16e Journée Annuelle de la Petite Enfance à l’Adolescence ce vendredi 6 décembre au Parc Chanot à Marseille

Publié le 5 décembre 2013 à  22h54 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  17h10

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L’Association Couleur d’Enfants présidée par Françoise‐Flore Collard organise, ce vendredi 6 décembre, une journée sur la connaissance du développement physique de l’enfant et de l’adolescent, la prévention des difficultés et des pathologies qui leur sont propres.
« Au‐delà de tous les thèmes qui ont été abordés ces 15 dernières années il est à noter qu’il ressort chaque fois ce message de prévention dans le domaine médicopsychologique et de tout ce qui en découle. »
Ces Journées qui s’adressent principalement à un public médical, para‐médical,
psychologique, sociologique, éducatif, ont su intéresser un public plus large désireux d’informations sur les sujets traités. 1 200 personnes y assistent chaque année.

Des domaines pour réfléchir sur La sexualité de la petite enfance à l’adolescence

Françoise‐Flore Collard, présidente de l’Association Couleur d’Enfants, revient sur cette 16e journée: « Alors que l’éveil psychomoteur, les compétences et l’intelligence des jeunes enfants ont de moins en moins de secrets pour nous, la sexualité infantile, reste un sujet tabou, mal compris, méconnu. Il n’y a pas de honte à parler de sexualité des enfants, c’est le contraire qui serait une erreur, comme de se poser la question, en tant qu’adolescent : pourquoi la sexualité fait peur et envie à la fois ? »
Cette 16e journée va nous offrir des pistes de réflexion au travers des divers angles qui vont être abordés par les intervenants. Le cerveau a‐t‐il un sexe ?
Notre identité féminine ou masculine serait‐elle déterminée dès notre naissance?
Hommes, femmes, avons‐nous le même cerveau ?
La différence des sexes s’expliquerait‐elle, dès la naissance, par une différence de structure entre le cerveau des garçons et des filles ?
Et si nous oublions nos préjugé pour nous intéresser aux recherches les plus récentes sur le sujet et aux formidables capacités d’un organe vraiment pas comme les autres qu’est le cerveau
 »

Comment se fait l’organisation sexuelle chez l’enfant ?

Françoise‐Flore Collard poursuit: » Le développement psycho‐affectif de l’enfant entre six et douze ans, décrit par Freud en 1905, est nommé « période de latence ». Il semble que, contrairement à ce qui avait pu être enseigné, cette période est loin d’être un simple temps d’attente entre le déclin œdipien et la puberté.
C’est au contraire un moment fort, où l’ordre symbolique instaure sa prééminence et pendant lequel l’enfant mobilise particulièrement son imaginaire face à la problématique de perte et de castration à laquelle il est alors confronté.
L’enfant a une vie sexuelle : Depuis la maternelle, où il découvre la sexuation de son corps et la différence des sexes, jusqu’à la préadolescence où commence une quête spécifique de l’érotisme et des techniques sexuelles, en passant par l’école primaire, âge des premiers défis et des expérimentations sexuelles scientifiques, assez souvent pratiquées en petit groupe. Sa sexualité reste parfois un mystère pour certains parents. Comment répondre, expliquer, à quel âge, sans dramatisation ni langue de bois ? On peut dire qu’une puberté est précoce lorsque le premier signe, le développement mammaire intervient avant 8 ans
. »

Pour ces très jeunes filles, « une entrée en puberté précoce est souvent synonyme de petite taille à l’âge adulte. La croissance, débutée tôt, s’arrête aussi plus tôt.
D’autres conséquences médicales peuvent y être associées : risque de développer une obésité, troubles métaboliques ou problèmes cardio‐vasculaires. Des études ont également montré un risque accru de cancer du sein à l’âge adulte, sans parler des dégâts psycho‐sociaux importants chez ces fillettes devenues femmes trop tôt.
Qui est responsable ? Certaines substances chimiques ? Cette interrogation doit amener à une prise de conscience de cette contamination environnementale.
La sexualité dépend du groupe d’appartenance de l’individu et plus particulièrement de celui de l’enfant. »
On parle de la « Sexualité d’Ailleurs », « la sexualité des enfants résidant en France mais venus d’autres pays. Elle doit nous aider à mieux les comprendre et les accompagner. Dans la société traditionnelle, le respect de l’aîné ou de la mère est important. Ce sont ceux-là même qui se chargent de leur éducation et de leur apprentissage. »

