Publié le 5 avril 2013 à 3h00 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 16h11
L’idée de citoyenneté méditerranéenne s’exprime
Au terme de ce colloque, un message a été adressé aux parlements méditerranéens qui se réunissent pour la première ce dimanche à Marseille. A ce propos, Michel Vauzelle, président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, fera une mise au point sur la question de la récupération en politique. « Voilà quelques années une manifestation avait été organisée à Arles pour dénoncer le régime chinois au moment de la révolte de la place Tien An Men. Je m’y étais rendu et les organisateurs m’avaient demandé de partir, car, ma présence risquait d’être perçue comme une récupération. Mais, si un élu ne peut plus se rendre à une manifestation on pourra alors dire qu’il se désintéresse ? Que faire ? Si on chasse les politiques, élus démocratiquement, alors nous avons des questions à nous poser sur notre conception de la démocratie ».
Puis de présenter la déclaration politique des autorités locales et régionales, un texte qui indique que « l’espace méditerranéen va mal. Les conflits se multiplient et nos peuples souffrent. Sur les trois rives, le chômage s’envole frappant durement la jeunesse et les questions essentielles d’un développement durable et juste sont marginalisées au regard de l’immédiateté et de la brutalité des crises économiques. L’insécurité et la pauvreté s’aggravent, s’amplifient et s’étendent à d’autres groupes et segments de la population, et risquent de devenir chroniques ».
Une volonté de contribuer à la création d’un espace méditerranéen de paix et de solidarité
Un document qui réaffirme une volonté de contribuer à la création d’un espace méditerranéen de paix et de solidarité et « d’un espace de projets aux résultats concrets pour nos concitoyens ».
Le texte affirme également : « Nous souhaitons que la révision des Objectifs du Millénaire pour le Développement et la construction d’un Agenda Mondial du Développement à l’horizon 2015, ainsi que des Objectifs de Développement durable, soient l’occasion d’établir une déclinaison spécifique pour la Méditerranée avec des moyens à la hauteur des enjeux sociaux, économiques et environnementaux.»
Le président de région indique que ce document, travaillé depuis de longs mois, a été amendé. La Mauritanie demandant qu’il soit réaffirmé le rôle primordial des femmes méditerranéennes et sur l’impérative nécessité d’une participation paritaire. La région toscane a insisté sur les questions de paix et de réconciliation, sur la nécessité d’abattre les murs de l’égoïsme et de la violence. Il est enfin question d’impliquer d’avantage les collectivités dans le bassin méditerranéen.
Jacques Rocca-Serra, représentant le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, revient sur les printemps arabes, sur le ressort de la croissance cassé au Nord. Il ajoute : « Je rejoins Michel Vauzelle dans son propos sur les élus. Dans leur immense majorité ils sont honnêtes, travailleurs et ne peuvent être discrédités par la faute de quelques-uns ».
Jean-Michel Despax, représentant Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères estime : « Où mieux qu’à Marseille peut-on aborder les sujets que nous traitons depuis hier ? Sachez que le ministre soutient votre démarche innovante. Il y a cinq ans un espoir est né avec l’Union pour la Méditerranée mais le ver était dans le fruit car rien ne doit se faire qui n’ait germé dans les territoires concernés. Et c’est ce que vous initiez. Nous serons à vos côtés conscients qu’à côté de la diplomatie d’État il en existe une des territoires ».
« Les intérêts économiques avaient pris le pas sur les principes fondamentaux »
Mercedes Bresso est vice présidente de l’Arlem (Assemblée locale et régionale euro-méditerranéenne) elle considère que développement démocratique et économique vont de pair, juge qu’il est normal de s’interroger sur les engagements de l’Union européenne en matière de Méditerranée car « les intérêts économiques avaient pris le pas sur les principes fondamentaux ». Elle exprime son inquiétude de voir les fonds liés à la politique de voisinage de l’Europe se réduire, « ce n’est pas le moment opportun ».
Hugues Mingarelli de la Commission européenne juge : « Les institutions européennes s’attachent à rapprocher les deux rives. Les résultats ne sont pas toujours à la hauteur des espoirs mais nous essayons de tirer les leçons de nos échecs ». Il indique que la commission est aujourd’hui persuadé de l’importance de développer les coopérations locales et régionales.
Philippe de Fontaine Vive, vice président de la Banque Européenne d’Investissement souligne : « La Méditerranée a besoin de développement économique et social, nous sommes là pour cela. Si les élus prennent les bonnes décisions nous sommes là pour apporter notre assistance technique et des prêts. L’an dernier nous avons ainsi prêté 1,5 milliard aux pays du Sud, nous n’avions jamais fait autant, nous espérons prêter plus pour créer des emplois et développer une qualité de vie.»
Mohamed Boudra, le président du Conseil politique de la Commission méditerranéenne lance, le mot peut faire sens : « Il s’agit pour nous de passer du printemps arabe au printemps méditerranéen. Nous avons entendu les souffrances, les espoirs des jeunes, des femmes. Je pense que l’idée d’un marché commun de la Méditerranée est à explorer ».
Michel CAIRE