Aix-en-Provence: On a vu au GTP le violon magique de Vadim Repin et le piano tonitruant d’Andrei Korobeinikov

Publié le 5 octobre 2015 à  22h57 - Dernière mise à  jour le 1 décembre 2022 à  15h28

Vadim Repin (Photo Gela Megrelidze)
Vadim Repin (Photo Gela Megrelidze)
Andrei Korobeinikov (Photo C. Gremiot)
Andrei Korobeinikov (Photo C. Gremiot)

Un violon d’une sonorité exceptionnelle, un artiste qui, en la personne de Vadim Repin joue divinement de cet instrument voilà ce que l’on retiendra en priorité de ce concert donné au GTP. Virtuosité bien sûr, de celui qui donna avec Riccardo Chailly un Concerto pour violon et orchestre de Brahms qui a fait date. Mais pas seulement ! Intériorité, expressivité, poésie, sens des nuances Vadim Repin était au sommet de son art. Pourtant il n’avait pas choisi la facilité interprétant pour son début de programme la Sonate pour violon et piano n° 1 de Alfred Schnittke (1934-1998), œuvre difficile, dissonante qu’il convient mieux de voir jouer sur scène que d’entendre chez soi en enregistrement audio. Les doigts glissent, la magie est de tous les instants tout comme elle le sera sur la Rhapsodie pour violon et piano n° 1 de Bartók, et surtout moment exceptionnel avec la Sonate pour violon et piano n° 3 de Brahms notamment lors d’un adagio de toute beauté. Au piano Andrei Korobeinikov grand spécialiste de Scriabine, intellectuel hors pair, parlant cinq langues et avocat de formation, que l’on voit tous les ans à la Roque l’accompagnait avec sa position si particulière des doigts presque à la verticale. Il frappe même avec la paume de sa main, donnant un son éclatant et une impression de puissance parfois sans nuances. On aura des sentiments partagés ne goûtant pas à ses nombreux excès interprétatifs sur le dernier Brahms, et lors des pièces de piano seul de ce même Brahms jouées en deuxième partie mais, on appréciera sa vision un rien tellurique de la sonate de Prokofiev, compositeur qui colle vraiment à son univers personnel. On aura en tout cas une impression très favorable de son alliance avec Repin qui fut très complémentaire, en dépit du fait que le piano se trouvait un cran en-dessous du violon. Belle qualité d’écoute de la salle, applaudissements nourris, deux rappels de grande intensité, un beau concert à la programmation audacieuse.
Jean-Rémi BARLAND

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