Les enfants évoluent d’abord dans la sphère maternelle

« L’apprentissage de l’enfant se fait souvent, dans cette société, l’aide de maximes, sentences, chansons, contes, proverbes…utilisés pour justifier telle ou telle autre manière de procéder, bien que l’évolution actuelle prenne le pas sur la tradition.
Sur le plan de la sexualité génitale, c’est à l’adolescence, au moment de l’avènement de la puberté physiologique qu’a lieu la découverte ou redécouverte, pour ceux qui l’ont déjà expérimentée dans l’exploration de leur corps d’enfant, du plaisir sexuel auto‐déclenché ou partagé dans des relations interindividuelles au cours des premiers flirts, des premières relations amoureuses.
Le jeu de la séduction, le désir, sont des ingrédients nécessaires à l’amour, mais qu’il faut apprendre à maîtriser ?
Raconter un rêve reste une tentative socialement risquée, d’autant plus si le rêve est récent et qu’il implique la personne à qui le rêve est raconté. Il permettrait, finalement, à découvrir toutes les implications sexologiques, mises en lumière sous ce jour particulier. Comme une voile au gré du vent, l’onirologie médicale nous embarque inévitablement dans une dynamique liée au plaisir
. »

Est‐ce une chance que le premier amour soit si marquant ?

« Si j’ai été le mal‐aimé dans mon enfance, serais‐je toujours le mal‐aimé plus tard ? L’excès d’amour est tout aussi nuisible que la carence affective. Pour aimer et bien aimer, il est indispensable de bien s’aimer soi‐même. Il est tout aussi indispensable de faire preuve de cette résistance qui nous permettra d’aimer encore, de découvrir, de s’émerveiller et de vivre. »

Programme de la journée :

9h15 : Catherine Vidal – “cerveau, sexe et préjugés”
Neurobiologiste ‐ Directrice de Recherche à l’Institut Pasteur – Paris

L’activité de recherche fondamentale actuelle de Catherine VIDAL concerne la mort neuronale dans la maladie de Creuzfeld‐Jacob et les infections par les prions.
Elle est membre de l’Institut Émilie du Châtelet, de la Mission pour la place des femmes au CNRS, du Laboratoire de l’Egalité, de l’Association « Femmes et Sciences » et du Collectif « Pas de 0 de conduite pour les enfants de trois ans ».
Son intérêt porte sur les rapports entre science et société, concernant en particulier le déterminisme en biologie, le cerveau et le sexe.
« On pense toujours que les femmes sont bavardes, dénuées du sens de l’orientation et que les hommes sont bons en maths et compétitifs. On pourrait penser que nos aptitudes et nos personnalités sont reliés à des structures immuables. Les avancées de la Recherche nous montrent le contraire car le cerveau doué d’une plasticité extraordinaire fabrique de nouveaux circuits de neurones en fonction de l’apprentissage vécu. Garçons et filles, éduqués différemment, peuvent montrer des divergences de fonctionnement cérébral, mais cela ne signifie pas que ces différences sont présentes dans le cerveau depuis la naissance, ni qu’elles y resteront ! »

9h45 : Pr Charles SULTAN – “tellement tôt” avance pubertaire
Professeur d’Endocrinologie Pédiatrique – CHRU Montpellier ‐ Responsable du groupe INSERM. Professeur en Endocrinologie Pédiatrique ‐ CHU de Montpellier

« Pour ces très jeunes filles, une entrée en puberté précoce est souvent synonyme de petite taille à l’âge adulte. La croissance, débutée tôt, s’arrête aussi plus tôt.
Outre les pubertés précoces, les travaux du Pr Sultan montrent que l’exposition à certaines de ces substances chimiques favorise les ambiguïtés sexuelles et les malformations génitales masculines : micropénis, malformations de l’urètre, testicules non descendus dans les bourses… Selon une étude récente, le risque de malformations est multiplié par quatre pour un garçon vivant dans un environnement exposé aux pesticides. Le spécialiste confie aussi recevoir de plus en plus de garçons pour gynécomastie (développement des seins).
Faut‐il accuser les pesticides ?

10h30 : Dr Michel AUBRY – “la sexualité blanche”
Psychiatre ‐ Sexologue ‐ Chargé de cours à l’Université Aix‐Marseille

Manger procure du plaisir, plaisir de sucer, de mordre et de croquer, exutoire à l’agressivité normale. Le dedans et le dehors : au niveau de la bouche, s’opèrent des échanges entre ce qui est du dehors (de l’autre) et ce qui est dedans (soi). Le Moi se forme à partir d’éprouvés corporels. Il peut y avoir des « dérapages » comme, par exemple, l’anorexie mentale qui touche essentiellement les jeunes filles (9 filles pour 1 garçon) avec 2 pics de survenue vers 13 / 14 ans.
Elle peut survenir avant la puberté et alors la sexualité est activement et massivement refoulée. Les transformations du corps, liées à la puberté, sont niées. Toutes les étapes du développement psychosexuel sont affectées, ainsi que les relations entre les sexes, le début de l’attirance sexuelle et la sexualité génitale.

