Vœux de Christian Estrosi – Sophie Camard (EELV): « Un discours de campagne ne fait pas une politique régionale réaliste »

Publié le 9 janvier 2016 à  9h15 - Dernière mise à  jour le 1 décembre 2022 à  15h23

(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)

Lors des élections régionales, sophie Camard, EELV, était tête de liste, avec Jean-Marc Coppola, PCF, de la liste « Région Coopérative » en Paca. Elle revient, dans un communiqué, sur les vœux de Christian Estrosi, LR, le nouveau président de la région.
«Lors de ses vœux présentés ce vendredi à la presse, M. Estrosi a annoncé 12 engagements pour les 100 premiers jours de son mandat. Ces engagements relèvent plus d’un prolongement de campagne électorale que de propositions réalistes.
M. Estrosi prétend baisser, à lui seul, le taux de chômage de 12 à 10% dans notre Région, et reprend la rengaine du Medef de 25 000 emplois non pourvus dans notre Région. Le taux de chômage est de 11,5% en Paca en octobre 2015 et n’est pas le plus élevé de France. Le nombre d’inscrits à Pôle Emploi est de 328 000 à fin novembre 2015, et 469 000 en additionnant les catégories A, B, C. Il est donc complètement réducteur de jouer les héros en résumant la lutte contre le chômage à une soi-disant « chasse aux paresseux ». Si, la Région a un rôle économique réel en matière d’innovation, de recherche, d’aides aux entreprises, elle n’a pas les moyens de se substituer à Pôle Emploi ni aux politiques macroéconomiques de l’État. Son véritable levier est celui de la formation, de l’apprentissage et de l’alternance. Un plan pour l’emploi devrait être un grand plan de formations prioritaires dans des secteurs porteurs pour notre Région comme la transition énergétique, la santé, l’économie de la mer, le tourisme, le numérique, la culture. C’était un axe fort de la Région Coopérative.
M. Estrosi annonce des économies de train de vie avec lesquelles je suis bien d’accord: voitures téléphones, Maison de la Région sur la Canebière. Je m’alerte par contre de la suppression des antennes dans les départements, qu’il faudrait au contraire réformer pour en faire des relais de proximité au service des citoyens. Des guichets dans les mairies vont induire une confusion complète des rôles respectifs des collectivités locales. Dans tous les cas, ces économies ne suffiront jamais à compenser les très importantes réductions de recettes de l’État. Elles ne pourront pas financer les 250 M€ pour la sécurité dans les TER et les Lycées que M. Estrosi persiste à annoncer. J’avais rappelé pendant la campagne que cette somme représentait la moitié du budget annuel d’investissement de la Région. Avec 250 M€, on pourrait construire d’un seul coup 5 ou 6 lycées. Si M. Estrosi veut faire des économies, dans quel budget va-t-il faire des coupes sombres pour financer ces nouvelles dépenses ? Va-t-il renoncer aux autres dépenses nécessaires dans les lycées et les TER : nouveaux lycées à construire, travaux de rénovation et d’économie d’énergie, mise aux normes pour les handicapés, co-financement de travaux pour améliorer l’offre ferroviaire ? M. Estrosi déclare que la région va fixer les tarifs des cantines. C’est déjà le cas. Les économes des lycées gèrent les achats des cantines, mais ne fixent pas les prix des repas.
M. Estrosi annonce une Conférence permanente des Arts et de la Culture. Sur ce point, je m’en satisfais puisque c’était une proposition de la Région Coopérative. Je souhaite que cette conférence aborde les besoins réels du secteur de la culture, qui ne peut se résumer à une valeur « économique » calculée en recettes touristiques. Enfin, je déplore l’absence de toute préoccupation écologique et environnementale dans son discours, qui ne prend toujours pas la mesure des enjeux climatiques. Ces vœux de M. Estrosi me font une fois de plus regretter le contexte dramatique de la campagne régionale, monopolisée par de grands enjeux nationaux comme le terrorisme et l’islamisme, et qui n’a pas permis d’aborder sereinement les vrais enjeux de la Région Paca ».

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