3e forum des autorités locales et régionales de la Méditerranée

Publié le 4 avril 2013 à  3h00 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  16h11

Où il est question de gouvernance

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Après la présentation du rapport sur la gouvernance démocratique en Méditerranée s’est tenue la première table ronde. Kostantinos Askounis, président de l’Union centrale des municipalités de Grèce revient sur la crise que vit son pays. « Nous connaissons, pour la cinquième fois, la récession, le chômage touche 27% de la population, le plus fort taux d’Europe. Et cela n’est pas sans impact sur la vie politique puisqu’un parti nazi est représenté à l’Assemblée nationale. Dans le cadre de l’accord passé avec la Troïka, nous devons prendre des mesures très fortes. Nous essayons de réduire le chômage, mais les industries ont fui le pays ». Il précise que le nombre de mairies a été réduit grandement, qu’elles ont moins d’argent « mais qu’elles restent plus fortes et plus proches des citoyens que le gouvernement ».
Abdelbekir Berkia, président de la région Rabat Salé Zemmour Zaer, se réjouit de voir son pays évoluer, se démocratiser. Pour lui : « La Méditerranée est un pont qui unit deux continents et cela depuis des siècles. Et ce forum arrive à un moment crucial pour notre espace commun connu pour ses échanges mais aussi ses paradoxes, ses antagonismes, ses crises ». Puis de pointer des problèmes, autant de frein au développement : le conflit israélo-palestinien, la crise du Sahara, la Syrie. Il rappelle, enfin, que le 4e Congrès Mondial de CGLU aura lieu à Rabat, du 1er au 4 octobre 2013 sur le thème : « Imaginer la société, construire la démocratie ».
Pour Saad Elssaaiti , vice-président du conseil local de Benghazi : « Notre peuple a voulu que la Libye se transforme en démocratie, un défi très grand lorsque l’on sait que le pays a vécu sous le joug d’un homme, que les personnes qui voulaient être membres d’un parti étaient considérés comme traîtres et exécutées ».

« Dans cette crise nous jouons beaucoup, nous jouons la Démocratie au Sud comme au Nord de la Méditerranée»

Maintenant, une démocratie se met en place au niveau local « Un conseil de 41 membres a été élu à Benghazi, nous travaillons à résoudre les problèmes quotidiens. Aujourd’hui, des conseils se mettent en place au sein des cités libyennes. Il faut qu’ils puissent s’organiser en conseils municipaux, obtiennent des prérogatives plus élargies face à un pouvoir central qui détient tous les pouvoirs ». Il conclut : « Benghazi a de grandes ambitions, nous croyons que cette ville, de par son positionnement, est une de celles dont le potentiel est le plus important en Méditerranée ».
Francisco de la Torre Prados, le maire de Malaga reconnaît : « L’Espagne est en crise comme tout le sud de l’Europe. Des restrictions budgétaires s’imposent mais cela produit de la récession. Alors comment réduire les budgets en maintenant la croissance ? » Puis d’ajouter que, dans un pays en crise, les régions du Nord s’en sortent mieux que celles du Sud, avant de plaider pour une politique sociale : « Dans cette crise nous jouons beaucoup, nous jouons la Démocratie au Sud comme au Nord de la Méditerranée».
Mohamad Issa, le maire d’Al Mina, au Liban, rappelle la riche histoire démocratique de son pays, les problèmes « qui ont paralysé la vie démocratique », indique que des élections vont avoir lieu en juin prochain. Il en vient à sa commune, « située à 22 km de la frontière syrienne. Nous avons 1 400 familles, 6 membres en moyenne par famille, de réfugiés. Or, il faut savoir que chez nous il n’était pas rare d’occuper deux emplois mais de plus en plus de Libanais sont remplacés par des Syriens qui ne perçoivent qu’un quart du salaire. Face à cela la tension monte et il est urgent de trouver une solution ».

« Une femme à la tribune »

Mabrouk Kessentini est président de la délégation spéciale de la municipalité de Sfax. Selon lui : « La révolution est le résultat du monopole du pouvoir par une même classe et les atteintes aux libertés publiques ». Il juge : « Sans la participation de tous les citoyens, les politiques de développement économiques et sociales ne pourront être que des échecs ». Puis de plaider, pour son pays, en faveur de la décentralisation, de la création de nouveaux organismes de consultation, de mesures d’urgence pour favoriser la création de projets, du règlement des questions sécuritaires et de la simplification administrative afin de favoriser la création de petites entreprises.
Fatimetou Mint Abdel Malik est maire de Tevragh Zeina, en Mauritanie. Elle regarde la tribune, et remercie son pays « qui permet d’avoir une femme à la tribune ». La salle d’applaudir. Elle rappelle que son pays « n’est pas riverain de la Méditerranée, il y est associé. La Mauritanie est très vaste et peu peuplé, 3 millions d’habitants, ce qui permet le passage de toutes les migrations. Il est aussi, du fait de sécheresses successives, très pauvre. Il dispose pourtant de nombreux atouts mais nous devons réfléchir, agir local pour nous en sortir ».

« Que les bains de sang arrêtent en Syrie »

Lütfü Savas, le maire d’Antioche, indique que sa ville à 8 500 ans d’histoire et a connu trois civilisations. Il poursuit : « Avant le monde semblait trop grand, aujourd’hui il paraît trop petit, nous partageons tout et sommes responsables et victimes en même temps ». Puis de considérer : « l’Europe connaît la démocratie depuis très longtemps, la Turquie a entrepris d’énormes progrès depuis une dizaine d’années. Elle vit dans une stabilité politique et un développement économique. Mais, pour que cela dure, il faut que nos voisins en bénéficient aussi. Nous aimerions, dans ce sens, que les bains de sang arrêtent en Syrie ».
Ghassan Shakaa, le maire de Naplouse revient sur la situation de son pays, il fait deux propositions : « Premièrement que ce forum joue un rôle plus important dans le conflit israélo-palestinien. Que les conseils municipaux israéliens et palestiniens, qui sont les plus proches du peuple, avec le forum, se rapprochent. Et on verra s’ils peuvent trouver des solutions que ne trouvent pas les politiciens. Deuxièmement, nous avons de gros problèmes économiques, avec parfois un taux de chômage qui dépasse les 35% ce qui rend cette région particulièrement explosive car l’injustice et la famine sont les plus grands ennemis de la paix. Face à cela pourquoi ne pas organiser une conférence internationale des collectivités locales ? ».
André Viola, président du conseil général de l’Aude, préside également l’Arc latin, comme d’autres, il estime que les collectivités territoriales sont plus réactives que les États, il plaide pour l’inscription, dans la Constitution, de la reconnaissance de l’action internationale des collectivités territoriales. Il enchaîne : « Nous sommes convaincus dans l’Arc latin que la démocratie s’ancrera dans la proximité et cela vaut aussi bien pour le Sud que le Nord de la Méditerranée ».
Enrico Rossi, préside la région toscane, pour lui : « Nous sommes réunis car nous avons la conviction que c’est dans l’espace méditerranéen que va se jouer notre futur. Que la paix, l’emploi, le bien-être, doivent se construire là, sinon nous n’aurons d’avenir ni les uns ni les autres. Et donc la paix, l’emploi, le bien-être ne peuvent se construire que dans une coopération entre les collectivités territoriales et pas seulement les États ». Enfin, « en tant qu’Italien, je ne peux oublier les 17 000 personnes qui ont trouvé la mort à proximité des côtes siciliennes. Il faut changer la législation, favoriser une meilleure circulation dans la Méditerranée ».

Michel CAIRE

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