11h00 : Pr Jean‐Yves HAYEZ – “pourquoi… quand… comment”
Pédopsychiatre‐ Docteur en psychologie
Premier chef du service de psychiatrie infanto‐juvénile, des cliniques universitaires Saint‐Luc, à Bruxelles. Professeur Émérite de la Faculté de médecine de l’Université Catholique de Louvain ‐ Belgique

Manière dont les psychothérapeutes parlent avec l’enfant de sa sexualité ; l’enfant, sa vie sexuelle et son psychothérapeute ; troubles de la personnalité chez l’enfant et le préadolescent.
« Le corps peut constituer un lieu de fête, la source de bien des plaisirs dits « physiques. Certaines sensations de plaisir arrivent spontanément, sans qu’on ne les ait provoquées, ni même prévues, mais la plupart sont artificielles : il faut de la pensée active avec ou sans manœuvres volontaires pour les amener… Ainsi, tel adolescent sait déjà qu’il va se masturber devant une vidéo porno, quand il sera seul à la maison à 18 heures ; il commence à y penser pendant le cours de math si incroyablement ennuyeux ; où il est « largué » depuis longtemps ; il prépare sa masturbation par la mise en place d’un cadre spatio‐temporel, voire d’un scénario précis ; il a des fantasmes pendant qu’il se caresse : il connaît donc un plaisir global, étalé dans la durée, fait à la fois d’idéation psychique et de sensations corporelles ciblées. »

14h00 : Christine ARBISIO – “OEdipe, et après”
Psychologue clinicienne ‐ Psychanalyste, Maître de conférences à l’Université Paris 13
« Le moment du développement psycho‐affectif de l’enfant entre six et dix ans, décrit par Freud en 1905 est nommé « période de latence ». L’histoire de cette notion rappelle la thèse freudienne selon laquelle l’arrêt du développement sexuel chez l’enfant durant cette période correspond à des exigences tout autant biologiques que civilisatrices. C’est loin d’être un simple temps d’attente entre le déclin œdipien et la puberté. C’est au contraire un moment fort où l’ordre symbolique instaure sa prééminence et pendant lequel l’enfant mobilise particulièrement son imaginaire face à la problématique de perte et de castration à laquelle il est alors confronté. »

14h30 :Pr Georges ABRAHAM – “les émotions entre rêves et sexualité”
Psychiatre –Psychanalyste‐Philosophe et Neurologue
Ancien Professeur à la Faculté de Médecine de Genève et Turin
Ancien Chargé de cours à la Faculté de Médecine de Marseille
Docteur en médecine et en philosophie ‐ Spécialiste en neurologie
Membre formateur de la Société Suisse de Psycho-analyse.

Avec sa verve, son humour et son optimisme, le Professeur Georges Abraham va parler de l’enfance face à la découverte de son corps lui qui continue à pratiquer les arts martiaux à 80 ans passés. Il va se pencher sur les rêves, ou comment notre vie nocturne peut modifier notre vie diurne.
« Les rêves jouent‐ils un rôle dans l’apparition ou la régression de telles maladies?
Lui, en tous les cas, jure que ses évasions nocturnes sont prophylactiques. Il pense que le rêve peut s’émanciper du registre de la psychanalyse et de la psychiatrie pour être utilisé en médecine. Comment? Les images du rêve sont là pour traduire des émotions ressenties.L’enfant va‐t‐il rêver qu’il peut aimer ?
 »

15h00 : Pr Boris CYRULNIK – “aimer, résister et aimer encore”
Psychiatre‐Éthologue. Directeur d’Enseignement d’Éthologie Université Toulon‐Var

Le Professeur Boris Cyrulnik qu’on ne présente plus va évoquer le phénomène de résilience. Comment aimer et continuer à aimer quelque fut notre parcours ?
Il conclura cette journée d’enseignements et de réflexions.

15h30 : Dr. Saïd IBRAHIM – “ailleurs est‐ce différent ?”
Pédopsychiatre ‐ Pôle Médiation Ethnoclinique Sauvegarde 13 (ASSEA)
Chargé de cours Université de Provence ‐ Expert en Ethnopsychiatrie. Expert auprès du TGI de Marseille

Depuis plusieurs années le Dr. Saïd Ibrahim intervient sur Marseille dans le cadre du Pôle de Médiation Ethnoclinique de Sauvegarde 13 où sont organisées des formations à la médiation ethnoclinique et des consultations où sont reçues les familles.
« Les migrations sont un des enjeux des sociétés modernes, plurielles et métissées. Les soins psychologiques, médicaux, psychiatriques mais aussi l’école, la justice ou encore le travail social doivent inscrire cette dimension transculturelle dans leur manière d’accueillir, de comprendre, d’éduquer, de soigner. »

16h00 : Conclusion & Discussion avec la salle par le Pr Boris CYRULNIK

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