Publié le 1 mai 2015 à 22h30 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h44
Si le 9 avril, CGT, FO, FSU et Solidaires ont manifesté ensemble contre l’austérité, il n’en est pas aller de même pour ce 1er Mai, FO choisissant de tenir un meeting dans ses locaux de l’UD, pendant que les 3 autres organisations battaient le pavé. Un désaccord sur le mot d’ordre serait, selon FO, responsable de cette division.
Un 1er mai, qui, pour Gérard Dossetto, le secrétaire de l’UD FO est l’occasion «de rappeler notre combat contre l’austérité, une austérité qui est durablement installée au niveau européen et dans notre pays. Bien que certains jouent sur les mots, austérité ou rigueur, les constats sont là : le chômage qui ne baisse pas, les problèmes d’emploi, la dégradation du pouvoir d’achat, la remise en cause du service public républicain, les menaces sur la protection sociale collective et les régimes paritaires».
Une situation qu’il replace dans son contexte international: «La croissance qui semblait repartie aux États-Unis ne donne pas d’effets en termes d’emplois. Et, on décompte en 2014 plus de 200 millions de chômeurs dans le monde. On avoisine officiellement les 6 % de taux de chômage mondial. Le poids de la finance n’a toujours pas été régulé et les logiques financières et spéculatives sont toujours dominantes, tant pour les États que pour les entreprises. Le court terme prime sur le long terme, les placements sur l’investissement, la rentabilité sur la démocratie».
«Au niveau européen, poursuit-il, il suffit de faire un tour d’horizon pour faire le constat des répercussions sociales économiques et même démocratiques, de l’austérité imposée par l’Union Européenne. Partout en Europe les manifestations contre l’austérité se sont multipliées pour résister aux politiques économiques et sociales régressives».
«En zone euro, le chômage reste élevé à 11 %»
« En zone euro,ajoute Gérard Dossetto,le chômage reste élevé à 11 % mais le plus préoccupant reste le chômage des jeunes qui s’établit à près de 23 % en zone euro. Partout le chômage des jeunes atteint des records, en particulier en Espagne ou en Grèce. De même, la couverture conventionnelle des salariés chute en Espagne, au Portugal et en Grèce». Au niveau national, insiste-t-il: «On nous parle de signes de reprise économique et le gouvernement s’attend à une croissance de 1 %. Premièrement, on le sait, une croissance de 1 % est insuffisante pour créer de l’emploi et donc résorber le chômage. Le gouvernement, en acceptant les décisions de Bruxelles, organise la braderie généralisée de nos savoirs-faire en liquidant des pans entiers qui constituent les fleurons de notre industrie (Alstom, les chantiers navals, la sidérurgie, Alcatel Lucent…)». Et de dénoncer le pacte de responsabilité: «50 milliards de réduction des dépenses publiques et sociales bien réels. Un projet de loi dit « Macron » ultra libéral et vrai fourre-tout. Un projet de loi dit « Rebsamen » sur le dialogue social qui constitue une atteinte sans précédent à l’existence des organisations syndicales».
Puis d’évoquer les menaces qui pèsent sur l’AP-HM, la SNCM, le raffinage.
Dans le secteur public, «la mise en œuvre forcée de la loi Peillon-Hamon sur les rythmes scolaires couplée avec les contraintes budgétaires imposées aux communes conduisent à une augmentation de la fiscalité locale et à un démantèlement sans précédent de l’école de la République, laïque, indivisible et gratuite».
«Un véritable sentiment d’abandon républicain ici et là»
Il exprime ensuite l’inquiétude de son syndicat face à la suppression des services publics «produisant un véritable sentiment d’abandon républicain ici et là. Ce sentiment partagé par les salariés, les usagers nous l’avons relayé au plus haut niveau. Nous avons même proposé une réflexion à la création de maisons du service public et nous avons fait nos propositions dans ce domaine. Il s’agit de remailler la présence du service public sur l’ensemble du territoire. Pour cela, il faut déjà stopper leur hémorragie et les redévelopper. Telle que nous la concevons, la Maison du service public doit rassembler la présence des services publics (État, organismes sociaux, établissements publics) par la présence effective des agents dans le respect de leur statut ou convention collective. Il s’agit donc de ramener le service public près des usagers».
«L’austérité est socialement, économiquement et démocratiquement destructrice»
Indiquant: «Nous avons posé notre cahier revendicatif auprès du gouvernement, à lui de répondre. Cela vaut pour le Smic et le point d’indice, pour la réaffectation ciblée des aides publiques aux entreprises, pour la réduction des exonérations de cotisations patronales dans les branches où au moins un minimum conventionnel est inférieur au Smic, pour l’ouverture d’une négociation donneurs d’ordre/sous-traitant ».
Il n’omet pas d’évoquer les événements «barbares» qui ont eu lieu début janvier à Charlie Hebdo et à l’Hyper Cacher et «qui ont constitué des attaques à la liberté, la démocratie et aux valeurs républicaines dont la laïcité à laquelle nous sommes fidèles».
Il tient également à souligner que «si FO a salué le sursaut républicain du 11 janvier, nous avons indiqué que c’est en opérant une rupture avec la logique économique et libérale en vigueur depuis des années que seront affaiblis les mouvements de rejet de l’Autre et la paupérisation galopante. C’est aussi pourquoi nous ne dévierons pas de nos positions : l’austérité est socialement, économiquement et démocratiquement destructrice». Et de conclure son intervention: «Oui à l’action commune sur des bases claires, non au fourre-tout anesthésiant».
Michel CAIRE