pieds-noirs et musulmans algériens, qui font revivre le chaâbi pour un public de tout âge, de toute communauté.

L’humour pied-noir

Chez Robert Castel l’humour est un onguent sur les blessures et un habit pour la pudeur. Entre rire et nostalgie, il a évoqué en de multiples occasions le destin des rapatriés. Cela fut le cas lors d’un déjeuner du Centre Mondial du Judaïsme Nord-africain à Marseille, en 2011. Véritable conteur il a raconté les acteurs qu’il a rencontrés, mais aussi l’Algérie, la blessure du départ, l’arrivée en métropole -où ils ne furent pas toujours bien accueillis-, les insultes qu’il avait pu entendre sur scène «alors que j’essayais de faire rire». Il revient sur la «Famille Hernandez», enchaînement de scènes de vie algéroises, qui fait connaître l’humour «pied-noir» en métropole. «Nous avons inventé un style à une époque où les Français de Métropole n’avaient du «Pied-Noir» qu’une image fausse. On ne nous traitait pas de colonisateurs, mais de colonialistes, ce qui voulait tout dire», devait-il notamment déclaré. C’est en 1957 qu’il rencontre Lucette Sahuquet, qui deviendra son épouse, et Marthe Villalonga dans un cours de théâtre avec qui il monte cette pièce. En 1962, il quitte l’Algérie et s’installe à Paris. Outre la famille Hernandez il devient vite célèbre avec son épouse pour des sketchs que l’on ne peut oublier. Parallèlement, il mène une carrière au cinéma. Il fait partie de ces seconds rôles qui font la richesse du cinéma français pouvant jouer des personnages plein d’humour comme dans «Le Grand Blond avec une chaussure noire» d’Yves Robert, ou encore plus sombre, notamment dans «Dupont Lajoie» d’Yves Boisset. Il tourne ainsi dans plus d’une quarantaine de films. Il est aussi présent sur le petit écran dans nombre de séries télévisées au rang desquelles «Les Saintes chéries», série culte, avec Daniel Gélin et Micheline Presle. En 2008, Robert Castel sort son autobiographie, «Je pose 75 (son âge lors de la sortie de son livre) , mais je retiens tout». Comment, enfin, ne pas évoquer sa présence, année après année, aux côtés de Michel Montana, son ami, au Trophée des Artistes du Mondial La Marseillaise à pétanque. Il n’était, avouons-le, pas le plus grand des joueurs, mais savait, par son humour et sa gentillesse, réjouir le public.
Michel CAIRE

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